Trafic de passeports diplomatiques: l’hypothèse de Aissata Tall Sall face à la thèse documentée du scandale

par pierre Dieme

En parlant d’« hypothèse de trafic » de passeports diplomatiques, Aissata Tall Sall, la cheffe de la diplomatie sénégalaise, a semblé minimiser un scandale sans précédent dont ses services devraient pourtant tirer toutes les conséquences. Puisque de graves dysfonctionnements ont été mis en cause par l’enquête de la Division des investigations criminelles (Dic). Dans cette affaire, selon Libération il ne s’agit pas d’hypothèse mais d’une thèse documentée de trafic de passeports diplomatiques.

Interpellé sur le scandale de trafic de passeports diplomatiques, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Aïssata Tall a semblé minimisé l’affaire. Et pourtant les éléments du dossier sont pourtant formels : si El Hadji Dia die Kondé et ses complices ont pu entretenir ce réseau, depuis 2018 au moins c’est parce que le service chargé des passeports diplomatiques, et qui est logé aux Affaires étrangères, a fait preuve d’une négligence certaine.

Si encore les victimes présumées de A. Kondé, n’avaient pas porté plainte pour escroquerie, avant que la Division des investigations criminelles ne fasse une perquisition chez ce dernier, à la Cité Alioune Sow (Guédiawaye) personne ne saurait aujourd’hui que l’un des plus précieux documents sénégalais était trafiqué. Car, contrairement à une confusion savamment entretenue, dans ce dossier il y’a le trafic de visa mais aussi, et surtout, celui de passeports diplomatiques.

L’affaire est simple : Oumar Sall, né le 13/01/1999 à Salemata, passeport diplomatique numéro 15SS01445 du 04/05/2018 ; Moussa Antoine Sall, né le 26/12/2014 à Kédougou, passeport diplomatique numéro 15SS01743 du 04/07/2018; Aissatou Sall, née le 10/10/2001 à Kédougou, passeport diplomatique numéro 15SS01446 du 04/05/2018 et Sady Wagué, née le 13/04/1999 à Tianguetto, passeport diplomatique numéro 17DD05595 ont obtenu des documents de voyage sur la base de faux dossiers car présentés comme des membres de la famille des députés Boubacar Biaye et Mamadou Sall.

Les certificats de mariage (34 au total), les autorisations parentales, les 19 extraits de naissance portant les cachets des Centres d’état civil de Kédougou, Pikine et Médiina Gounass… tout était faux.

Une simple vérification, au moment de la délivrance, aurait permis de découvrir la magouille. Mais, curieusement les fonds des dossiers de demande des passeports en cause ne se trouvent pas aux Affaires étrangères du fait que ce qui est grave « l’Assemblée nationale envoie aux Affaires étrangères une liste de personnes avec des ordres d’établissement », selon le pv de synthèse de la Dic.

Pire,  comme révélait  le journal aucun des bénéficiaires des diplo’ n’est connu de la base des données de la Direction de l’autonomisation du fichier (Daf) et de la Direction de la police des étrangers et des titres de voyages (Dpety). Sur la base de quel document d’identité les diplo’ ont été confectionnés ? Aucun. En effet, pour prétendre disposer d’un passeport diplomatique il faut entre autres disposer d’une carte nationale d’identité en cours de validité.

Il est fort probable aussi que les noms figurant sur les passeports soient usurpés. La preuve par Sady Wagué. Libération révélait qu’une femme est présente sur la photo de la copie du passe port diplomatique saisie par les enquêteurs. Mais, en réalité, il s’agit d’un homme selon la fiche d’identification nationale de la Daf.

Kondé lui-même a affirmé, sur pv, s’être rendu à plusieurs reprises aux Affaires étrangères pour accompagner les « épouses et enfants » des deux députés lors de la prise d’empreinte. Mais sa présence au cœur du démembrement ministériel pour accompagner des gens avec qui il n’avait aucun lien de parenté n’a semblé surprendre personne…

Fana Cissé Pressafrik

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