Abdoul Mbaye a dénoncé d’abord ce qu’il qualifie de « violences perpétrées par Macky Sall sur son peuple » avant d’appeler à identifier les nervis afin de les mettre entre les mains de la justice
A Rufisque ce week-end pour rendre hommage à Souleymane Guèye Cissé, défunt secrétaire général de la LD/Debout, avec qui il partageait le Congrès de la renaissance démocratique, l’ancien Premier ministre et président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT) s’est prononcé sur les violences qui ont émaillé la tournée du chef de l’Etat au nord du pays et la forte présence de nervis. Abdoul Mbaye a dénoncé d’abord ce qu’il qualifie de « violences perpétrées par Macky Sall sur son peuple » avant d’appeler à identifier les nervis afin de les mettre entre les mains de la justice. Toute la question est de savoir quelle justice…
Le Témoin – Le champ politique national est marqué par une certaine violence. Est-ce selon vous un recul démocratique ?
Abdoul MBAYE – Nous vivons un recul démocratique terrible sous le magistère de Macky Sall. Il n’y a pas que çà. C’est une violence multiforme contre les Sénégalais. Le président présente ses tournées comme ayant un caractère économique mais ce sont des tournées politiques aux frais du contribuable sénégalais. Le chef de l’Etat fait de la politique avec l’argent de l’ensemble du peuple sénégalais. C’est ça, la première violence. La seconde violence, c’est que nous sortons à peine d’une pandémie et ce n’est pas encore certain. Dans tous les pays qui se respectent, on en sort graduellement avec des étapes. Ici, c’est le chef de l’Etat qui donne l’exemple dans le mauvais sens et qui crée des rassemblements monstres. C’est comme cela qu’il va protéger la santé des populations ? C’est une violence sur la santé des populations. Et enfin il y a les violences physiques. Qu’est-ce que c’est ces histoires de nervis qui sortent des jeunes et des enfants de leurs domiciles et qui les battent ? J’en appelle au respect du droit et à la légitime défense. Il faut que l’on s’organise pour identifier ces nervis, publier leurs photos sur le net, retrouver leurs domiciles, aller les chercher et les livrer à la Police. C’est devenu inadmissible et les forces républicaines de défense et de sécurité ne doivent pas rester inertes. Il faut attirer l’attention du chef de l’Etat sur tous les risques qui sont pris ce faisant.
« Fouta Tampi » crient certains dans d’autres régions du pays comme pour dire que ce n’est pas le Fouta seulement qui souffre. Que vous inspire ce cri de détresse ?
Le juge Kéba Mbaye l’avait dit en 1981 : le Sénégal est fatigué. Cela fait 40 ans maintenant. Ce n’est pas nouveau. Malheureusement, tant que nous ne serons pas sortis de cette manière de faire de la politique — une sortie à laquelle nous avait conviés Souleymane Guèye Cissé —, on ne sortira pas de l’auberge. On aura par contre des milliardaires et des hommes très riches comme certains de nos présidents et d’autres personnes autour d’eux mais la pauvreté ira crescendo. Cà, je n’ai aucun doute là-dessus.
Les locales pointent à l’horizon. Qu’elle est la formule qui vous convient le mieux, à vous de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail ?
L’opposition se condamne à perdre les élections si jamais elle n’est pas dans une unité la plus large possible. L’unité, c’est notre meilleure arme contre la majorité. Il faut construire des coalitions très larges. Nous y appelons depuis novembre. Ce n’est pas toujours facile puisque, dans l’opposition, il y a des stratégies personnelles où on considère que l’on peut aller tout seul. Ce serait une grave erreur de le faire. On tâche de bâtir des coalitions mais, au-delà de ça, chacun sait ce qu’il représente. Nous avons lancé la machine au niveau du Congrès de la renaissance démocratique et nous restons ouverts vers Jotna et, dans moins d’une semaine, nous allons rentrer dans une dynamique unitaire. Nous espérons que cela va s’étendre. Nous appelons l’ensemble des mouvements citoyens à venir nous rejoindre. Il nous faut nous inscrire dans cette dynamique unitaire si nous souhaitons gagner.