La difficile situation que traverse le Groupe La Poste a fait sortir les postiers de leurs gonds. Ils ont organisé une journée de port de brassards rouges dans leurs locaux respectifs et dans tous les départements du pays. Ils indexent l’Etat de cautionner cette mal gouvernance qui se caractérise par une absence de contrôle par les organes de l’Etat depuis plus de 15 ans. Ils ont élevé la voix, hier mercredi, pour, disent-ils, «sauver les 4 300 emplois en périls».
Les postiers du Sénégal en ont ras-le-bol de la mal gouvernance de leur outil de travail. Ils l’ont manifesté, hier mercredi, sur l’ensemble du réseau postal du Sénégal, en arborant des brassards rouges dans leurs locaux respectifs. Ils reprochent aux décideurs de ne pas mesurer le caractère dépravant de la mal gouvernance, de l’absence d’audits par les organes de contrôle de l’Etat, de l’impunité et de la gabegie au sein de la poste. Oumar Abdoul Diop, secrétaire administratif du Syndicat national des travailleurs des Postes et des télécommunications (Sntpt), a décrié une situation «chaotique» de La Poste en ces mots : «Aujourd’- hui, nous avons décrété cette journée de port de brassards rouges sur l’ensemble du réseau postal. Et ceci, pour manifester notre ras-le-bol, pour exprimer notre désarroi, pour montrer notre inquiétude par rapport à la situation qui prévaut à La Poste depuis plus de deux décennies». Une situation difficile, due à la mal gouvernance de La Poste et qui persiste depuis plus de deux décennies.
A l’en croire, «depuis plus de deux décennies, tous les directeurs généraux qui se sont succédés, leur magistère est caractérisé par une mal gouvernance qui est en train de plomber l’activité de La Poste et de menacer les emplois des postiers». Les travailleurs croient dur comme fer que l’Etat est impunément responsable de cette situation dégoûtante que traverse La Poste, au regard de la passivité de l’Etat, par rapport à sa posture de vouloir tuer, à petit feu, La Poste.
Pire, ajoute-t-il encore, «l’Etat reste devoir à La Poste 50 milliards dont 20 milliards au titre de la rémunération du service public et 36 milliards au titre du paiement des Bourses de sécurité familiale». Il tient pour responsable l’Etat pour n’avoir pas joué à la transparence puisque «depuis plus de 15 ans, aucun organe de contrôle n’a effectué un contrôle de gestion et des finances de celle-ci (La Poste)». Oumar Abdoul Diop estiment avoir alerté l’actuel Dg par rapport à la mauvaise voie prise pour redresser la boite. Mais, «aucune attention à notre égard» et ces alertes n’ont pas «été prises en compte», fait savoir le secrétaire administratif.
Visiblement très remonté contre le chef de l’Etat, les postiers le récriminent pour n’avoir pas donné suite à leurs nombreuses demandes d’audiences. «Nous avons, à plusieurs reprises, écris des correspondances au président de la République, lui demandant de nous accorder une audience. Mais, depuis lors, toutes nos correspondances sont restées sans suites». Sur les ondes de la RFM, le responsable de la communication du Groupe La Poste M. Sylva, a botté en touche les allégations des travailleurs, en soutenant que La Poste se porte bien. «On parle de mal gouvernance, mais il n’y en a pas. Les salaires sont payés à temps et même l’avance de Tabaski a été dégagée». Il croit savoir que «les motifs sont à chercher au niveau politique, mais pas au niveau institutionnel», soutient-il.
JEAN PIERRE MALOU