Notre société sénégalaise contemporaine est bien mal en point. Et cela va de mal en pis ! Mais c’est comme si nous avions, collectivement, décidé de faire semblant de ne rien voir et de ne rien entendre. Pourtant les réseaux sociaux et une certaine presse amplifient ou…créent (?) des « événements » aussi abracadabrants les uns que les autres ! En plus, une certaine opinion, mobilisable à souhait, succombe à tous les délires. Même les plus insensés ! Le dernier feuilleton mettant en scène un psychopathe décoloré, ganté, aux yeux… bleutés, doit sonner l’alerte générale. Un coup à réveiller, enfin, notre torpeur qui prend les allures d’une complicité active. Un individu sans histoire personnelle, familiale ou sociale connue, se permet de proclamer, puis de se dédire (!) qu’il allait « fendre l’océan atlantique » pour ouvrir une voie à tous les candidats à l’immigration vers l’Europe ! Sujet porteur convenons-en… Et on l’écoute ! On diffuse et partage ses vidéos. La presse de…caniveau s’y plonge ! Nonobstant les odeurs fétides de ce mensonge qui pue à mille lieues à la ronde ! Que nous arrive t-il donc dans ce pays qui se dit croyant et qui se noie dans un verre d’obscurantisme ? Sait-il seulement nager le « fendeur de mer ? » Un menteur si prompt à se déculotter la veille de passer à l’acte ! Juste à temps. Mais l’événement n’est pas annulé. Seulement…reporté ! On est où là ?!
Ce « bad buz », terme consacré pour qualifier ce type de non-événement doit, impérativement signer la fin des prestidigitateurs, bonimenteurs et gourous autoproclamés. On ne peut pas descendre plus bas !
Par ailleurs, et puisque nous en sommes arrivés là, crevons les abcès nombreux et purulents qui tirent notre pays vers le bas, à la faveur du triomphe d’une sorte d’impérialisme de la médiocrité. L’hypocrisie généralisée de notre société en perpétuelle représentation se répand en vagues cathodiques qui nous agressent jusque dans nos demeures. La pandémie ayant mis un bémol aux rassemblements nombreux, et désormais dangereux, qui polluaient notre société, les plateaux de télé ont pris le relais. Les cérémonies « religieuses », les conférences du même nom, mettent en scène des prêcheurs qui s’enrichissent de la misère morale de leurs auditoires. Les publics ne manquent pas, en effet, pour les orateurs téméraires qui peuvent rivaliser de boniments pour hâter les donations et enrichir certains… Allah reconnaîtra les siens ! Mais, la lâcheté dont nous faisons montre pour craindre des humains, au point de laisser dire des énormités sans réagir, frise l’associationnisme… Or, ce péché gravissime est le seul vraiment impardonnable : Le Coran, Sourate 4 Verset 116.
« Certes, Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. À part cela, il pardonne à qui il veut. Quiconque donne des associés à Allah s’enfonce, très loin dans l’égarement ».
Nous gardons le silence sur le vice qui se pare du manteau de la vertu. Que d’usurpateurs sous le couvert de « naissances prestigieuses » ! Que d’ignares parmi les descendants d’illustres sachants ! Que d’inexactitudes dans les discours convenus, parce qu’officiels, qui encensent les uns ou les autres…Selon l’intérêt du moment. Notre société est gravement malade du mensonge érigé en mode de vie. Une société en représentation permanente où le « griotisme » est devenu une des modalités de promotion sociale. Alors tout le monde s’y met : « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute « , nous avait prévenu la fable… Mais nous avons tout oublié à la faveur d’une amnésie volontaire qui tronque l’histoire au profit de petites histoires familiales et claniques qui font des zéros des héros ! Mais le mensonge se fane. Et le temps de nouvelles germinations arrive. Aurons-nous, collectivement, le courage de couper les mauvaises herbes pour donner une chance aux nouvelles pousses ?
Sinon, le Maître de l’univers attend et nous aura prévenus :
Sourate 19 Mariam, Versets 93 à 95 :
« 93. Tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre se rendront auprès du Tout Miséricordieux, [sans exception], en serviteurs.
94. Il les a certes dénombrés et bien comptés.
95. Et au Jour de la Résurrection, chacun d’eux se rendra seul auprès de lui. »
La montre tourne !