Avis de tempête sur les états-majors des deux principales coalitions de partis politiques engagés dans la course pour le contrôle des 557 mairies et 46 conseils départementaux
A quelques jours du démarrage des dépôts de dossiers de candidature pour les prochaines élections municipales et départementales du 23 janvier 2022, un vent de turbulence plonge les deux principales coalitions politiques dans une situation plus qu’incertaine. En effet, de plus en plus, les responsables de ces blocs étalent sur la place publique leurs divergences sur la procédure des investitures. Des choix de candidats qui risquent de plomber de manière drastique l’élan de ces coalitions en perspective des élections locales, à défaut de les imploser.
Avis de tempête sur les états-majors des deux principales coalitions de partis politiques engagés dans la course pour le contrôle des 557 mairies et 46 Conseils départementaux que compte le Sénégal : les coalitions Benno Bokk Yaakaar et Yewwi Askan Wi. A dix jours du démarrage des dépôts de dossiers de candidature pour les prochaines élections municipales et départementales du 23 janvier 2022, prévue sur la période du 30 octobre au 04 novembre prochain, des responsables de ces deux blocs étalent de plus en plus leurs divergences sur la place publique. Cette situation est plus que préoccupante et n’augure rien de bon pour ces deux blocs qui semblent foncer tout droit vers des dissensions profondes après la publication de la liste des candidatures.
Du côté de Yewwi Askan Wi, ces divergences ont atteint un niveau tel que les investitures qui étaient prévues dans un premier temps le samedi dernier si on en croit nos confrères du quotidien «Source A» ont été renvoyés du fait de l’absence de consensus dans plusieurs localités. Dans le département de Dakar tout comme à Bounkiling, ou encore à Diourbel pour ne citer que ces localités, les responsables de Pastef-Les Patriotes, le parti politique d’Ousmane Sonko, déplorant le mode de désignation des futurs candidats de cette coalition sont allés jusqu’ à annoncer pour ce qui est de Dakar la suspension de leurs activités. Et c’est dans ce contexte que le guide des Moustarchidines, pourtant un des membres fondateurs de Yewwi Askan Wi avec sa formation politique, le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), a fait faux bond la nuit du Maouloud à la délégation conduite par Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Aïda Mbodj, Ahmet Aïdara (Guédiéwaye la bokk) et Babacar Diop (Fds).
Toutefois, il faut souligner que ces divergences autour de la liste des futurs candidats aux prochaines locales ne sont pas l’apanage de cette coalition de l’opposition. Puisque, depuis quelques temps, la coalition majoritaire au pouvoir fait également face à des déclarations unilatérales de candidatures de la part de certains de ses responsables dont plusieurs maires sortants qui ont décidé de ne pas se soumettre à la consigne dictée par leur chef, le président Macky Sall. En effet, s’adressant aux responsables de son parti, l’Alliance pour la République (Apr) lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau Centre hospitalier régional Thierno Birahim Ndao de Kaffrine, le 29 mai dernier, le Président Sall avait précisé sans détours que les investitures pour les élections locales du 23 janvier 2022 se feront dans le cadre de Benno Bokk Yaakaar, avant d’inviter tout le monde à rester à son écoute.
DÉFIANCE AUTOUR DE LA LIGNE DIRECTRICE DE BENNOO
Seulement, cette consigne ne semble pas faire l’unanimité au sein de l’Apr et des alliés dans la coalition présidentielle. La preuve, de Dakar à Ziguinchor en passant par Thiès, Louga, Saint-Louis, Diourbel, Kaolack, Kaffrine, Kolda pour ne citer que ces villes-là, le constat est le même. Partout dans ces localités, des responsables de la mouvance présidentielle prennent leur responsabilité et déclarent officiellement leur candidature. C’est le cas de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, le professeur Mary Teuw Niane qui a officialisé avant-hier, mercredi 20 octobre, sa candidature à la mairie de Saint-Louis. «J’ai décidé librement d’être candidat maire de Saint-Louis du Sénégal. J’ai l’intime conviction qu’il ne revient à aucune autorité à Dakar de choisir le maire de Saint-Louis. Il appartient aux Saint-Louisiennes et aux Saint-Louisiens, à travers leur vote, de choisir leur maire et l’équipe municipale », a-t-il précisé dans un texte rendu public. Il faut également préciser que cette décision de l’ancien recteur de l’Université Gaston Berger de Saint louis de ne pas se soumettre à la consigne du président Macky Sall intervient quelques jours après la démission de l’ancien coordinateur des cadres républicains de Tamba des rangs de l’Apr.
Décidé à aller à la conquête des voix de ses concitoyens avec son mouvement dénommé les Jeunes leaders de Docteur Diallo (Jld), Dr Salif Samba Diallo a annoncé sa démission de Bby au niveau local. Il en est de même à Diourbel ou le député-maire sortant, Malick Fall refusant toute compromission autour de sa candidature pour un deuxième mandat à la tête de l’institution municipale a pris les devants en déposant sa caution de quinze millions puis annoncer la fin de son compagnonnage avec la mouvance présidentielle.
Dans la commune de Mbao également, le maire Abdoulaye Pouye a lui aussi décidé de tourner le dos au Président Sall et sa coalition pour rallier la coalition «Yewwi Askan wi » mettant ainsi fin à six années de compagnonnage avec la mouvance présidentielle pour ne citer que ces cas puisque la liste est loin d’être exhaustive. C’est dire à quel point la question des investitures risque d’être source de distorsion de ces grandes coalitions qui entendent imposer leur pouvoir sur les collectivités locales, au soir du 23 janvier prochain.
Nando Cabral GOMIS