La vaccination constitue un rempart solide contre le Covid-19 mais elle doit être accompagnée par une bonne communication afin de garantir sa réussite. Malgré les 1 229 531 personnes vaccinées, le taux de couverture vaccinal est à 2%, loin de l’objectif fixé par l’Oms qui est de 80%. En plus de cela, la tendance baissière notée ces derniers temps dans les centres de traitement pousse une certaine population à ne pas aller se faire vacciner, entraînant du coup une perte de 2% sur les vaccins qui connaissent une tension sur le marché mondial.
Après l’apparition du premier cas de Covid-19 le 2 mars 2020, l’Etat du Sénégal a déclaré la guerre à cette maladie qui a déjà fait près de 2000 morts. Pour éviter ces drames, une campagne de vaccination a été lancée le 23 février 2021 avec la définition de trois cibles prioritaires. Mais depuis, la campagne suscite un débat autour des vaccins disponibles entraînant ainsi une faible adhésion des populations au vaccin. Cela à cause des rumeurs et de fausses informations qui sont véhiculées dans les communautés. Certaines populations ont encore du mal à se décider pour aller se faire vacciner, malgré toute la stratégie développée pour sensibiliser les populations à aller fréquenter les centres de vaccination ouverts. Cela est fortement dû à beaucoup de contraintes et d’idées reçues sur les vaccins, pour la plupart non fondées.
Pour inverser la tendance, l’Association des journalistes en Santé population et développement (Ajspd), en collaboration avec son partenaire, Usaid Breakthrough action Senegal), compte jouer sa partition. Elle a clôturé ce mercredi à Thiès, un atelier de deux jours portant sur la formation des journalistes sur la stratégie de vaccination et l’hésitation à la vaccination.
Selon Alassane Cissé, le président de cette association, les journalistes spécialisés en santé doivent connaître toute la stratégie vaccinale du pays, notamment les types de vaccin, les idées reçues qui empêchent certaines populations de se décider à aller se faire vacciner.
D’ailleurs pour mieux gérer les rumeurs qui entourent ce vaccin, Dr Djim Guissé du Sneips (Service national d’éducation et d’information à la santé) a rappelé que la communication du ministère de la Santé est bonne, en dépit du fait qu’elle a évolué en dents de scie. «Avant l’arrivée des vaccins, il y avait des rumeurs qui circulaient, nous avons eu du Crf et de l’Ird qui nous avaient montré que pratiquement 46% des Sénégalais étaient réticents aux vaccins. Et parmi ce lot, 19% avaient peur des effets secondaires et 18% avaient peur de la rapidité à laquelle les vaccins ont été fabriqués. Nous avons pris tout ça en élaborant notre stratégie de communication. Malheureusement, ce plan de communication, au tout début, n’était pas accompagné, parce qu’il n’y avait pas assez de ressources pour dérouler toutes les activités qui étaient inscrites dans ce plan de communication», a déclaré Dr Guissé.
Toutefois, il a regretté que les populations ne fréquentent plus normalement les centres de vaccination ces derniers jours. «Au début, il y avait une cible prioritaire, notamment les personnes âgées, les personnes avec comorbidités et véritablement le personnel de santé. Le problème ne se posait pas beaucoup, mais au fil du temps on a remarqué que les gens n’adhèrent plus à la vaccination. Malheureusement, quand il y a eu rush avec la troisième vague avec son lot de décès, il y a eu une psychose et une ruée vers les centres de vaccination. Donc, on n’avait plus besoin de faire une campagne de vaccination. Malheureusement cela est retombé ces temps-ci avec la baisse du nombre de cas confirmés de Covid-19. Les populations ne fréquentent plus les centres de vaccination. Donc, il faut relancer», a invité Dr Djim Guissé.
Cette hésitation des populations à aller se faire vacciner est à l’origine de pertes estimées à 2%. «Pour le Sinopharm au début, un seul flacon contenait une seule dose de vaccin. Donc, le problème ne se posait pas. Mais après, nous avons reçu des flacons de deux doses. Pour Astrazeneca, c’est la même chose et c’est encore plus important parce qu’il y avait des flacons de 5 doses, ensuite de 8 doses, de 10 doses et enfin de 11 doses pour prévoir les pertes. Pour Johnson and Johnson, il y a des flacons de 5 doses. Et plus, il y a des doses dans un flacon de vaccin ; plus il y a des risques d’avoir un taux de pertes. Parce que dès que vous ouvrez le flacon par exemple pour Astrazeneca, il faut vacciner au moins 10 personnes. S‘il arrive que vous ouvrez le vaccin jusqu’à la fin de la journée et qu’il n’y a que 3 personnes qui ont été vaccinées, vous risquez de perdre beaucoup de doses de vaccin. Ce qui n’est pas normal, parce que vous savez tous qu’il y a une tension des vaccins au niveau mondial et au niveau africain», fait remarquer Dr Guissé. «On n’a vacciné que pratiquement un peu plus de 2% de la population, ce qui est très loin de l’objectif fixé qui est de 80%», constate le médecin.
Malgré tout, il invite à faire la différence entre les pertes réelles sur le terrain et les pertes prévues. «Ce qui est prévu pour Sinopharm, c’est 1% ; pour Johnson and Johnson, c’est 2% et pour Astra, c’est 5%. Au niveau national, les pertes sont estimées à 2% par rapport à tous les vaccins que le Sénégal a reçus c’est pourquoi, il y a une différence entre les vaccins utilisés et les vaccins réellement administrés aux populations sénégalaises.»
Par Alioune Badara CISS