Le Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine en Afrique de l’ouest (PrCm) a publié son rapport sur l’état des stocks exploités dans la région, les surplus dégagés et les possibilités de pêche offertes aux flottilles étrangères
Le Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine en Afrique de l’ouest (PrCm) a publié son rapport sur l’état des stocks exploités dans la région, les surplus dégagés et les possibilités de pêche offertes aux flottilles étrangères. Et concernant spécifiquement le Sénégal, l’accent a été mis sur la surexploitation de certains espèces dont le merlu ; non sans déplorer le fait que l’Etat fait fi de la surpêche de cette espèce en renouvelant des accords de pêche avec l’union européenne.
Le partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine en Afrique de l’ouest (PRCM) rend compte, dans son rapport réalisé en avril 2021, du niveau des stocks d’exploitation des poissons démersaux au Sénégal et dans certains Etats membres de la Commission sous régionale des Pêches (CSRP).
Et selon le document dont «L’AS» détient une copie, les évaluations menées récemment montrent que la plupart de ces stocks sont surexploitées. Il s’agit notamment du thiof (4 968 t) ; des merlus noirs (13 154 tonnes) ; du pagre à points bleus (9 180 tonnes); de la seiche (3 499 tonnes) et de la gamba (15 721 tonnes).
Toujours, d’après le document du PRCM, en 2018, la flottille nationale sénéga laise de pêche, composée de 4 navires merlutiers, a débarqué 2 300 tonnes de merlu contre 1 270 tonnes réalisées par la flottille de l’Union Européenne (UE). Ainsi, en tenant compte du niveau d’exploitation du merlu (surexploité), il n’y a pas de possibilités à offrir aux flottilles étrangères, soutient le PRCM qui estime que malgré tout, le gouvernement du Sénégal vient de renouveler l’Accord de Partenariat de Pêche durable (APPD) le liant à l’UE.
Le Protocole d’application, signé le 20 novembre 2020, porte sur un quota annuel de 1 750 tonnes de merlu noir, soit 500 tonnes de plus que les captures réalisées en 2018, fait-il constater. Non sans ajouter que depuis 2006, le gouvernement du Sénégal n’a signé d’accord de pêche qu’avec l’UE sur les merlus et les thons tropicaux. Le rapport révèle aussi que les sardinelles et l’ethmalose, qui concernent plus directement la zone sénégalaise, sont considérés comme surexploités. Ainsi, il est recommandé une réduction immédiate et substantielle de l’effort de pêche et des captures dans certains Etats membres de la CSRP (Mauritanie, Sénégal, Gambie). Avant d’informer qu’il n’a pas été possible de quantifier avec précision le niveau d’effort de pêche nécessaire, mais il est estimé qu’une réduction de 50 % est nécessaire.
BAISSE CONSIDERABLE DE LA CAPTURE ANNUELLE DE PETITS PELAGIQUES
Par ailleurs, le document laisse entrevoir que les eaux sénégalaises sont parmi les plus poissonneuses du globe, principalement en raison du phénomène saisonnier de remontée d’eau froide appelé upwelling. Non sans attirer l’attention sur le fait que la croissance démographique, la surexploitation des stocks halieutiques, la pollution et les changements climatiques risquent d’aggraver l’état d’insécurité alimentaire pour une population parmi les plus grandes consommatrices des produits halieutiques de l’Afrique. De 2008 à 2018, souligne-t-il, la disponibilité apparente annuelle par personne en petits pélagiques au Sénégal a diminué d’une manière significative de 7 kilos en équivalent frais en raison de la baisse des captures des navires nationaux qui sont passées de 360 058 tonnes à 248 334 tonnes entre 2008 et 2018. De façon générale en Afrique de l’ouest, il est indiqué que la situation des stocks halieutiques est préoccupante.
La cause, note-t-on, les espèces les plus importantes, tant en termes de volume pêché (sardinelles, chinchards, ethmaloses…) qu’en termes de valeur (poulpe, merlus, langouste du Cabo Verde..) sont surexploitées. A en croire le PRCM, les causes immédiates de cette surexploitation sont multiples : efforts de pêche excessifs notamment par le manque de maîtrise des capacités de la pêche artisanale (cas des sardinelles au Sénégal ; du poulpe en Mauritanie); pratiques de pêche non durable (mono-filament pour la pêche artisanale, chalutage notamment en zone côtière pour les navires industriels); accords avec des puissances de pêche étrangères portant sur des espèces déjà pleinement exploitées, voire surexploitées.
En outre, sur un autre registre, le Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine en Afrique de l’ouest (PRCM) révèle que la flotte actuelle de l’UE compte 700 navires de pêche et que plus de la moitié d’entre eux pratiquent la pêche lointaine. En 2016, souligne-t-il, le total des paiements de l’UE s’élevait à environ 130 millions d’Euros (Commission européenne 2016). Un peu moins de la moitié de ces paiements vont à la Mauritanie (environ 60 millions d’Euros).
Avant d’informer que la production totale du secteur de la pêche maritime (hors thonidés hauturiers) en Afrique de l’ouest avoisine les 2 millions de tonnes par an dont environ 90% de petits pélagiques (sardinelles, chinchards, sardines, ethmaloses, etc.) de démersaux (poissons, céphalopodes, crustacés) et 10% de démersaux. Et qu’en définitive, les captures sont réalisées, à parts sensiblement égales, par une flottille industrielle d’un millier de navires et par un secteur artisanal particulièrement dynamique composé de 40 000 à 50 000 pirogues, selon la Commission sous-régionale des Pêches (CSRP).