Personnellement, je réponds catégoriquement non à cette question. Il n’est pas sérieux et ne nous voit qu’à son image et je vais tenter, tout au long de ce texte, d’illustrer ma réponse formellement négative, par des faits précis. Presque dix ans après le lancement de son fameux Plan décennal de gestion des Inondations (PDGI), Dakar et sa banlieue, Touba, Kaolack, Saint-Louis comme d’autres localités du pays pataugent toujours dans les eaux de pluie et des eaux usées. Le budget prévu pour ce Plan était de 767 milliards de francs CFA, dont les 566 seraient déjà dépensés.
Cinq cent soixante-six milliards ! C’est quand même beaucoup d’argent et les populations des zones toujours inondées comme de nombreuses autres se posent légitimement la question de savoir où sont passés tous ces milliards. Elles ne se contentent pas de se poser la question, elles manifestent leur colère. Finalement, en conseil des ministres du 1er septembre 2021, il annonce sa décision de faire auditer la gestion du PDGI par l’Inspection générale d’État (IGE). Le Quotidien ne reste pas indifférent à cette annonce.
Á la page « Une » de son édition du mardi 7 septembre il lance : « AUDIT Gestion de la lutte contre les inondations : MACKY PLONGE DANS LA MARE ». Et le journal d’expliquer à sa page 3 la décision du président-politicien. Le lendemain, le quotidien L’Observateur annonce une autre décision-farce. Á sa page 3, il note : « PERFORMANCE, TRANSPARENCE ET REDDITION DES COMPTES DANS L’ADMINISTRATION : Macky renforce le contrôle interne des ministères. » L’OBS précise d’emblée ceci : « Pour faire face aux défis de la transparence, de l’efficacité et de la Reddition des Comptes, le Président de la République a jugé nécessaire d’abroger et de remplacer le décret n° 82-631 du 19 août 1982 par celui n° 2021-827 du 16 juin 2021. »
Je ne m’attarde vraiment pas sur ce nouveau décret ; je passe sur les choses sérieuses. Ce président-politicien nous prend vraiment pour des demeurés. Dix ans après le lancement de son Plan, il nous annonce sa décision d’en faire auditer la gestion par l’IGE. Cet audit vient vraiment un peu tard. Il devrait se faire à mi-chemin, en 2016-2017. En outre, de nombreux audits devraient précéder celui-là. S’il n’était vraiment préoccupé que par la transparence et la reddition des comptes, de nombreuses structures qui soulèvent beaucoup de questions seraient auparavant auditées. Il devrait en être ainsi des mille milliards mobilisés pour faire face à la Covid19, des soixante-neuf autres destinés à soutenir les populations les plus faibles, du Prodac, de la Poste, du Coud, du Port autonome de Dakar, des services fiscaux et douaniers, de l’Agéroute, de Promoville, de l’Agetip, des différentes agences et de nombreuses autres structures qui gèrent depuis avril 2012 et sans contrôle des centaines de milliards de francs CFA.
De tels audits auraient sûrement soulevé énormément de lièvres. Le président-politicien en est convaincu, c’est pourquoi il ne s’y aventurera jamais. D’ailleurs, même si ces audits étaient faits, ils ne serviraient à rien car leurs rapports iraient retrouver les dizaines d’autres qui dorment d’un sommeil profond sur sa table. Avant de penser à de nouveaux audits, la logique voudrait quand même que le contribuable sénégalais sache ce qu’il en est vraiment de ces rapports qui gisent sous son pesant coude et de nombreux autres qui, eux aussi, comme ceux de l’OFNAC et de la CENTIF, dorment du même sommeil profond sur la table du Procureur de la République.
Que le président-politicien cesse donc de nous prendre pour des demeurés ! Ce nouveau décret (n° 2021-827 du 16 juin 2021) comme l’audit qu’il a lancé le 1er septembre 2021 ne serviront à rien, à rien du tout. La gestion de son très gâté beau-frère fait doublement partie de celles qui seront auditées. Personne ne croira un seul instant que, s’il est mis en cause, ce président-politicien lèvera un seul doigt sur lui. Il le couvera comme il a couvé Cheikh Oumar Hanne, Ciré Dia et de nombreux autres. Ce président-politicien nous promettait « une politique sobre, transparente et vertueuse ».
La réalité, la dure réalité a montré qu’il en est incapable. Aucun acte de sa gouvernance meurtrie de bientôt dix ans n’a illustré cet engagement qui lui a valu pourtant l’essentiel des plus de 58% de votes qu’il a engrangés lors de l’élection présidentielle du 25 mars 2012. Qu’il arrête donc de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas ! Qu’il termine tranquillement son second et dernier mandat et débarrasse le plancher politique, avec tous les membres de la famille dite libérale qu’il s’emploie à réunir ! En février 2024, ces gens-là auront fait vingt-quatre longues années à la tête du pays, qu’ils auront mis sens dessus dessous. Basta waay ! Dakar, le 9 septembre 2021
Mody Niang