L’effondrement d’un immeuble à Hann Bel-Air a fait six morts dont deux enfants de 2 et 5 ans. Une tragédie qui montre que la plupart des constructions ne respectent pas forcément les normes requises.
La tristesse était palpable à Rocade Hann-Bel Air. L’effondrement d’un immeuble samedi a provoqué la mort de six personnes dont deux enfants de 2 et 5 ans et plusieurs blessés. Il s’agit de deux bâtiments contigus. Autant de vies ensevelies. Autant de destins enterrés sous les gravats. Après plusieurs heures d’intervention, de travail acharné, le patron des pompiers s’avance pour faire un bilan avec une voie étreinte d’émotion. «Nous venons de terminer les opérations et le bilan est lourd, ce sont six corps sans vie et six personnes évacuées vers les structures sanitaires de la place», a déclaré le Lieutenant-colonel, Papa Ange Michel Diatta, commandant du Groupement des sapeurs-pompiers de la région de Dakar, qui a fait le bilan de ce drame au terme des opérations de secours qui ont duré près de 12 heures de temps. Il ajoute : «C’est un bâtiment R+2 qui s’est effondré d’un seul coup, et tous les débris étaient entassés. Il fallait y aller doucement à main nue. Et ensuite, il a fallu user de moyens un peu lourds pour faire soulever les grosses dalles qui étaient sur le site.»
Ce fut un travail de sauvetage de longue haleine. En raison de l’ampleur de l’accident, du renfort a été demandé par les secouristes, notamment des médecins. Des ambulances, classiques et médicalisées, ainsi que des médecins urgentistes du Samu, sont également venus renforcer les secouristes un peu plus tard. «C’était assez lourd comme situation, et nous avons eu à demander un renfort d’engins d’élévation. Il faut relever que nous avons fait face à des difficultés. C’était compliqué. Il faisait nuit et il a fallu que l’on fasse venir des unités d’éclairage pour accéder sur les lieux de l’effondrement. Et même après l’arrivée des engins, il nous était difficile d’y approcher», précise colonel Papa Ange Michel Diatta.
Les mesures du gouvernement
Cet effondrement rappelle les vulnérabilités de nos bâtiments et la violation des normes de construction. Le commandant des sapeurs-pompiers de Dakar en a profité pour inviter les Sénégalais à se référer aux services compétents pour la construction de n’importe quel bâtiment à usage d’habitation.
Plus tard dans la soirée du samedi, le ministère de l’Intérieur et de la sécurité publique a annoncé la démolition du bâtiment. Selon Antoine Diome, l’intervention combinée des services de l’Etat, notamment du ministère de la Santé et de l’action sociale, du ministère en charge de la Famille et du ministère en charge de l’Urbanisme à travers respectivement, la Direction générale de l’action sociale, la direction de la Famille et l’Inspection générale des bâtiments, sous la coordination des autorités administratives de la Région de Dakar, a permis «de procéder à la démolition totale du Bâtiment R+2 ; d’évacuer le bâtiment mitoyen de ses occupants et d’assurer à ces derniers, dont la plupart sont des locataires, une aide au relogement». «Les blessés sont entièrement pris en charge dans les structures hospitalières de Dakar et leur état de santé est stable et les membres des familles sinistrées ont été relogées» au centre Guindi de Dakar et l’Etat a apporté son «assistance aux familles hébergées par leurs parents».
Cet effondrement n’est pas un acte isolé. Le dernier rapport de la Protection civile révélait que la Brigade nationale des sapeurs-pompiers a réalisé 36 mille 386 sorties, essentiellement pour cause d’accidents de la route, d’incendies, de noyades, d’effondrements de bâtiments et d’accidents dus à la foudre. Dans l’échelle des drames, il y a évidemment les accidents de circulation, mais les chutes de bâtiments ont entraîné la perte de 36 vies humaines en 2018. Des chiffres qui font froid dans le dos alors que des bâtiments menaçant ruine pullulent dans la capitale. Comme si de rien n’était….
Stagiaire