« Sire, il est difficile de servir et de plaire. »
(Le Maréchal Hector de Villiers s’adressant à Louis XIV)
Messieurs les juges, tout récemment, je vous ai adressé une longue lettre pour vous faire prendre conscience de vos très lourdes et délicates responsabilités par rapport à l’avenir, ou plus exactement, à la stabilité de notre pays. J’ai essayé, du mieux que j’ai pu, de vous sensibiliser en faisant vibrer votre patriotique, en titillant votre dignité, votre fierté et votre honneur et en faisant appel à votre foi religieuse.
Messieurs les juges, avec la décision que vous venez rendre publique, déboutant l’opposition de sa requête en annulation portant sur le code pénal et le code de procédure pénale, vous venez de me faire comprendre que rien de tout ce que je j’avais dit n’a pas pu vous convaincre de vous inscrire dans la voie de la sagesse. Pouvait-il en être autrement, puisque vous en êtes dépourvu. De « sages », vous n’en êtes que de nom, vous n’en avez que l’épithète usurpée et l’étiquette dérobée, mais vous n’en avez aucun mérite. Dans la correspondance que je vous ai adressée, je me suis gardé de attribuer un tel qualificatifs parce qu’ayant estimé que vous n’en étiez pas dignes.
Messieurs les juges, sans gêne aucune, sans le moindre scrupule, toute honte bue, faisant fi de toute éthique et toute morale, vous avez osé franchir le rubicond en commettant l’impensable, l’inimaginable, c’est-à-dire violer la Constitution, la charte fondamentale de notre pays dont le peuple vous a confié la garde et l’intégrité. Les vrais sachants, patriotiques, sincères, intellectuellement honnêtes, chevillés sur les principes généraux et intangibles et toujours soucieux d’interpréter le droit dans sa clarté, sa pureté son objectivité, ont démonté de fort belle manière, tant du point de vue juridique que scientifique que votre délibération relève d’une sordide forfaiture. Par cette décision que d’aucuns considèrent comme de la pire délinquance constitutionnelle, vous souillez le Droit dans sa noblesse, maculé sa splendeur et terni pour longtemps son aura d’antan. Vous avez discrédité les juristes sénégalais qui jouissaient d’une très bonne réputation à l’internationale.
Messieurs les juges, avec un manque de sincérité notoire, , une mauvaise foi manifeste de très mauvais aloi et un aplomb extraordinaire qui dénote une témérité digne de parrains de la mafia, vous avez excipé d’arguments fallacieux, captieux et spécieux en évoquant la paix sociale, l’ordre public et tutti quanti, prenant ainsi vos compatriotes pour des cintrés. Vous vous êtes arrogés le rôle de régulateurs sociaux dont n’êtes guère dignes. Seulement, il faudra, dès à présent, que vous compreniez que c’est l’effet contraire de ce que vous prétendez préserver qui va inéluctablement se produire avec des conséquences dont vous êtes, à mille lieux , d’imaginer l’ampleur. Par votre malhonnête et incongrue décision, vous venez de lancer un message clair au peuple sénégalais, pour lui dire que vous prêts quoiqu’il en coute de valider la troisième candidature de Macky SALL.
Messieurs les juges, en réponse à qui parait un défi, les Sénégalais vous demande de vous préparer à faire face à une déferlante patriotique, citoyenne, populaire et massive qui emportera tout sur son passage et à laquelle, aucune force publique, si puissamment armée et équipée soit-elle, ne pourra résister. Sachez que tous les dignes fils de ce pays feront don de leur vie pour que la constitution ne soit point violée par qui que ce soit, fut-il, le Président e la République. C’est encore le lieu et l’occasion de rappeler aux forces de défense et de sécurité qu’elles ont prêté un serment d’allégeance à la Constitution et non au Président de la république qui, lui, par contre, a prêté de respecter scrupuleusement la constitution sous peine d’être poursuivi pour haute trahison.
Messieurs les juges, il y a lieu de faire beaucoup attention, d’être prudent et d’éviter de réveiller le démon dans son sommeil. A force de tirer sur la corde elle finit par se casser ; aussi, à force de perpétrer des coups d’état constitutionnels au grand mépris des citoyens, on finit par provoquer des coups d’Etat populaires ou militaires. Pour dire vrai, cela pourrait choquer et je m’en excuse d’avance, je préfère vivre sous un régime militaire démocratique que de subir les affres d’un régime civil tyrannique qui brime les populations et bride les libertés. Mes propos ne sont point un appel au renversement de l’ordre institutionnel, honni soit qui mal y pense, mais plutôt un avertissement pour éviter d’en arriver à un point de non-retour. Ce dont je suis sûr et certain, c’est que nos vaillantes forces de défense et de sécurité n’accepteront, pour rien au mode, qu’on installe le chaos dans ce pays et ce, de la part de qui que soit. A bon entendeur salut.
Messieurs les juges, en violent délibérément et allègrement la constitution vous fait le choix de continuer de bénéficier des avantages et autres privilèges terrestre, éphémères, précaires et fugaces que vous octroie le Président Macky SALL , en lieu et place des faveurs éternelles et inépuisables d’ALLAH Le Tout-Puissant, Maitre de l’univers et de nos fragiles destins d’êtres insignifiants et ignorants. En somme, sans que cela ne vous pose aucun problème de conscience, vous avez, sans la moindre hésitation, choisi de vous ranger du côté du « njucc-njacc » que d’aller vers la vérité.
Messieurs les juges, éviter que votre mentor, votre bien aimé bienfaiteur ne fassent couler des flots de sang et des torrents de larmes pour uniquement conserver un pouvoir que la Constitution lui demande de quitter en 2024. Ni votre cupidité ni votre avidité encore moins votre fringale des jouissances d’ici-bas n’ont, malheureusement, pas pu arrêter ni même refréner votre volonté morbide de violer notre Constitution pour uniquement satisfaire les desiderata de votre mentor. Aujourd’hui vous incarnez la face hideuse de la magistrature sénégalaise. Vous apparaissez comme les hommes de sacs et de cordes d’une institution qui, jadis, scintillait de mille feux aux yeux de l’opinion nationale et dans les instances judiciaires internationales. Faut-il continuer à enseigner le droit ? C’est une question que l’on est, légitimement, en droit de se poser. Heureusement que nous avons encore de très grands juristes, patriotes à souhait, d’une expertise avérée et d’une honnêteté intellectuelle jamais prise à défaut qui s’évertuent à tenir le cap pour éviter que les sciences juridiques ne deviennent une matière spéculative, un objet de savoir erratique dont certains esprits corrompus pourraient se servir et se prévaloir pour assouvir des desseins malveillants.
Messieurs les juges, je ne peux que vous considérez comme des funambules de la constitution, qui n’ont guère cherché à argumenter leur décision sur la base des principes de droit, mais qui se sont, plutôt, échinés à ergoter sur les raccourcis, les détours et les contournements, toutes choses leur permettant de développer les arguties nécessaires à leur forfaiture scabreuse et indélicate. Les Sénégalais s’interrogent sur la grande capacité de reptation et la totale et facile soumission des certains hauts magistrats de ce pays, alors que leur satiation et leur statut leur offre toutes les garanties d’une indépendance pour se soustraire aux pressions, aux menaces et aux chantages. Seulement, contrairement à mon ami Khalifa SaLL qui est très allergique au lactose, beaucoup de magistrats sont accrocs et très sensibles aux sucreries, viennoiseries et autres douceurs que leur proposent les tenants du pouvoir exécutif très prompts et rompus à la corruption.
Messieurs les juges, vous n’avez pas le droit de laisser un mauvais legs à vos enfants et petits-enfants qui n’ont aucune responsabilité dans ce que vous êtes en train de faire pour les beaux yeux d’un individu. Il faut leur éviter, après la disparition de la Covid-19, de continuer à porter le masque de la honte et du déshonneur pour se cacher de leurs concitoyens. C’est pourquoi, je m’autorise à lancer un appel sincère et très pressant à vos épouse, à vos enfants et petits-enfants, à vos amis et proches pour qu’ils usent de leur influence afin de vous empêcher de maculer votre conscience du sang innocent de vos compatriotes.
Dakar le 26 Juillet 2021. Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police de classe
Exceptionnelle à la retraite.