Des saigneurs du bois de vène ont été interpellés en possession de 14 troncs d’arbres destinés à la Gambie.
Nouvelle saisie des policiers de Médina-Mary d’un lot de troncs d’arbres destinés à un trafic vers la Gambie. Même après la chute de Yayah Jammeh, le bois de vène sénégalais fait l’objet d’un pillage en règle qui bénéficie de complicités étatiques.
Le trafic du bois casamançais vers le pays voisin ne s’est pas estompé malgré les garanties offertes par le nouveau chef de l’Etat gambien Adama Barrow.
Pour preuve, Rewmi Quotidien a appris de de sources sécuritaires que les policiers du poste de Police de l’Air et des frontières (PAF) de Médina-Mary, au nord-ouest Vélingara (sud-est), le chef-lieu du département, ont opéré dimanche 1er août dernier, une nouvelle saisie de 14 troncs de vène, appelé aussi palissandre du Sénégal, une espèce d’arbre très recherchée, et menacée de disparition.
La saisie a eu lieu lors d’une opération de ratissage en profondeur, dans une forêt située non loin du village de Saré Aliou, au sud de Médina-Mary.
Une moto a également été saisie, et un suspect interpellé, puis remis au service des Eaux et Forêts.
L’opération a été menée dans le cadre d’une intensification de la lutte contre l’abattage clandestin et le trafic de troncs d’arbres dans cette zone, vers la Gambie.
Lors de l’opération de dimanche, les policiers sont tombés sur un site d’environ 50 mètres-carrés aménagés pour servir d’entrepôts des troncs d’arbres abattus, devant être transportés en Gambie. Ils ont également pu constater des arbres en train d’être abattus. Les délinquants écologistes ont pris la fuite.
Cette opération de ratissage fait suite à une première opération qui a eu lieu en début de semaine dernière, dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 juillet dernier. Au cours de celle-ci, ils avaient intercepté dans la forêt, à la frontière avec la Gambie, un convoi de 3 charrettes transportant 8 troncs de kapokiers et de « dimbs » et 7 ânes. Les conducteurs avaient réussi à prendre la fuite, à la faveur de l’obscurité.
La coupe de bois et le trafic de tronc d’arbres vers la Gambie sont des activités lucratives dans la zone de Médina-Mary, située le long de la frontière, au nord-ouest de Vélingara.
Les populations qui s’étaient de tout temps estimées abandonnées par l’Etat, n’ont cessé de réclamer depuis 2011, l’implantation d’un poste de Trie forestier à Médina-Mary, passage obligé des trafiquants vers la Gambie, mais en vain.
L’ouverture, en mars 2019, du poste de PAF est un début de solution au problème d’insécurité et de trafic de tout genre. Grâce à ce poste de police, les populations se sentent de plus en en sécurité. L’Association internationale pour Médina-Mary (AIMM) et les populations se réjouissent de de nouveau succès des éléments du PAF de Médina-Mary.
Comment la Gambie saigne la Casamance
La Gambie, dont les forêts naturelles ont pourtant été décimées, expédie autant de bois que la Côte d’Ivoire vers la Chine, où l’industrie du meuble constitue l’unique raison de ce pillage organisé.
Entre 2015 et 2020, les saisies de bois se chiffrent à 5 milliards 674 millions 297 mille 349 francs Cfa. L’année dernière, le montant était de 1 milliard 262 millions 15 mille francs Cfa. C’est un chiffre en hausse par rapport à 2019 où la somme découlant de l’exploitation frauduleuse de la forêt était de 928 millions 073 mille 525 francs Cfa. Il faut relever que lors des 6 dernières années, les recettes annuelles issues de l’exploitation des ressources forestières (flore et faune) se situent à plus de 18 milliards de francs Cfa. La région de Tambacounda, qui subit également de plein fouet la coupe abusive de bois, contribue à hauteur de 45% dans cette manne financière. Rien qu’en 2015, les industriels chinois ont acheté 58 000 m3 de bois en provenance de Gambie, pour un montant de 41 millions de dollars (36,7 millions d’euros), selon les statistiques des douanes chinoises. Ce qui représenterait l’équivalent de 140 000 arbres.
Alors que la Gambie ne dispose plus de réserves de ce bois précieux, elle figure toujours parmi les cinq plus grands exportateurs mondiaux de bois de rose. Cherchez l’erreur: il s’est tout bonnement servi dans les réserves forestières du Sénégal ! En chiffres, ses exportations vers la Chine correspondent à environ un demi-million d’arbres abattus et transformés en rondins de deux mètres de long, pour une valeur de 100 millions de dollars US, selon une enquête d’Interpol. Ces trois dernières années, la Gambie, à elle seule, a exporté environ 300000 tonnes de bois de rose vers la Chine.