Il est impératif que le gouvernement anticipe sur les possibles conséquences de la flambée des prix de l’énergie. Est-ce que les choix des politiques publiques ne vont pas se heurter à la volatilité des prix au moment où les prévisions sont plutôt positives ?
Le pétrole a encore bondi de 1,2 % pour atteindre $ 85 le baril. C’est la première fois que le prix grimpe au-dessus de $ 85 depuis octobre 2014. Le pétrole est en hausse de 13 % ce mois-ci et est maintenant en hausse de 120 % par rapport à l’année dernière. Le pic pétrolier peut aggraver les pressions inflationnistes et augmenter le coût de la vie des citoyens du monde et surtout ceux des pays pauvres.
Durant les deux derniers mois, il faut noter que la production a diminué en raison de ruptures d’approvisionnement dû à plusieurs raisons. Maintenant, avec la réouverture et la demande qui est plus rapide que la production, les stocks ont baissé.
Durant l’ère des libéraux, le Sénégal a traversé une crise énergétique qui a ralenti la croissance économique du pays, augmenté la pauvreté et élevé le taux de chômage. En 2011, pendant que le baril coûtait $ 110, le président avait légèrement augmenté les prix pour ne pas fâcher l’électorat, créant ainsi un trou. Quand le prix du baril a grimpé à ce prix, même les pays développés avaient augmenté leur prix de manière rigoureuse, pour éviter de créer des déficits.
C’est ainsi que le carburant qui devait augmenter de 42 FCFA, le gasoil de 43 FCFA et le fuel de la SENELEC de 37 500 FCFA ont été maintenus à leur prix. On y note un problème de mobilisations de recettes pour ne pas affecter le pouvoir d’achat des Sénégalais.
L’augmentation du prix du baril, sera-t-elle conjuguée avec une hausse des prix de l’essence qui inéluctablement causera l’augmentation de tous les autres prix ? À chaque fois que les prix augmentent, les autorités accusent les prix élevés du pétrole et le transport pour l’augmentation significative des prix de matières premières. Cela augmentera les prix alimentaires mondiaux et comme nous sommes un pays importateur, il sera très difficile de contrôler les prix au niveau local. Il faut s’attendre à une inflation si des mécanismes ne sont pas mis en place pour anéantir ces chocs.
Par exemple, durant la crise énergétique pendant la crise financière, le gouvernement souhaitait maintenir les prix des produits alimentaires. Malheureusement, le riz, qui est un aliment de base consommé quotidiennement, a bondi à des niveaux record. Avec cette hausse, les commerçants se plaignaient de leur marge, ce qui avait encouragé une thésaurisation des stocks. Même si le gouvernement fixe les prix du riz et d’autres produits de base, il ne dispose malheureusement pas de tous les moyens pour pouvoir contrôler le marché et mettre fin à la spéculation sur les prix.
Le gouvernement impute toujours la hausse des prix au pétrole et au prix des produits de base. Le gouvernement peut suspendre les surtaxes sur le riz, le sucre et les importations de pétrole pour réduire les pressions fiscales sur les importateurs et encourager les commerçants à baisser les prix des matières premières.
Parallèlement, cette suspension des surtaxes peut réduire de manière significative les recettes d’importation. Avec le déficit budgétaire qui a dépassé le seuil de 3 % à cause de la crise sanitaire, il sera impensable de suspendre la TVA de 18 % sur certains articles.
Pendant ce temps, le Sénégal cherche à ramener progressivement son déficit budgétaire à 3 % du PIB vers 2023. En regardant la stratégie de recettes à moyen terme (SRMT), on s’aperçoit que l’Etat veut s’y prendre en renforçant la mobilisation des recettes par l’élargissement de l’assiette des impôts et le renforcement de l’efficience et de l’efficacité des administrations. Avec la flambée des prix de l’énergie, cette stratégie, arrivera-t-elle à avoir les effets escomptés?
Il est impératif que le gouvernement anticipe sur les possibles conséquences de la flambée des prix de l’énergie.
Mohamed Dia