Macky était en visite hier à Thiès où il a été accueilli comme il se doit par les militants de Rewmi, en tenue orange, la couleur de leur parti.
Rien d’étonnant car, c’est sans nul doute à la demande de leur mentor Idrissa Seck, patron de Rewmi et non moins Président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), dans le cadre de son nouveau compagnonnage avec le Président de la République.
Les contestations notées lors de cette visite n’ont concerné que des membres du M2D et du Pds, si nos informations sont exactes, les rewmistes, ont, en ce qui les concerne, largement plébiscité le patron de la coalition dans laquelle ils se trouvent projetés.
Il en est de même des socialistes, des progressistes, des partisans de Gadio, de la Ld, du Pit, etc. du moins, dans une certaine mesure. Car, certains de ces partis cités sont entrés dans une scission qui a été motivée, justement, par le compagnonnage que tout le monde n’a pas du tout apprécié.
En tout état de cause, il y a lieu de s’interroger sur l’attitude des militants des partis que leurs leaders associent rarement ou pas du tout aux négociations et qu’ils ‘’reversent’’ tranquillement dans des coalitions ou camps qui sont parfois diamétralement opposés à celui dans lequel ils étaient ?
Tout indique que les partis politiques actuellement fonctionnent comme des sortes de services commandés avec une rigueur toute militaire où il est quasi-impossible de dire ‘’non !’’ à son mentor quel que soit le caractère changeant de son attitude.
Les militants des partis qui ne sont nullement associés aux orientations et décisions majeures concernant l’avenir de leurs formations, sont de plus en plus considérés comme des moutons de panurge. Les partis leur soumettent des contrats d’adhésion pour lesquels ils ne discutent ni les conditions ni le fonctionnement encore moins les dividendes qu’ils pourraient en tirer.
Pis, on attend d’eux une fidélité à toute épreuve en évacuant le fait que, comme la plupart des sénégalais, ils sont souvent ahuris et traumatisés par les nouvelles orientations de leurs partis qui les laissent complètement pantois.
En clair, il n’y a rarement de démocratie interne dans les partis et ceux qui ne le comprennent pas n’ont d’autre choix que de claquer la porte.
C’est ce que Macky avait subi d’Abdoulaye Wade, c’est ce qu’il fait subir à ses proches. Idem dans les autres formations politiques. La démocratie interne y est un vain mot.
Les leaders politiques y sont alors des khalifes généraux à la différence que pour les confréries, il y a une doctrine religieuse, une ligne de conduite, une succession connue et acceptée, etc.
Dans les partis politiques, il ne reste, maintenant, que le culte de la personnalité. On croit en une personne que l’on dit approuver ou aimer sans vraiment savoir pourquoi. Voilà le nouveau militant. Celui qui se base sur peu de repères.
Ainsi, la fragilité d’un tel engagement ne peut que desservir le ‘’guide politique’’. Sur un coup de chiquenaude, la personne peut plier bagages et partir. Car, peu de chose le retient.
Conséquence, on a plus de militants, mais des associés politiques. Là où on pense les tenir, ils peuvent, à tout moment vous échapper. Car, finalement, le pacte politique ne se base plus sur des convictions mais sur des intérêts.
Les ‘’khalife politiques’’ sont rarement remplacés à la tête de leurs partis qu’ils gèrent comme un patrimoine personnel et pour lequel, pas question de laisser place aux contradictions internes.
C’est pourquoi, les coalitions bâties sur ces partis sont tout aussi fragiles. Si peu de chose lient le parti au militant qui est considéré comme un simple ‘’adhérent’’ c’est-à-dire un associé volontaire qui n’est pas lié à un programme mais à une personne, il en est de même de la coalition dont il dit appartenir. D’autant plus qu’ici, le changement de mentor que cela induit, peut irriter plus d’un.
Pourtant, les coalitions marchent et le sentiment qui se dégagent est que, dans une large mesure, le leader parvient à ‘’reverser’’ l’essentiel de ses militants dans la coalition en dehors de quelques récalcitrants. Peut-être que les militants sont vraiment des ‘’talibés politiques’’.
Assane Samb