Dans un discours prononcé à la veille de la fête de l’indépendance, le chef de l’Etat a annoncé « la mise sous contrôle judiciaire ou en liberté provisoire (…) de 69 inculpés détenus suite aux évènements survenus à l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2020 ». Il a ajouté avoir accordé « la grâce à neuf personnes condamnées pour des infractions commises à l’occasion de ces mêmes évènements ». « L’examen de la situation d’autres personnes encore détenues se poursuit », a-t-il affirmé.
Alassane Ouattara a été réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé lors d’une présidentielle boycottée par l’opposition qui jugeait ce mandat inconstitutionnel, ce qui avait provoqué une crise ayant fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre 2020.
La tension est depuis retombée et les élections législatives de mars se sont déroulées dans le calme, avec la participation des grands partis d’opposition qui en ont accepté les résultats donnant la majorité au parti présidentiel. Une exception dans un pays à l’histoire récente marquée par les violences politiques.
« Je me réjouis donc que l’opposition ait pris part aux élections législatives », a d’ailleurs noté le chef de l’Etat. « Nous avons aujourd’hui une Assemblée nationale plurielle, pour la première fois depuis deux décennies, comprenant tous les partis politiques significatifs de notre pays ».
La libération des prisonniers avait été réclamée par les leaders de l’opposition, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, tous deux anciens présidents.
M. Gbagbo, rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin après avoir été définitivement acquitté de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) fin mars et grâce au feu vert du président, avait abordé la question lors de sa rencontre le 27 juillet avec Alassane Ouattara.
Lors de cette première rencontre depuis la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, il avait transmis au chef de l’Etat une liste de 110 détenus qualifiés de « politiques ».
« Se parler, se réconcilier » –
Dans cette liste figuraient des personnes arrêtées après la crise de 2010-2011, mais aussi des personnes interpellées en 2020 à l’occasion de la présidentielle et en marge du retour en juin de M. Gbagbo.
La crise de 2010-2011 était née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à M. Ouattara.
Henri Konan Bédié a quant à lui adressé une lettre au président Ouattara à la veille de son discours pour lui demander la libération de tous les prisonniers.
« L’évolution de la situation socio-politique de notre pays montre que le moment est venu de se parler et de se réconcilier. La célébration de la fête de l’indépendance le 7 août prochain, offre le cadre idéal pour se surpasser dans le sens du pardon », a-t-il écrit, ajoutant: « c’est pourquoi je vous demande de prendre (…) le leadership du processus de réconciliation, par la libération générale des prisonniers des crises sociales que nous avons subies ».
Le chef de l’Etat a réaffirmé son « attachement au dialogue constructif, qui permet d’apaiser davantage notre pays et d’aller de l’avant, pour son développement ».
« Ce dialogue, je l’ai poursuivi moi-même avec mon aîné, le président Henri Konan Bédié, le 11 novembre 2020, et plus récemment, avec mon jeune frère, le Président Laurent Gbagbo », a-t-il dit.
« Rien ne doit entraver la marche de la Côte d’Ivoire vers son développement, et le bien-être de chacun », a-t-il ajouté, et « c’est pourquoi je me réjouis de toutes les initiatives visant à l’apaisement. Je ne ménagerai aucun effort pour cela, dans le respect de la loi et des Institutions ».