De nombreuses formations politiques comptent se relancer aux prochaines Locales et la coalition Taxawu Dakar ne doit pas faire exception.
De nombreuses formations politiques comptent se relancer aux prochaines Locales et la coalition Taxawu Dakar ne doit pas faire exception. Seulement, en plus du séjour carcéral de son leader et des départs de certains maires, vient s’ajouter une guerre de positionnement entre Barthélémy Dias et Soham El Wardini, en vue de conquérir la ville de Dakar. Une nouvelle donne qui risque d’entraver les objectifs de Khalifa Sall et Cie.
Les élections locales de janvier 2022 sont perçues comme les primaires ou le premier tour de la Présidentielle de 2024. Il s’agit, pour beaucoup de formations politiques, de se jauger, afin d’évaluer leur poids sur l’échiquier politique.
Toutefois, pour la coalition Taxawu Dakar, ces échéances peuvent être considérées comme une nouvelle chance, une perche à saisir pour, à nouveau, se refaire une santé politique.
En effet, même si tout n’est pas perdu pour cette coalition, il faut reconnaitre qu’elle n’a plus la même force de frappe qu’en 2014. Une année où la redoutable coalition avait raflé bon nombre de communes de la capitale sénégalaise. Consacrant la montée en puissance de son leader Khalifa Sall.
Mais cet élan a été brisé par le séjour carcéral de l’ancien édile de la capitale pour ‘’faux en écriture et escroquerie portant sur les deniers publics », dans l’affaire de la « caisse d’avance » de la mairie de Dakar, et la perte de son poste de maire de la ville de Dakar. Il s’y ajoute le départ de plusieurs maires élus sous la bannière de Taxawu Dakar. Il s’agit, entre autres, de Moussa Sy des Parcelles-Assainies, Banda Diop de la Patte d’Oie, Alioune Ndoye de Dakar-Plateau ou encore Pape Seck des HLM et récemment la mairie de Dalifort qui est tombée entre les mains d’un responsable de l’Alliance pour la République (APR), après le décès d’Idrissa Diallo…
Ainsi, Khalifa Sall doit se refaire une santé politique et ramener sa coalition au centre du jeu politique. Les Locales vont constituer le premier jalon pour retrouver les cimes et démontrer que la coalition Taxawu Sénégal survit, malgré tous les coups reçus.
Seulement, depuis quelque temps, une guéguerre s’est installée au sein de Taxawu Sénégal engagée dans une autre grande coalition (Yewwi Askan Wi) dans la reconquête de la capitale sénégalaise. Cette municipalité, gérée par intérim, depuis 2018, par la progressiste Soham El Wardini, est aujourd’hui convoitée par un autre responsable, en la personne de Barthélémy Dias. De ce fait, des membres de la coalition ne parlent plus le même langage.
Le maire de Dieuppeul-Derklé, se prononçant sur le dépôt des candidatures, estime que la coalition ne peut pas aller en rangs dispersés à ces échéances. ‘’C’est vrai que nous avons mis du temps à désigner notre candidat à la candidature, mais il est important de rappeler que toute entreprise de la coalition ou de ses membres devrait aller dans le sens de l’unité’’, fait savoir le mandataire de Taxawu Sénégal. Selon qui la candidature n’est point individuelle, mais celle d’un parti ou d’un mouvement signataire de la charte. Par conséquent, fait-il savoir, la candidature individuelle n’existe pas.
Au même moment, d’autres, comme le maire de Fann-Point E, Palla Samb, ont fustigé cette démarche entreprise par M. Guèye qui avait demandé l’annulation du procès-verbal de la Commission départementale des investitures, avec l’absence notable du maire sortant Soham El Wardini.
‘’Taxawu Dakar doit montrer ses capacités de résistance, de reconstitution et de rebondissement politique’’
L’un dans l’autre, les partisans de Khalifa Sall ne doivent pas négliger qu’ils sont une sous-coalition dans la grande coalition Yewwi Askan Wi qu’ils partagent avec des partis comme le Pastef, prêt à tout pour remporter la ville de Dakar et davantage rapprocher son leader du fauteuil présidentiel.
C’est ainsi, un ensemble d’éléments qui interpellent les membres de Taxawu Sénégal appelés à resserrer les rangs, s’ils souhaitent refaire surface. Le responsable de la coalition à Saint-Louis, Babacar Aba Mbaye, est, lui, d’avis que cette situation est loin de fragiliser leur entité.
Pour M. Mbaye, il fallait d’ailleurs tôt ou tard s’y attendre. En effet, rappelle-t-il, même si Khalifa Sall était toujours à la tête de la ville, il ne ferait pas plus de deux mandats. Donc, la succession devait être ouverte. ‘’C’est un affrontement entre deux personnes qui ont de l’ambition. Chacun n’avait qu’à se préparer en conséquence, en fonction des armes qu’il a. C’est un combat politique et c’est à la hauteur du poste que les gens cherchent’’, fait-il savoir.
Le responsable socialiste rappelle, toutefois, que c’est Cheikh Guèye qui est à la tête de la coordination départementale ; c’est un membre de Taxawu Dakar qui n’est pas socialiste qui peut, à ses yeux, faire position d’équilibre. ‘’Si on arrive à ce niveau d’incompréhension, je pense qu’il y a une faillite au niveau des hommes qui sont là. C’est dommage, mais c’est un combat politique’’, dit-il.
Pendant ce temps, l’enseignant-chercheur en science politique, le professeur Moussa Diaw, reste lui convaincu que cette situation qui sévit actuellement dans la coalition reflète les difficultés qu’éprouve Khalifa Sall à faire des choix entre les partisans qui s’opposent pour se positionner, afin de se retrouver à la tête de la mairie de Dakar.
Donc, la rivalité entre la maire sortante et Barthélémy Dias, sur fond d’ambitions personnelles, mais aussi de personnalités différentes par rapport à des engagements. Pour Moussa Diaw, l’ancien maire de Dakar a des difficultés à trancher à cause d’une forte pression, mais également des questions morales et de relations de proximité…
‘’Il a du mal à retrouver ses marques et à se décider sans heurter les personnalités des uns et des autres. C’est cela la difficulté. Il n’a pas, à mon avis, suffisamment de poigne pour pouvoir désigner. Il s’agit d’actions politiques, d’objectifs à atteindre et il a du mal à choisir le meilleur profil qui correspondrait aux objectifs fixés qui sont de tenter de gagner la mairie de Dakar’’, analyse notre interlocuteur.
D’après Moussa Diaw, l’ancien maire de Dakar, qui avait une assise confortable après les dernières Locales, a été fortement affaibli par ses démêlés judiciaires et les nombreux départs de ses partisans ‘’très ambitieux’’. Pour l’enseignant-chercheur, il y avait déjà une compétition pour la mairie de Dakar, durant l’emprisonnement du prédécesseur de Soham El Wardini. ‘’Il fallait donc recomposer cette coalition, la refaire, lui donner une certaine santé, et le contexte n’était pas du tout favorable. La majorité ne lui a pas donné les possibilités de cette reconstitution. C’est un enjeu important, en dehors même de ces coalitions, mais également de Taxawu Dakar qui doit montrer ses capacités de résistance, de reconstitution et de rebondissement politique. Tout dépendra de Khalifa Sall, qui en est leader, de pouvoir jouer le jeu entre ses différents partisans pour pouvoir s’armer davantage de force et de conviction, mais aussi de projet pour pouvoir départager ses partisans’’, souligne M. Diaw.