UMS : il faut poursuivre le chantier du Juge TELIKO pour réhabiliter la Justice sénégalaise

par pierre Dieme

« Il ne faut jamais que nos moyens de vivre compromettent nos raisons de vivre » Hubert BEUVE MERY, fondateur du journal le MONDE

Lorsque le Juge TELIKO a été élu Président de l’Union des magistrats sénégalais en 2017, la justice sénégalaise était malmenée, critiquée, vilipendée, décrédibilisée, et totalement vouée aux gémonies.

 Durant les 4 années de son mandat (de 2017 à 2021), le Juge TELIKO s’est constamment évertué à exercer dignement sa mission, à défendre les intérêts moraux, matériels et professionnels des magistrats, et à agir conformément à l’article 4 des statuts de l’UMS dont « l’objet est de défendre et d’illustrer l’indépendance de la Magistrature telle qu’elle a été proclamée par la Constitution sénégalaise ».

Tout au long de son mandat, le Juge Souleymane TELIKO a été la cible d’attaques malveillantes, et de manœuvres de déstabilisation d’une extrême violence, émanant directement du pouvoir exécutif (Ministre de la Justice, Malik Sall) et d’individus peu scrupuleux agissant par procuration (c’est le cas de Madiambal Diagne).

Il a également eu à faire face à la trahison de certains de ses pairs, membres du Conseil de discipline qui ont sacrifié un des leurs pour privilégier leur carrière, au prix du déshonneur.

En dépit d’un environnement toxique, malsain et de conditions extrêmement défavorables qui en auraient dissuadé plus d’un, le Juge Souleymane TELIKO a parfaitement tenu la barque, affiché fermement ses convictions, fait preuve de droiture, d’exemplarité, de solidité et formulé des propositions audacieuses pour préserver les magistrats des pressions de l’exécutif et garantir l’indépendance de la justice sénégalaise. Une démarche noble mais empreinte de risques, face à un régime déviant, liberticide dont le sombre dessein est d’assujettir les magistrats sénégalais.

Le Juge TELIKO aurait pu faire le choix de la facilité et de la compromission : il a fait le choix de la vérité, de la dignité et de l’honneur.

Il urge de restaurer l’état de droit au Sénégal. L’UMS doit être une force de propositions et exiger sans tarder des réformes inédites pour redorer le blason de la justice sénégalaise dont la crédibilité est gravement atteinte sur la scène nationale, régionale et internationale.

Le nouveau Président de l’UMS doit faire preuve de conviction et de détermination pour poursuivre et amplifier le chantier engagé par le Juge Souleymane TELIKO : il en va de l’honneur de la justice sénégalaise et surtout de la crédibilité de l’Union des magistrats sénégalais.L’office du Juge, c’est d’être garant des libertés. Et comme le disait remarquablement, Robert Badinter, « le juge a un devoir d’ingratitude » et doit l’assumer pleinement, y compris à l’égard des autorités de nomination.

« Il ne faut jamais que nos moyens de vivre compromettent nos raisons de vivre » : mission accomplie pour le Juge TELIKO qui quitte l’UMS la tête haute.

Cordialement

Seybani SOUGOU

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