Keur Massar: les chantiers à ciel ouvert et le spectre des inondations qui plane sur les populations

par pierre Dieme

L’ex-commune de Keur Massar, devenue département, avait été la plus impactée lors des pluies diluviennes de l’’année dernière. Face à des milliers de familles impactées, le gouvernement avait initié une panoplie de mesures avec le plan ORSEC (Organisation des Secours ) qui a été déclenché pour venir en aide aux familles. Cependant, avec l’installation de l’hivernage, les chantiers à ciel ouvert du Progep 2 (Projet de Gestion des Eaux Pluviales) hantent le sommeil des populations.

Pour venir en aide aux populations victimes des inondations et, de manière plus durable, résoudre le phénomène des inondations, le président de la République avait, l’année dernière, déclenché le plan d’organisation des secours (ORSEC) et lancé le Projet de gestion des eaux pluviales (PROGEP 2) pour un montant de 15 milliards de FCFA. Le tout sans compter la poursuite de la réalisation du Programme décennal de lutte contre les inondations (PDLI) mis en œuvre depuis 2012.

Du fait de l’exécution de ces travaux, le nouveau département de Keur Massar ressemble à un gros chantier. Les panneaux de contournement sont partout visibles, rendant plus difficile la mobilité des personnes et des voitures. D’importants bouchons sont observés un peu partout dans cette grande agglomération où il faut s’armer de courage pour circuler.

De gros engins ne cessent de percer les entrailles du sol. Les bruits et la présence de ces imposants Caterpillars font désormais partie du décor du nouveau département. Des barres de fer et autres matériaux de construction encombrent les trottoirs. Des montagnes de sable blanc sont déversées sur la voie publique. Partout, ont été creusées des tranchées prêtes à recevoir de gros tuyaux. Malheureusement, c’est dans cette situation de vaste chantier que l’hivernage s’est installé.

Au grand désarroi des populations du nouveau département qui craignent la réédition des inondations de l’année dernière. Souleymane Diop, un jeune habitant de la commune, ne cache pas ses inquiétudes. « Comment peuvent-ils débuter de tels travaux au mois d’avril tout en sachant que leur durée va traverser les trois mois de l’hivernage ? Vraiment, ces chantiers à ciel ouvert ne rassurent personne. Avec la pluie et la mauvaise qualité de l’éclairage public, cela pourrait occasionner beaucoup d’accidents surtout avec les enfants », se désole notre interlocuteur qui craint de voir Keur Massar revivre la même situation que l’année dernière. Ce, malgré les assurances des autorités.

Comme pour confirmer les inquiétudes des habitants, la pluie du samedi dernier a fortement impacté les travaux. « Cette pluie a vraiment retardé notre travail. Normalement, la durée prévue était de trois mois. Mais c’est impossible parce que nous serons obligés de prolonger jusqu’à quatre mois. Normalement, il ne doit pas y avoir de sable dans les canaux afin que le passage des eaux ne soit pas bloqué. Mais la pluie de samedi dernier, avec ses ruissellements, a drainé beaucoup de sable dans le canal souterrain », explique un chef de chantier et manager d’un groupe de vingt-cinq ouvriers. Ce groupe travaille sous la supervision de la société chinoise Henan CHINE.

Dans leurs explications, les techniciens de ce gros chantier renseignent que les grosses barres de fer fixées aux abords de la route jouent un rôle de fixation afin d’éviter l’écroulement de la deuxième voie de passage. Cependant, les eaux sont encore présentes sur les parties inférieures de ces fers de fixation. Interrogés sur la possibilité de poursuivre le chantier durant l’hivernage, les techniciens rassurent et soutiennent qu’ils sont formés pour travailler sous la pluie.

« Un Etat sérieux ne peut pas démarrer ces travaux d’éléphant en avril »

Devant le grand centre commercial du nouveau département, juste à côté des deux voies, une grosse machine perce le sol en profondeur. Toute la rue est quasiment bloquée. « Un Etat sérieux ne peut pas démarrer ces travaux d’éléphant au mois d’avril tout en sachant que, dès le mois de juin, les premières pluies vont tomber. Tout est politique. Et puis, ces chantiers à ciel ouvert sont dangereux pour la population. Nous ne sommes pas rassurés car j’ai peur de revivre le même calvaire que l’année passée avec les inondations » s’indigne Moussa Gningue, enseignant à la retraite, parcourant son journal au seuil de sa maison.

En allant vers la station Shell, une partie des zincs qui clôturaient le chantier et formaient ainsi un couloir de passage très étroit, ne tient plus. Toute cette partie de la route est clôturée. Une dame qui tient son commerce d’arachide n’est point rassurée. « Ce couloir est très utilisé par les usagers. La semaine dernière, Il y avait une bousculade qui avait causé beaucoup de blessées. Le danger est permanent sans oublier les nombreux vols avec des pickpockets qui profitent de l’étroitesse de ce passage réservé aux piétons pour commettre des larcins » confie la vendeuse.

A quelques mètres, l’eau de pluie de samedi dernier stagne encore. De l’autre côté de la station d’essence, les gens font des va-et-vient, tout en évitant de se retrouver au fond de ces précipices qui pourraient constituer un grand danger pour la population.

Le Témoin

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