Wave/Orange : les bienfaits de la concurrence

par pierre Dieme

L’ancien Directeur de Orange Sénégal Alioune Ndiaye, dont les propos ont été largement relayés par la presse, a reconnu que l’arrivée de Wave sur le marché du transfert d’argent, a affecté au moins 80% du chiffre d’affaires d’Orange.
Il en appelle à une ‘’réaction rapide et efficace’’, la seule alternative face à un concurrent qui ne cesse de monter. Une rude concurrence qui, sans nul doute, fait réfléchir au-delà du cercle des initiés en affaires. Ce que nous constatons, d’emblée, c’est que la concurrence est bonne en toute chose. Et ceci, à un double niveau :

Dans un premier temps, cela soulage les consommateurs durement éprouvés par des tarifs d’Orange qui, reconnaissons-le maintenant, étaient trop élevés. L’arrivée de Wave a été ainsi une bouffée d’oxygène pour ces nombreux goorgoorlu, partisans de la débrouillardise et qui devraient bénéficier de moins de férocité commerciale envers leur opérateur-maison.

C’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup se sont retournés vers Wave ou combinent les deux même s’il y a encore des conservateurs qui restent attachés à Orange Money. Et le fait qu’Orange ait immédiatement adapté ses tarifs y est pour beaucoup. Il fallait réagir vite, à ce propos.

L’autre dimension des bienfaits de la concurrence, c’est que cela va obliger les sociétés qui y sont soumises, à revoir leurs offres en termes de qualité. Le prix n’est pas le seul aspect positif, il y a la qualité de la marchandise et de l’offre de service. Ainsi, les entreprises concernées sont obligées de s’adapter à ce double niveau ou de périr. C’est pourquoi, elles sont ainsi contraintes à revoir la qualité de leur personnel, leurs méthodes de travail, leurs offres, le marketing, etc. Et ce faisant, la société se bonifie aussi, même si c’est dans la douleur.

C’est pourquoi, le libéralisme économique est essentiellement basé sur la concurrence qui doit être protégée comme c’est le cas au Sénégal avec la loi 94-63 du 22 août 1994 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique.

Le Sénégal a même mis en place une Commission nationale de la Concurrence chargée d’arbitrer le libre jeu de la concurrence, considéré comme ‘’un pendant du libéralisme’’. En tout état de cause, il serait utile, conformément à l’esprit de cette loi et dans le respect strict de l’intérêt des consommateurs, que tous les secteurs stratégiques commerciaux fassent l’objet de concurrence.

C’est vraiment dommage que des sociétés de monopole continuent à exercer librement dans notre pays en fixant elles-mêmes les prix, en vertu de contrats d’adhésion pour lesquels les consommateurs ont peu le choix.

Il est ainsi important d’ouvrir à la concurrence des secteurs névralgiques comme l’eau, l’électricité, le sucre, etc. même si des efforts sont parfois faits à ce niveau. Les seuls arguments sur la protection des travailleurs nationaux, de la sécurité de l’Etat ne suffisent pas à laisser des sociétés imposer aux citoyens des tarifs lourds à supporter et qui font de notre pays, l’un des plus chers de la sous-région.

Ce qui est arrivé à Orange va l’obliger, comme le dit l’ancien Directeur, à réfléchir profondément sur son devenir et à s’adapter d’une façon drastique. Elle va certainement s’en sortir appuyée par les sénégalais qui savent aussi être patriotes.

Mais, il est important d’éviter les erreurs du passé et de s’inscrire dans une dynamique de prise en compte des intérêts des usagers même si Sonatel a une fondation qui s’investit beaucoup dans le social.

Ainsi l’Etat qui arbitre tous ces jeux, ces interactions, doit veiller au grain et travailler à faire diminuer, par exemple, les tarifs de l’autoroute à péage, comme promis, depuis longtemps, entre autres mesures. Car, il est incompréhensible, aux yeux de beaucoup de citoyens, que le fort écrase le faible sous l’œil malveillant de l’Etat.

Assane Samb

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