Hier, vendredi 17 septembre, lors l’atelier de validation technique de la revue annuelle conjointe de la politique économique et sociale, le ministre de l’Economie, du plan et de la coopération (Mepc), Amadou Hott s’est confessé par rapport à sa mise au point sur les statistiques récentes de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) sur la pauvreté au Sénégal.
«Le sujet sur la pauvreté a fait couler beaucoup d’encre ces jours-ci », souligne d’emblée le ministre. A ce propos, dira-il : «Je voudrai simplement préciser que les statistiques de l’Ansd sont claires, c’est du béton». Dans son mea-culpa, il dit ceci : «Il faudrait simplement regarder des deux côtés, (du côté positif comme du côté négatif) pour une bonne lecture des choses».
Se voulant convainquant, il avance «Personne ne disconvient du côté du gouvernement que le nombre de pauvres a augmenté entre 2011 et 2018, soit de 200 000 personnes, qui ont un revenu dont le seuil du montant dépasse en moyenne 330 000 FCFA par personne et par an». Toutefois, souligne le ministre, « relativement à la croissance de la population le taux de la pauvreté a baissé». Donc, ajoute-t-il : « Il est vrai que le nombre de pauvres a augmenté ces sept (07) dernières années, mais en même celui-ci a baissé de 5 points. C’est simplement, ce que j’ai voulu dire à travers notre communiqué», explique-t-il.
AMADOU HOTT SUR LA PAUVRETE : «Nous devons faire beaucoup plus et mieux pour réduire sensiblement la pauvreté»
Le ministre de l’Economie du plan et de la coopération, Amadou Hott a reconnu hier, vendredi lors de l’atelier de validation de la revue annuelle conjointe 2021 de la politique économique et sociale qu’« il faut faire beaucoup et mieux pour éradiquer la pauvreté au Sénégal». Il précise : «Il ne s’agit nullement de dépenser plus, mais mieux, même si, par ailleurs, nous ne nions pas l’existence de la pauvreté, elle est bien là et elle augmente comme dans tous les pays du monde», a-t-il dit. Au sujet des bourses familiales dont bénéficient 3 millions de personnes pour un montant de 30 milliards de francs CFA par année, il admet que ceci est loin de suffire même si le Sénégal ne souhaite pas voir le nombre de bénéficiaires de ces bourses augmenter. Pour réduire drastiquement le taux de pauvreté, «il faut plus d’emplois et que chaque sénégalais aspire à cette dignité, à savoir se lever tous les matins, aller travailler et gagner sa vie avec un salaire décent». Il promet que le gouvernement fera beaucoup plus d’efforts, dans le budget 2022 pour satisfaire les besoins des citoyens. Des efforts qui devraient également se traduire dans la manière «d’exécuter les projets et programmes pour ne pas perdre du temps», préconise-t-il. Abordant la problématique des lenteurs ou retards décaissements des montants alloués au Sénégal par certains bailleurs, M. Hott fait remarquer que ceci impacte négativement sur les projets et in fine sur les conditions de vie des populations. Ce qui lui fera dire qu’«un effort colossal doit être fait par le gouvernement, mais également par les bailleurs». Pour lui : «Il ne suffit pas seulement de signer une convention de financement, mais c’est dans l’exécution qu’il faut travailler. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de projets pour lesquels les bailleurs ne décaissent pas vite, contrairement à d’autres», a-t-il réorienté. Ceci l’amena à suggérer aux parties prenantes de travailler à améliorer le taux de décaissement des financements pour que les populations puissent davantage ressentir l’impact des projets de développement en cours de mise en œuvre.
RENFORCEMENT DE LA COMPETITIVITE DES PRODUITS LOCAUX, CONCURRENCE DELOYALE D’IMPORTANTION DE PRODUITS, POLITIQUE DE VALORISATION DU CONSOMME LOCAL, FONCIER, ENVIRONNEMENT, FISCALITE : Le secteur privé se rebiffe
Portant le plaidoyer du secteur privé, hier, vendredi 17 septembre, lors de l’atelier de validation de la revue annuelle conjointe 2021 de la politique économique et sociale, Amadou Seck a tenu à faire savoir au ministre de l’Economie, du plan et de la coopération (Mepc), Amadou Hott que les préoccupations du secteur privé sont mal prises en compte. «Aujourd’hui, le secteur privé se pose d’énormes questions de savoir : la compétitivité de nos produits dans une économie régionale et mondiale; la protection et le développement du tissu industriel face à la concurrence déloyale d’importation, de dumping et de contrefaçon des produits ; la politique de valorisation et de promotion du consommé made in Sénégal à mettre en œuvre ; la problématique foncière ; le plaidoyer interministériel sur la fiscalité la douane, la législation du travail, les normes environnementales sur l’activité économique ; la floraison de nouvelles taxes relativement au secteur industriel ; l’équité fiscale… » Ce sont autant de questions que le ministre a dit avoir prêté avec oreille attentive et qui seront diligentées dans le traitement pour qu’ensemble, le Sénégal puisse se relancer rapidement. «J’ai bien noté les points soulevés par le secteur privé. Ces points-là, seront consignés dans le rapport de synthèse de la revue annuelle conjointe 2021 pour une meilleure prise en compte», a dit le ministre Hott.
AMADOU HOTT SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE : La croissance projetée à 5% à fin décembre 2021
La covid-19 a durement impacté l’économie nationale. Et les résultats enregistrés au niveau économique se sont traduits par une baisse du rythme de croissance du Produit intérieur brut.
Le ministre de l’Economie, du plan et de la coopération dans son discours de clôture de l’atelier de validation technique de la revue annuelle conjointe de la politique économique et sociale, tenu, hier vendredi 17 septembre, Amadou Hott a fait savoir que « le Produit intérieur brut (Pib) réel s’est établi à 1,5% en 2020 contre 4,4% en 2019». Non sans se réjouir du ralentissement de l’activité économique qui pour lui, «doit plutôt être perçu comme une performance dans un contexte de récession de l’économie mondiale ». Il explique que ce résultat est le fruit de l’efficacité de la riposte du Sénégal face à cette pandémie, avec le Programme de Résilience économique et sociale (Pres), doté du «Fonds Force Covid-19» de 1000 milliards FCFA. «Cet effort exceptionnel a nécessité un creusement du déficit public qui s’est retrouvé à 6,4% du Pib en 2020, du fait de l’ensemble des nouvelles mesures prises dans le cadre du (Pres) pour soutenir la santé, les populations, les entreprises et la diaspora», a-t-il dit. Pour relancer l’économie, le gouvernement a engagé un exercice d’ajustement de son PAP 2019- 2023. «Notre ambition à travers ce Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap2a), adopté au mois de septembre 2020 par le chef de l’Etat est de remettre notre pays sur la trajectoire de croissance forte d’avant covid-19». En effet, malgré la persistance de la pandémie de covid-19, «notre économie a affiché une certaine résilience au premier semestre de l’année 2021, confortant la pertinence des options du Pap2a », explique-t-il. Sous ce rapport, le taux de croissance du Pib réel est «projeté à 5% à fin décembre 2021», contre une projection initiale de «3,7%, à la faveur des efforts d’exécution des investissements structurants». Ces actions prioritaires seront combinées au nouveau Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio- économique des jeunes qui vise à opérationnaliser les mesures de lutte contre le chômage des jeunes et des femmes. Ce programme est doté d’un financement de «450 milliards de FCFA, sur trois ans, à raison de 150 milliards pour l’année 2021 », développe le ministre. L’objectif est de maintenir le cap fixé pour l’émergence, au bénéfice de nos populations. «Les nouveaux défis apparus sont aujourd’hui liés à la souveraineté sanitaire et pharmaceutique et au renforcement de la souveraineté alimentaire et au développement d’un secteur privé national fort», souligne M. Hott.
PAR JEAN PIERRE MALOU