Que reste t-il du Pds ?

par pierre Dieme

9 ans après la perte du pouvoir, le Pds a enregistré des départs en cascade de ses responsables et pas des moindres. Dans une léthargie indescriptible dans l’attente du fils prodigue, la formation libérale joue son avenir. 
C’est la saignée dans les rangs du Parti démocratique sénégalais (Pds). Alors qu’on n’a pas encore fini d’épiloguer sur la décision du maire de Yeumbeul Sud, Bara Gaye (ancien secrétaire général de l’Ujtl) d’aller aux élections  locales sous la bannière de la coalition Yewwi Askan Wi au détriment de celle du Pds, Wallu Sénégal, un autre cadre libéral quitte le navire jaune bleu en pleine perdition. 

Il s’agit de l’ancien coordonnateur de la fédération nationale des cadres libéraux (Fncl) et remplaçant de Madické Niang à l’Assemblée nationale depuis octobre 2018, le député Abdoul Aziz Diop qui a démissionné, hier, du groupe parlementaire Liberté et démocratie dirigé par le Pds. Une décision qui en dit long sur ses rapports avec le parti libéral dont il faisait partie de la crème de la relève tout comme Bara Gaye et tant d’autres. 
Fada, Aliou Sow, Khafor Touré, Bachir Diawara, Mamadou Lamine Keïta, Mamadou Lamine Massaly…
Fondé le 31 juillet 1974, le Parti démocratique sénégalais (Pds), tout au long de ses 47 années de cheminement dans l’échiquier politique sénégalais, a toujours su se régénérer avec, à la clé, une relève de qualité. Celle-ci était incarnée, dans le passé, par : Ousmane Ngom, Jean-Paul Dias, Idrissa Seck, Madické Niang, Pape Diop… et plus tard par Macky Sall, Souleymane Ndéné Ndiaye, Babacar Gaye, Me Amadou Sall, Oumar Sarr, Mamadou Diagne Fada, Aliou Sow… qui aujourd’hui, jouent les premiers rôles dans la scène politique nationale loin de la chapelle jaune-bleue. 
Mais force est de constater qu’aujourd’hui, 9 ans après la perte du pouvoir, l’avenir du Pds s’écrit désormais en pointillé faute d’une relève valide. Ce, suite à de nombreux départs dont on peut citer : Mamadou Lamine Keïta, Mamadou Lamine Massaly, Abdou Khafor Touré (génération du concret), Bachir Diawara, Bara Gaye, Abdoul Aziz Diop entre autres. A côté des départs, le retrait du vieux Pape du Sopi et l’exil de son héritier pressenti, Karim Wade, ne sont pas de nature à arranger les choses. 
Le Pds, un héritage empoisonné
A 95 ans, l’héritage du vieux briscard politique qui refuse de quitter la piste, risque de passer par pertes et profits. Puisque le fauteuil du parti qu’il a toujours gardé au chaud pour son fils biologique (Karim Wade) au détriment de ses nombreux fils adoptifs est aujourd’hui menacé tout comme l’avenir de cette machine politique qui tient désormais le second rôle avec l’émergence d’une force nouvelle incarnée par Ousmane Sonko et d’autres figures montantes. 
A force d’écarter, de mater et d’exclure tous ceux qui ont eu l’outrecuidance de rêver de diriger le Pds, Wade se retrouve avec des rangs dégarnis. Une situation qui va à coup sûr porter préjudice au futur secrétaire général, Karim Wade ou un autre. Encore que la capacité de mobilisation de l’ancien leader de la Génération du concret qui télécommande timidement le parti depuis sa prison dorée du Qatar, est une équation. 

Cette léthargie ambiante et cet engourdissement latent ont fini de déstructurer ce redoutable appareil politique qu’est le Pds, qui risque d’être un cadeau empoisonné pour son prochain leader. D’après l’enseignant-chercheur en Science politique à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw, si les jeunes leaders du parti tournent le dos à Wade, c’est parce que « l’attente du retour de Karim Wade laisse un avenir incertain ». 
« Dans un parti, on a besoin de renouveler la pensée, de repenser la politique par rapport aux rapports de force et de se positionner. Mais tel n’a pas été le cas parce qu’il y a une léthargie dans le parti. La politique n’est pas figée, elle évolue très vite. Donc il faut saisir le moment et se positionner et mener des actions sur le terrain.», analyse-t-il. 
La succession de Wade, un impératif 
D’après le politologue, même si le Pds refuse de poser le débat de la succession de Wade par pur fétichisme, ce renouvellement à la tête du parti s’impose à lui et de manière impérieuse. Du moins s’il souhaite arrêter l’hémorragie. « Actuellement le secrétaire général national est âgé et il n’a plus de relais puissants qui puissent jouer ce rôle-là. Il est dans l’attente et en politique les choses évoluent, c’est la raison pour laquelle les responsables et les jeunes leaders quittent à la recherche d’imagination nouvelle et pour jouer un rôle important dans le pays », souligne Diao. 
L’état végétatif chronique dans lequel baigne le Pds, est causé essentiellement par ce refus totalement « absurde » de remplacer le vieux secrétaire général national. « Le Pds est en train de végéter parce qu’il y a un problème de succession à Wade pour pouvoir tenir cette locomotive et tirer profit de cet appareil qui a une représentation au niveau national et qui est structuré », lance-t-il. 

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