Déthié Faye milite pour le changement de mode d’élection des parlementaires en priorisant le scrutin uninominal, El Malick Ndiaye opte plutôt pour un règlement intérieur corsé et pour Valdiodio Ndiaye, il faut plutôt penser à corser les sanctions
La lancinante question du choix des députés qui représentent le peuple à l’hémicycle se pose avec acuité au regard des scandales et autres affaires de faux qui ternissent l’image du Sénégal. Entre nécessité de procéder à une enquête de moralité et/ou de changer le mode de scrutin, hommes politiques et membres de société civile déclinent leur option. Si Déthié Faye, leader du parti politique ‘’Fonk Sa Kaddu’’ milite pour le changement de mode d’élection des parlementaires en priorisant le scrutin uninominal, le Secrétaire national à la communication de Pastef, El Malick Ndiaye opte plutôt pour un règlement intérieur corsé. Quant à Valdiodio Ndiaye membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections du Sénégal (Cosce), il faut plutôt penser à corser les sanctions à l’encontre des fautifs.
EL MALICK NDIAYE, SECRETAIRE NATIONAL À LA COMMUNCATION DE PASTEF : «Le plus important, c’est le règlement Intérieur»
«J’ai eu à le défendre dans une des émissions à laquelle j’ai participé, la semaine dernière. Tout ceci découle en réalité du mode d’élection des députés et que désormais on doit revoir cela de sorte que les députés seront choisis par les populations de sorte, qu’ils ne puissent pas se sentir comme des députés du Président de la République, etc. Il peut toujours y avoir une liste proportionnelle. Le mode d’élection fera de sorte que la majorité des députés viendront directement des départements ou des différentes zones, c’està-dire choisi par les électeurs et non par un président. Ce qui fait qu’ils vont se sentir redevable, en quelque sorte, à ce président là et non aux populations. L’autre chose, c’est qu’il faut revoir la confection des listes. Je préfère avoir une Assemblée avec 100 députés de qualité qu’une Assemblée avec 165 députés, dont des députés qui n’y sont que pour du spectacle, qui ne connaissent même le rôle d’un député. Il faudra revoir les critères de choix, qu’il ait un strict minimum». «Il ne faut pas parler forcément d’enquêtes de moralité parce que si par exemple un département donné constate qu’il y a un monsieur qui pourrait le représenter et qui remplisse les critères, on considère qu’il a un vécu, c’est son département qui va l’envoyer siéger à l’assemblée. Maintenant, le plus important c’est le règlement Intérieur. Il faut revoir tout ça de sorte que quelle que soit la nature des députés, une fois là-bas, ils se confirmeront aux règlements de l’intérieur. Là, on pourra parler d’une Assemblée de qualité».
DETHIÉ FAYE LEADER DU PARTI «FONK SA KADDU» : «Nous avons toujours prôné que la priorité soit réservée au scrutin uninominal»
Les affaires peu orthodoxes qui éclaboussent l’hémicycle ces derniers temps, notamment le trafic de passeports diplomatiques tout comme celui des faux billets impliquant des parlementaires, remettent au goût du jour la lancinante question du choix des représentants du peuple. Sur ce point, Valdiodio Ndiaye membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections du Sénégal (Cosce) pense plutôt qu’il faudrait corser les sanctions à l’encontre des fautifs.
«Nous avons toujours prôné pour que, concernant le mode d’élection des députés à l’Assemblée, la priorité soit réservée au scrutin uninominal. Ce qui permettrait, sans enquêtes de moralité aux populations, connaissant bien les candidats dans une circonscription électorale, de pouvoir désigner leurs représentants. Mais quand il s’agit d’un scrutin de liste, comme c’est le cas actuellement, il est clair que si vous votez pour une seule personne, cela impacte plus de 150. Votre vote peut faire élire 150 personnes que vous ne connaissez pas. C’est ce qui fait que le mode de scrutin aujourd’hui ne permet pas d’avoir une Assemblée qui représente véritablement le peuple sénégalais».
«QUE LA JUSTICE FASSE SON TRAVAIL»
«Mais avant d’en arriver là, il faudrait que la justice fasse son travail. Parce que les scandales qui sont soulevés tant au niveau de l’Assemblée nationale qu’ailleurs, si la justice était prompte à sévir et à condamner les éventuelles coupables, il est clair que ça amènerait tous les citoyens à comprendre qu’il y a des pratiques qui ne peuvent pas passer sans faire l’objet de sanctions».
VALDIODIO NDIAYE SUR LA RÉCURRENCE DES SCANDALES A L’ASSEMBLÉE NATIONALE : «Prendre des mesures encore plus radicales»
Les affaires peu orthodoxes qui éclaboussent l’hémicycle ces derniers temps, notamment le trafic de passeports diplomatiques tout comme celui des faux billets de banque impliquant des députés, remettent au goût du jour la lancinante question du choix des représentants du peuple. Sur ce point, Valdiodio Ndiaye membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections du Sénégal (Cosce) pense plutôt qu’il faudrait corser les sanctions à l’encontre des fautifs.
Devrait-on réformer le mode de désignation des candidats à la députation, en allant vers des enquêtes de moralité des candidats à la députation, au vu des nombreux scandales qui ont éclaboussé l’hémicycle, avec notamment cette affaire de trafic de passeports diplomatiques, ou encore celle de trafic de faux billets de banque ? La question mérite tout son pesant d’or au regard de l’image négative à laquelle renvoie cette institution où sont votés les lois du pays, ou encore là où doit se faire le contrôle de l’action publique. Membre de la société civile, plus précisément du Collectif des organisations de la société civile pour les élections du Sénégal (Cosce), Valdiodio Ndiaye estime plutôt que le pays n’a pas de problème de texte concernant le choix des représentants du peuple. Mieux, il soutient que les «textes en soi sont bons». Pour autant, M. Ndiaye trouve qu’il y a un levier sur lequel il faudrait agir pour corser les choses. En effet, convaincu que cela découle de l’impunité des auteurs de ces actes qui ternissent l’image de la représentation parlementaire et surtout du pays au niveau international, il milite pour le renforcement des dispositions de sanctions. «C’est à dire prendre des mesures encore plus radicales», notamment de démettre de l’Assemblée tout parlementaire impliqué dans des affaires peu orthodoxes. Pour cause, il rappelle que le Sénégal était une référence à travers le monde. «Mais, ces affaires de faux visas et de faux billets ternissent l’image du pays et c’est dommage !», déplore-t-il. Cela, non sans indexer le choix des parlementaires par le chef de l’État, qui cherche des responsables politiques qui disposent d’une base politique, sans se demander comment ces derniers ont pu acquérir cet électorat. Encore que, à son avis, certains font de la politique un «business» dans lequel ils investissent pour attendre des retours sur investissement. Pour ce faire, Valdiodio Ndiaye du Cosce pense qu’il faudrait laisser le choix à la base pour que toutes les personnes qui n’ont aucune formation politique, aucune conviction politique ou encore aucun engagement pour servir le peuple, ne soient pas investies
Jean Michel DIATTA et OUSMANE SY