La conditionnalité de présentation d’une carte d’identité biométrique Cedeao imposée aux primo-votants pour s’inscrire sur les listes électorales par le décret n°2021-976 du président de la République relatif au démarrage de la révision exceptionnelle des listes électorales pose un réel problème de gestion des ressources. En effet, au-delà de la rupture d’avec ce qui se fait en matière de gestion du fichier électoral, cette exigence entraîne des dépenses inutiles à travers la confection des cartes d’identité qui ne serviront que pour l’inscription sur les listes électorales.
Décidément, les élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 prochaines sont parties pour être un gouffre financier pour le contribuable sénégalais. En effet, nonobstant le demi milliard de nos francs (500 millions Cfa), déjà injecté, si on en croit à Pape Sarr, Secrétaire général de la Ld-Debout, dans les 20 mois de dialogue politique qui a mobilisé les acteurs politiques de la majorité, de l’opposition et non-alignés mais aussi la société civile au sein de la commission cellulaire du dialogue politique dans le but de créer un nouveau consensus autour du code électoral. Le processus électoral pour ce scrutin risque de coûter encore au contribuable sénégalais plusieurs autres millions. Car, au regard des dispositions du décret n°2021-976 signé par le président de la République relatif au démarrage de la révision exceptionnelle des listes électorales en vue desdites joutes électorales fixées du 31 juillet au 14 septembre 2021, l’inscription des nouveaux électeurs qui doivent avoir 18 ans révolus au moins à la date du 23 janvier 2022 se fait «sur présentation exclusive de la carte d’identité biométrique Cedeao».
Autrement dit, tous les jeunes sénégalais dans la catégorie des primo votants qui n’ont pas encore de pièce d’identité devront d’abord se procurer une carte auprès des Commissariats de Police ou Brigades de Gendarmerie nationale des cartes d’identité qui ne leur serviront que pour l’inscription sur les listes électorales.
Après leur inscription, ils recevront de nouvelles cartes d’identités avec cette fois-ci des données électorales qui leur seront délivrées à la fin de cette période de révision des listes lesquelles vont remplacées les premières à moins d’une année. Il faut dire que cette opération représente une charge supplémentaire au frais du contribuable sénégalais. Pour s’en rendre compte, il faut juste se référer au budget de 76 millions d’euros (50 milliards de F CFA) versés par l’Etat du Sénégal à la société Malaisienne «malaisien Iris Corporation Berhad» en 2016 pour la fourniture de 10 millions de cartes d’identité biométrie Cedeao sous cinq ans, soit 5000 F l’unité.
Par ailleurs, au-delà de cette double dépense non nécessaire, cette exigence de présentation d’une carte d’identité faite aux jeunes cette année pour s’inscrire sur les listes électorales marque également une rupture avec ce qui se fait en matière de gestion du fichier électoral. Car, l’enrôlement des jeunes nouveaux inscrits sur les listes électorales s’est toujours fait sur la base de présentation de l’extrait de naissance ou du récépissé de dépôt de carte d’identité nationale. C’était le cas lors des dernières révisions des listes électorales notamment en 2017 et en 2018.
Nando Cabral GOMIS