«Objet : Saisine des Ong des droits de l’homme : la Raddho, le Forum du Justiciable, Afrikajom Center, la Lsdh, l’Ondh, le Comité sénégalais des droits de l’homme, Amnesty Sénégal, au sujet de la santé du Président Hissein Habré.
Mesdames et messieurs, membres des Organisations des droits de l’homme, je vous saisis par cette présente au sujet de la santé du Président Habré. A plusieurs reprises, je me suis adressée à l’opinion, en général et exprimée ma préoccupation, mon angoisse quotidienne face aux risques du Covid 19 pour le Président mais aussi, pour moi-même.
Je suis quotidiennement sur la route de cette prison, confrontée sans cesse à un environnement que je ne peux rendre plus sécure tellement les besoins sont constants. Mesdames et messieurs, vous vous êtes engagés dans la défense des droits de l’homme, cette mission s’inscrit aussi dans le respect de la dignité humaine.
Aujourd’hui, la situation du Covid est grave et les risques sont énormes, la contamination est incontrôlable et se poursuit dangereusement. Nos avocats ont exprimé leur préoccupation en révélant, à ma suite, que le Président est hypertendu, diabétique, autrement dit, il est en danger. Malgré mes efforts, je n’ai pu obtenir plus d’humanité dans le traitement de cette affaire qui a, pendant longtemps, fait beaucoup de bruit mais qui est, aujourd’hui, une affaire de silence. Silence autour du non-respect des droits du Président Habré, silence, autour de la mise en danger de sa personne face à cette poussée épidémique.
Je vous demande en conséquence de m’aider au respect du droit à la santé du Président Habré car la question de la dignité humaine est celle de la reconnaissance de l’humain – de son corps, de son esprit et de ses capacités. Vous comprendrez aisément, qu’après 8 années de prison, de multiples tracasseries, de manque de soins adéquats, qu’il soit épuisé par cette détention et à bout. La hantise a fini de s’emparer de nous, dans ce contexte éprouvant et difficile avec le variant delta qui effraye toute la population.
Je sais que vous avez agi en posant une pierre dans cette affaire Habré, mais agir avec humanité, c’est faire aussi preuve de modération morale. Je crois profondément que réguler la politique, en y intégrant un principe d’humanité, c’est arriver à atténuer sa logique interne parfois féroce et impitoyable. Le principe d’humanité a toujours fait partie de notre background culturel, de même, que le principe d’égalité pour être des sujets de droit, car un Etat de lois n’est pas forcément un Etat de droit.
C’est la raison pour laquelle, agir en conséquence avec conscience, humanité et responsabilité dans la prise en charge de cette situation, serait en conformité avec les textes des conventions d’internationales qui ont posé l’exigence du droit à la santé, du respect de la dignité humaine des prisonniers. Être, mesdames et messieurs, c’est essayer de garder un équilibre intérieur pour faire face à notre situation. Témoigner, c’est écrire une lettre, faire le choix d’agir en conscience et loin de toutes les pressions de l’environnement.
Veuillez agréer, mesdames et messieurs, mes salutations distinguées.
Mme Fatimé Raymonne Habré ».