Le paradoxe ITIE !

par pierre Dieme

Pendant que les populations croulent sous le poids de la misère, alors que le scandale Petrotim peine à être élucidé, le Sénégal est donné en exemple en matière de gouvernance des ressources extractives

C’est un paradoxe qui n’en finit pas de susciter interrogations et incompréhensions. Comment, dans ce pays où les populations riveraines des industries extractives ne cessent de ruminer leur colère, croulant souvent sous le poids de la misère, on peut être aussi bien noté par une norme aussi sérieuse que l’ITIE ? Qu’est-ce qui explique ce hiatus entre l’état de pauvreté endémique dans laquelle se trouvent les populations riveraines des gisements et ces notations qui adoubent sans cesse la gouvernance du secteur au Sénégal ? Autant de défis qui se dressent devant le Comité national dirigé par Awa Marie Coll Seck, s’il veut continuer à garder sa crédibilité sur le plan national comme sur le plan international. ‘’L’objectif final de la norme, comme le souligne la Présidente, c’est que, puisque les ressources naturelles appartiennent au peuple, il faut que ce peuple puisse en bénéficier. Donc, la norme est certes complexe, mais c’est important de s’y conformer pour l’intérêt de nos populations’’.

Malgré les critiques et autres réserves, il y a de réels motifs de satisfactions, si l’on en croit les responsables du Comité national. L’un des motifs, c’est que là où il fallait juste 90 points sur 100 pour faire partie des meilleurs élèves, le Sénégal est même allé plus loin, selon la Validation. Pr Awa Marie Coll Seck explique : ‘’La meilleure notation, c’est ‘exigence pleinement respectée’. Il suffit d’avoir un score de 90 points pour être conforme. En tant que Sénégalais, on peut célébrer notre résultat, parce que nous sommes allés au-delà de ce qui était requis, avec un score de 93%’’.      

L’autre motif, selon la présidente du Comité national, c’est relatif au contexte difficile dû à la pandémie. Lequel contexte a poussé beaucoup de pays à demander un report de leur passage. ‘’Nous avons tenu à y aller, parce que nous avons confiance en ce qui se fait au Sénégal comme réformes. Nous faisons partie des premiers à passer avec la Grande Bretagne et les Philippines. La Grande Bretagne a aussi eu une bonne note, même si, c’est une moins bonne que la nôtre. Ce qui n’est pas le cas pour les Philippines. On se demande même si on ne va pas suspendre sa participation ou s’en limiter à de fortes recommandations. C’est pour vous dire que les choses ne sont pas aussi simples que certains peuvent le croire. Nous devons donc tous être fiers de la manière dont les choses se sont faites pour le Sénégal’’.

La transparence, selon le Comité national, est aujourd’hui une réalité dans le pays. Ce qui lui a valu un succès dans la notation de la norme ITIE. Présentant les résultats du Sénégal, le président de la Commission validation a expliqué : ‘’Ce résultat est la moyenne de l’analyse de trois exigences : l’engagement des parties prenantes pour lequel nous avons eu un score de 90 points sur 100. La deuxième composante est la transparence pour laquelle nous avons eu 91 points sur 100. Cela veut dire deux choses principalement : notre capacité à divulguer systématiquement les informations, mais aussi leur accessibilité aux populations. Enfin, la troisième est relative aux résultats et impacts. Et sur ce plan nous avons obtenu un score de 99,5 points sur 100. Cela veut dire que les données ont été utilisées pour alimenter le débat public’’.

Au total, renchérit-il, sur 28 exigences évaluées, pour les 07, les attentes ont été dépassées. Pour les 20, les attentes ont été pleinement respectées. Et il y a une exigence qui a été partiellement respectée. Et d’ajouter : ‘’Il faut apprécier le caractère exceptionnel de cette note au regard de deux défis. D’abord tout le processus de la validation a été marqué par la pandémie. Aussi, il y a le fait que nous avons travaillé sur un nouveau guide d’évaluation’’.

Par ailleurs, en sus de la misère des populations riveraines des industries minières, l’affaire Petrotim est venue salir la note du Sénégal. En effet, à propos de la seule exigence dont les performances du pays n’ont pas été aussi bonnes, le président de la Commission validation a précisé qu’il s’agit de l’octroi des licences. Au-delà de ce bémol, un certain nombre de recommandations ont été émises à l’endroit du Sénégal. D’abord, il y a la publication des études d’impact environnemental ; la divulgation complète des propriétaires effectifs ; la publication des états financiers des entreprises d’Etat, chaque année. 

Mor AMAR  

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