L’ancien président de l’Assemblée nationale, Pape Diop, qui a déclaré que le trafic de passeports diplomatiques est une pratique ancienne au sein de l’Hémicycle, doit être entendu par le procureur. C’est l’ex-président de la Commission des lois, Me Abdoulaye Babou, qui juge ces propos «extrêmement graves», qui le dit.
Pape Diop, ancien président de l’Assemblée nationale, doit être entendu dans l’affaire du supposé trafic de passeports diplomatiques qui impliquerait des députés. C’est l’avis de l’ex-président de la Commission des lois à l’Assemblée, Me Abdoulaye Babou. «Si Monsieur Pape Diop fait un tel commentaire, ça prouve qu’il a été témoin et ça concerne son groupe, c’est extrêmement grave. Parce que c’est le Peuple sénégalais qui avait fait de nous des députés. Donc, nous devrions avoir vis-à-vis de ce Peuple sénégalais de la grande considération mais aussi un respect de la souveraineté», a-t-il soutenu, hier au téléphone.
L’ancien parlementaire a été interpellé sur la sortie de Pape Diop, qui a déclaré dans les médias, qu’il y a nécessité de faire une enquête sérieuse remontant jusqu’aux années 2000.
Car dit-il, «certains députés se mariaient et six mois plus tard, ils reviennent présenter un certificat de divorce. Par la suite, ils se remarient pour faire bénéficier leurs conjointes du sésame». En réponse, Me Babou trouve cette «déclaration de monsieur Pape Diop surprenante. Ça veut dire que lui-même, il n’a pas été loyal vis-à-vis du Peuple sénégalais qui avait fait de lui un député et de surcroit un président de l’Assemblée nationale. Donc ça c’est extrêmement grave». Pour lui, «cette déclaration venant d’une personnalité, c’est grave, il ne faudrait pas négliger ça. Nous sommes dans un Etat de droit».
Ainsi, il est d’avis qu’il y ait une ouverture d’information sur la base de cette déclaration. Mais aussi que le procureur de la République s’auto-saisisse. Il estime que par la suite, il suffit de remonter et de voir des traces, les archives sont là. Tout peut être reconstitué, ajoute-t-il. Dans un premier temps, c’est Pape Diop qui doit être entendu par le procureur, selon l’ancien parlementaire. Cependant, l’avocat pense qu’en tant que maître des poursuites, si le procureur estime qu’une déclaration peut constituer un délit ou un crime, il peut ouvrir une enquête, demander à un juge d’instruction d’entendre Pape Diop sur la question et d’en tirer les conséquences de droit.
«C’est bien possible, je crois qu’il n’y a pas prescription depuis lors mais c’est une déclaration qui touche même le fondement de l’Etat et de la Nation», explique le juriste. Il poursuit : «Il y a des procédures pour les dégrader (les députés concernés. Ndlr), même a posteriori, parce que c’est une infamie. Si l’affaire est avérée, ça ne doit pas rester impuni.»
Par ailleurs, Me Abdoulaye Babou a tenu à se laver à grande eau. Il dit à qui veut l’entendre qu’au sein du groupe «Espoir» qui avait été formé par l’Alliance des forces de progrès, ils n’ont jamais connu ces supposées pratiques relevées par Pape Diop. Lui-même quand il a été député pour la deuxième fois, il n’a jamais connu cela, se défend-il. Néanmoins, il persiste en disant que c’est «une déclaration qui mérite d’être approfondie. Le Peuple sénégalais a intérêt à savoir si ses représentants sont des faussaires ou pas».
Par Mamadou SAKINE