Ils sont prompts à disloquer un pays, mais crient à l’envahissement des damnés afghans. La fameuse communauté internationale a trouvé un nouvel anesthésiant idéologique pour masquer sa déculottée afghane
Chaos ? Le mot est devenu viral depuis la débâcle de Kaboul, la fuite du président-marionnette avec, semble-t-il, plus de 149 (?) millions de dollars et la victoire sans (presque) coup férir des Talibans. La fameuse et fumeuse communauté internationale a trouvé un nouvel anesthésiant idéologique pour masquer sa déculottée afghane : Chaos ! En réalité, depuis une vingtaine d’années (21e siècle), les va-en guerre au pouvoir et les lobbies militaro-industriels n’ont fait que semer le chaos et la mort aux quatre coins de la planète, avec comme bandoulière idéologique « l’instauration de la démocratie, la chasse aux dictateurs, la défense des droits de l’homme… ».
Il y a une hypocrisie insupportable qu’on distille depuis dix jours dans l’esprit des populations du monde entier : le chaos serait le fait des Talibans, vainqueurs suite à une guerre de résistance de 20 ans contre la plus grande coalition militaro-politico-idéologique depuis des décennies. Le chaos qu’on montre à coups d’images en boucle se trouve uniquement à l’aéroport de Kaboul et nulle part dans le reste du pays.
C’est le chaos d’une débâcle militaire des États-Unis et de leurs alliés occidentaux. C’est celui d’une faillite des services de renseignements américains et leurs alliés qui ont, semble-t-il, sous-estimé les Talibans et surestimé la capacité de résistance de leurs alliés corrompus de Kaboul, claquemurés dans leur havre de zone verte…
Le chaos, c’est celui de la débandade de leurs collabos civils et militaires qui ont, vingt ans durant, vécu en sangsues parasitaires, des subsides de la planche à dollars que Washington et ses obligés alliés déversaient dans les villes, Kaboul notamment, comme prix d’une soumission.
Ce chaos est celui d’une trahison : celle des vaincus américains et leurs alliés qui ont voulu fuir Kaboul en abandonnant leurs laqués d’hier comme de vulgaires serpillières usées qu’on jette. Comme ils ont abandonné armes, chars et autres archives qui pourraient demain révéler des secrets gênants. Ces quelques centaines de candidats à l’exil qu’on exhibe comme justificatifs de la barbarie annoncée des Talibans. Comme le matraquage du chaos de l’aéroport ne semble pas fonctionner, on exhibe quelques femmes qui « manifestent contre le retour de la burqa » (comme si elle avait disparu du pays durant les 20 ans du règne des différents fantoches installés par Washington) ; on met en scène (et en selle), quelques barbus perdus quelques coins du sud profond du pays, qui réclament des armes. On est en train de mettre en place ce qui pourrait être demain « les forces de résistance » aux barbares Talibans. Et qu’il faut soutenir…
Le « chaos afghan » n’est que le dernier avatar des aventures criminelles des intérêts coalisés de marchands d’armes et d’illusions démocratiques et de libération forcée (parce qu’importée) des femmes…
Chaos et crimes. Tels sont les bienfaits que les guerres « libératrices » de la « communauté économique internationale » des forts ont déversé dans plusieurs zones du monde. Sans apporter, ni liberté, ni démocratie, ni paix. Mais chaos, morts, crimes et déstabilisations. Et ils n’apprennent rien ces gens-là et nous les soumis économiques et idéologiques, avons gobé ces foutaises et été complices de toutes ces aventures criminelles.
L’Irak de Saddam Hussein fut le premier laboratoire des crimes de masses et d’assassinats ciblés légalisés par la « communauté internationale ». Ils tuèrent Saddam, mais n’apportèrent pas la paix promise. Toujours pas. Ils assassinèrent Saddam, mais sont incapables depuis de stabiliser le pays. Il est coupé en deux.
Puis, ils assassinèrent Khaddafi et disloquèrent la Libye qui depuis est coupée en deux et devenue le plus grand cimetière à ciel ouvert pour toutes les victimes de leurs guerres. Ils squattent Tripoli emmuré dans sa zone verte. Le reste du pays (et des richesses) est « géré » par les militaires du général Aftar et les centaines de milices surgies des cendres de l’État libyen.
Ils auraient fait pareil en Syrie si la Russie n’avait pas déployé son parapluie militaire. Entre superpuissances, on se connaît et se comprend. Les frontières sont bien délimitées et les lignes bien tracées. S’ils échouèrent à charcuter le pays comme les pays cités plus haut, ils déclenchèrent malgré (?) eux, la plus grande migration humaine depuis plus d’un demi-siècle. Déjà, ils paniquent à l’idée (quelle horreur !) que les milliers de fuyards des barbares Talibans n’aient la mauvaise idée de vouloir rejoindre les havres occidentaux par grappes incontrôlables.
Ils sont très prompts à disloquer un pays, mais crient à l’envahissement des damnés afghans ! Déjà, chaque dirigeant occidental se prépare à se bunkeriser, à sous-traiter la gestion prochaine des flux migratoires afghans alors que ceux de Syrie et de Libye continuent de mourir dans l’océan en voulant s’échapper des geôles libyennes.
Le chaos est une politique de destruction systématique de pays, d’États, et d’assassinats ciblés de dirigeants élus ou de chefs de guerre.
Ils ont assassiné Ben Laden, « responsable des attentats » du 11 septembre 2001, mais ils n’ont pas écrasé ses « protecteurs ». Aujourd’hui, face à leur débâcle et débandade, ils expliquent qu’ils étaient partis tuer Ben Laden et non conquérir l’Afghanistan. Et donc, ils ramènent les Généraux au pays. La queue entre les jambes.
Le chaos, c’est la conséquence de la politique criminelle de « après moi le déluge » ! Mais (heureusement ?) dans ce concert d’indignation et de cris d’orfraies de criminels qui crient aux criminels, il y a les voix d’une « realpolitik » qui assume les contradictions du monde. La Russie et la Chine (demain l’Iran et le Pakistan ?) refusent de hurler avec les loups assassins et comptent juger sur pièces.
Demba Ndiaye