L’opposition charge, la majorité tempère

par pierre Dieme

Des acteurs politiques livrent leur bilan de la révision exceptionnelle des listes électorales qui a permis d’enrôler quelques 400 000 nouveaux inscrits

Alors que la période du contentieux ouverte le 1er octobre dernier, à la suite de la publication des listes électorales issues des dernières révisions exceptionnelles qui se sont déroulées du 31 juillet au 8 septembre 2021 dernier, prenait fin, des acteurs politiques livrent leur bilan de ce processus qui a permis d’enrôler quelques 400 000 nouveaux inscrits.

Interpellés par Sud quotidien, Cheikh Sarr, Coordonnateur adjoint du pôle de la majorité Benno Bokk Yakaar, tout en faisant remarquer que son camp s’attendait à un nombre bien plus supérieur de nouveaux inscrits lors de cette révision, s’est toutefois félicité du bon déroulement du processus de révision des listes. Pour leur part, Abdou Salam Basse, chargé des élections de Bokk gis gis (coalition Wallu Sénégal) et Dethie Faye, coordonnateur du pôle des non-alignés qui a rejoint récemment la coalition Yewi askan wi avec son parti Convergence pour la Démocratie et la République (Cdr/Fonk sa kaddu) en perspective des prochaines locales n’ont pas manqué de dénoncer le rejet systématiquement des demandes de changement de lieux de vote formulées par des Sénégalais vivant à l’étranger.

CHEIKH SARR, COORDONNATEUR ADJOINT DU POLE DE LA MAJORITE :  «La majorité pensait que le nombre serait supérieur aux 400 000 nouveaux inscrits, le débat sur le certificat de résidence ne tient pas»

« La procédure des dernières révisions exceptionnelles des listes électorales est déterminée par la Loi notamment le code électoral et le décret signé par le président de la République qui a fixé les conditions des inscriptions qui se sont faites sur la base de la carte nationale d’identité biométrie Cedeao. Donc, à ce niveau, nous pensons que les choses se sont déroulées comme prévues par la loi. Maintenant, pour ce qui concerne le débat sur la problématique des certificats de résidence, je rappelle seulement qu’au niveau de la commission du dialogue politique, l’opposition avait évoqué le problème de la fiabilité de l’état civil pour demander à ce que les certificats de résidence soient écartés de la procédure. Mais, lorsqu’on a démarré la révision, cette même opposition est revenue sur sa position pour demander que l’inscription se fasse sur la base de l’extrait de naissance et du certificat de résidence. Ce qui relève d’une incohérence notoire puisqu’on ne peut pas rejeter une chose hier et le réclamer aujourd’hui. Ce débat sur le certificat de résidence ne tient donc pas la route. Car, sachant que notre coalition contrôlait un plus grand nombre de collectivités territoriales, nous avions proposé à l’époque que l’inscription se fasse sur la base de la présentation strictement de la carte d’identité biométrique pour éviter justement des suspicions sur la délivrance de ces certificats de résidence par les maires de notre coalition. L’opposition n’a qu’à s’en prendre à elle-même. Pour ce qui est du nombre d’inscrits enregistrés, je rappelle seulement qu’au Sénégal, le vote n’est pas obligatoire. Il y a beaucoup de gens qui sont en âge de voter mais qui préfèrent seulement avoir une carte d’identité nationale. Partant de ce fait, je pense que plus de 400 000 nouveaux inscrits, c’est raisonnable même si je dois avouer qu’au niveau de la majorité, on pensait que le nombre serait supérieur. Mais, il faut savoir, comme je l’ai rappelé, que beaucoup de Sénégalais préfèrent avoir seulement leur carte d’identité et ne pas se faire inscrire sur les listes électorales. Ce qui est de leur droit».

ABDOU SALAM BASSE, CHARGE DES ELECTIONS DE BOKK GIS GIS (COALITION WALLU SENEGAAL) : « Nous avons constaté un rejet important et injustifié des demandes de changement de lieu de vote formulées par… la diaspora »

«Notre coalition est actuellement en train de compiler les procès-verbaux reçus de nos différents représentants sur l’étendue du territoire national concernant les opérations de cette révision exceptionnelle des listes. A l’heure où je vous parle, il nous reste encore quelques documents à recevoir mais ce que nous pouvons dire globalement après étude des premiers procès-verbaux, c’est que nous avons constaté un rejet important et injustifié des demandes de changement de lieu de vote formulées par nos frères et sœurs de la diaspora par l’administration. Je rappelle que le changement de lieu de vote est une procédure prévue par le code électoral. Nous ne comprenons donc pas sur quoi l’administration s’est basée pour rejeter ces demandes. J’ai moi-même saisi un président de commission quand on m’a informé de cette situation mais il m’a dit que c’est le préfet qui leur a donné des instructions pour que tous les Sénégalais de la diaspora qui veulent changer de lieu de vote formulent une nouvelle demande d’inscription. Or, s’ils doivent passer par cette voie, leur dossier ne sera jamais validé par l’ordinateur au niveau de la Direction de l’automatisation du fichier (Daf) puisque leur nom existe déjà dans le fichier. Nous avons introduit des réclamations auprès de l’administration pour demander la résolution de ce problème causé par des agents de l’administration au niveau des commissions. Je puis vous assurer que tous nos recours portent sur cette question. Car, le préfet n’est pas là pour définir de nouvelles règles concernant les inscriptions sur les listes électorales mais plutôt pour appliquer ce qui est prévu par la loi électorale qui a bien prévu une procédure de changement de lieu de vote ».

DETHIE FAYE, COORDONNATEUR DES NONALIGNES, MEMBRE DE YEWWI ASKAN WI : « L’exigence de la carte d’identité biométrique et les certificats de résidence (…) ont eu un impact négatif sur le nombre de citoyens enrôlés »

«Pour apprécier la dernière révision exceptionnelle des listes électorales, il faut peut-être commencer par rappeler les différents couacs rencontrés notamment, liés à la question de l’obtention des certificats de résidence qui n’a pas été, il faut le dire, résolue correctement. Ensuite, il y’a la durée de la révision et les conditions fixées par le code électoral exigeant la carte d’identité biométrique pour se faire enrôler. Ces conditions ont eu un impact négatif sur le nombre de citoyens enrôlés. Ça, c’est un constat. Le troisième constat que nous avons fait, c’est que quand nous regardons la publication provisoire des listes, nous avons constaté qu’il y a eu beaucoup de rejets qui ne se justifient pas et j’espère que l’administration les corrigera. Tous les Sénégalais de l’extérieur qui sont rentrés au pays, et qui se sont fait enrôler, ont vu leurs demandes de changement de lieu de vote rejetées. Le motif, c’était qu’ils figurent déjà dans les listes électorales. Peut-être que l’administration a manqué de vigilance à un moment, parce que dans le guide remis aux présidents de commission, il est dit qu’un Sénégalais de l’extérieur qui veut se faire inscrire sur la liste nationale, doit être considéré comme un primo-votant. Mais malheureusement, au niveau de l’exploitation, ils ont commis l’erreur de penser que ces gens-là ne doivent pas être inscrits comme des primo-votants mais comme des gens qui demandent un changement d’adresse électorale. Ce qui fait que le président de la commission qui a respecté les instructions du guide, voit son travail remis en cause par une interprétation de l’administration. Mais, nous avons attiré l’attention de l’administration sur ces manquements et nous pensons qu’elle (l’administration) ne manquera pas de les corriger. Parce que les recours qui ont été prévus au niveau du tribunal d’instance ne concernent pas ces cas de figure. Si l’administration ne reconnait son erreur, elle va porter préjudice à des centaines voire des milliers de citoyens qui ne pourront pas voter ».

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