Pour la campagne agricole 2020-2021 les agriculteurs peinent à trouver les engrais pour fertiliser les sols aux fins d’avoir des productions record. Une pénurie qui risque de compromettre la productivité agricole escomptée. Donc, une surenchère des produits alimentaires pouvant entrainer une faim aiguë dans les pays du tiers monde.
L ’intrant agricole à savoir l’engrais, très compétitif à la productivité est quasi introuvable sur le marché national depuis le début de la campagne agricole. Une indisponibilité angoissante pour les agriculteurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. Dans certaines localités du pays le fertilisant est disponible mais s’offre au prix d’or pour les cultivateurs aux revenus faibles. Mais, cette pénurie était prévisible. Déjà, depuis le déclenchement de la crise sanitaire en 2020 précisément, les fertilisants et engrais sur le marché mondial étaient devenus quasi introuvable ou prenable payable au plus cher. Le marché sénégalais grandement approvisionné par les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) et ce, depuis la reprise en 2014 par l’entreprise indienne Indorama, peine à assurer le besoin national en nette croissance pour les besoins de développement du secteur horticole.
Indorama a, manifestement fait sortir les ICS d’une mise sous concordat judiciaire. Cinq ans après la reprise par les Indiens, les Ics se taillent une bonne partie du marché national et de la sous-région. Seulement, la crise sanitaire a fini d’anéantir les efforts des grands industriels mondiaux comme la Chine, le Maroc, l’Ukraine… qui ont été contraints à réduire leurs capacités de production ou alors à fermer tout simplement, faute de produits de base devenus introuvables dans certaines parties de la planète. Mais, l’Etat sénégalais avait pris au sérieux l’alerte de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) qui évoquait le risque d’une pénurie d’engrais dans la mesure ou le gap était comblé de l’extérieur par l’entremise d’importateurs sénégalais.
LE BIOCARBURANT, UN CONSOMMATEUR D’ENGRAIS EN CROISSANCE
Aujourd’hui, l’engrais n’est plus utilisé seulement pour l’agriculture (les produits alimentaires), mais aussi pour le biocarburant notamment dans les énergies renouvelables. Ce qui fait que l’engrais pour l’agriculture est en compétition avec l’engrais pour les bioénergies. Alors qu’au même moment la population mondiale est en nette croissance, concomitamment avec les besoins alimentaires et énergétiques. Du coût, on note une forte demande et une tension vive au plan mondial. Au Mali, le prix du sac d’engrais est quasi passé du simple au triple. Ceci montre à bien des égards combien l’intrant engrais est devenu cher. Face à cette situation, certains fournisseurs qui avaient l’habitude de s’approvisionner à partir des importations se sont vite tourner vers les Ics. Malheureusement, à ce niveau, les Ics ne peuvent aller à delà de leur capacité de production, qui a été portée à 220000t/an.
Du côté des Ics, une source digne de foi renseigne que le taux de mise en place au niveau national est satisfaisant, sans donner plus de précisions sur les chiffres. Tout compte fait, si cette crise sanitaire dont on ignore pour combien de temps va encore perdurer, tous les pays, singulièrement du tiers monde risquent fort de s’enliser dans une crise alimentaire imminente et aiguë aux conséquences plus désastreuses que celle de la pandémie à covid-19 pour l’humanité.
JEAN PIERRE MALOU