« L’intervention française a aggravé la maladie du Mali »

par pierre Dieme

Pas d’accalmie dans la crise entre la France et le Mali. Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, maintient le choix de son pays de « renforcer » la collaboration avec la Russie. « Si le médecin est mauvais », on est « bien obligé de chercher une solution alternative », a-t-il justifié, recevant Jeune Afrique dans sa résidence bamakoise.

« Les objectifs ne sont pas atteints »

« En 2013, quand la communauté internationale est intervenue au Mali, le président français, François Hollande, assurait que l’intervention française visait trois objectifs : détruire le terrorisme, restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, appliquer les résolutions des Nations unies. Huit ans plus tard, le bilan est le suivant : le terrorisme, un temps contenu à l’extrême-nord du pays, s’est métastasé sur 80% du territoire. L’autorité de l’État n’est toujours pas restaurée à Kidal et les résolutions des Nations unies changent chaque année. Les objectifs ne sont pas atteints. Prenons un exemple. Disons que le Mali est un malade. Il fait appel à un médecin, la communauté internationale, et à un médecin en chef, la France. Après diagnostic, ce dernier promet une guérison en deux ans. Or, huit ans plus tard, la maladie s’est aggravée. Si le malade a un minimum le sens des responsabilités, il doit s’interroger : le médecin est-il mauvais ? S’est-il trompé de diagnostic ? Y-a-t-il une erreur de prescription ? Il est bien obligé de chercher une solution alternative. »

Du coup, embraie-t-il, « qu’y a-t-il d’étonnant dans le fait que l’on souhaite renforcer notre collaboration avec la Russie ? » D’autant plus que souligne-t-il : « 80% des militaires maliens ont fait leur formation en Russie, une bonne partie de notre équipement militaire vient de Russie. »

« Cela dit, appuie Maïga, nous ne discutons pas qu’avez Moscou, nous espérons travailler avec plusieurs nouveaux partenaires ».

S’agissant d’éventuelles discussions avec la firme privée Wagner, il a été moins prolixe. « Je ne commente pas les articles de presse et les rumeurs. Je ne sais pas pourquoi ce sujet fait l’objet d’un tel terrorisme médiatique et diplomatique. Le jour où nous déciderons de collaborer avec qui que ce soit, nous le rendrons public. Dans ce monde, rien ne se cache », a-t-il lâché.

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