Après l’arrêté du préfet de Mbour d’interdire aux paysans de Djilakh, de Ndingler et à Babacar Ngom de la Sedima de cultiver sur les 80 hectares objet de litige entre ces différents protagonistes, les populations de Ndingler ont tenu ce week-end, un point de presse pour avertir les autorités qu’ils vont cultiver sur cet espace dès les premières pluies.
La population de Ndingler va cultiver sur les 80 hectares objet de litige dès les premières pluies. Face à la presse ce week-end, les paysans ont montré leur détermination à cultiver cette année sur cet espace, bravant ainsi l’arrêté du préfet du département de Mbour.
Selon Malick Dione, habitant de Ndingler, lors des événements de l‘année dernière, les ministres Aly Ngouye Ndiaye et Abdou Karim Fofana avaient fait le déplacement de Ndingler et avaient demandé aux paysans d’exploiter les champs pendant l’hivernage. «Ce que nous avons fait et nous nous sommes retrouvés avec de bonnes récoltes cette année. Ensuite les négociations devaient continuer. Et lorsque les populations sont allées reprendre le travail pour débroussailler et préparer la saison des pluies, il y a eu un incident entre elles et les hommes de Babacar Ngom. C’étaient six paysans qui avaient en face d’eux, une quarantaine d’ouvriers de Babacar Ngom, ce qui avait occasionné un blessé grave qui a été évacué à l’hôpital de Thiès», a rappelé le vieux Malick Dione.
Mais la tournure des événements pousse ce dernier à montrer son amertume. «Dans ce dossier, on n’a eu aucun soutien des autorités de la mairie ou du département. Ce que nous déplorons parce que si un ministre de la République donne des instructions à des paysans et que des incidents aient lieu, ces autorités devraient réagir. Parce que les populations se sont rendues sur place sur autorisation des ministres. La seule action que nous avons notée, c’est la suspension décidée par le préfet sur 80 hectares qui prive les populations de son exploitation. Au même moment, Babacar Ngom exploite une superficie qui dépasse 250 ha. Parce que nous n’avons jamais mis les pieds dans le domaine qui fait l’objet du litige et nous ne nous y rendrons jamais. Le préfet a suspendu seulement 80 ha alors que nous considérons qu’il devait le faire pour tout le titre foncier. Nous considérons donc que l’arrêté préfectoral est en faveur de Babacar Ngom qui continue d’exploiter et au détriment de la population.»
En plus de cela, les paysans ne comprennent pas qu’au même moment le président de la République distribue des bourses de sécurité familiale, il octroie des terres pour l’agro-business. «S’il distribue ici 2000 bourses et qu’au même moment, les terres ne sont pas exploitées, la population sera gagnée par la famine. Parce qu’elle n’a rien pour se nourrir si ce n’est le produit de la terre», fustige Malick Dione.
Les populations de Ndingler mettent en garde les autorités sur les conséquences que cette décision pourrait engendrer. «La réunion avec le préfet était préfabriquée. Il nous disait que si on ne pouvait pas avoir une alternative, il ne pourrait pas tenir la rencontre. Nous lui avons dit que nous n’en avions pas et nous lui avons rappelé que ce nous disons depuis des années, c’est pouvoir entrer dans nos terres, cultiver pour nourrir nos familles. Comment pouvons-nous nourrir les enfants si on ne cultive pas ? Voilà pourquoi il n’y a jusqu’à présent pas de négociations. On n’attend pas l’année prochaine pour des négociations. Si la pluie tombait aujourd’hui, on se rendrait aux champs demain pour cultiver», tranche de façon catégorique Malick Dione.
Pour Ablaye Dione, le jaraaf Ndingler, la population est fatiguée et n’a plus d’espoir. D’ailleurs, il a déclaré ne plus être capable de retenir la population, si toutefois il y aurait des affrontements entre les deux villages. «On est fatigués, on n’a plus d’issue. L’année dernière, le sous-préfet de Sindia m’avait fait part de ses craintes qu’il y ait affrontement ici. Je l’avais rassuré en lui disant qu’il n’y en aurait pas si chacun respecte la propriété de l’autre. On était en ce moment dans mon champ.
C’est après qu’on nous a demandé de cultiver nos champs et nous avons eu de bonnes récoltes de mil, d’arachide, d’haricots, etc. Maintenant, nous avons décidé de repartir aux champs pour préparer l’hivernage qui se profile à l’horizon. Parce qu’on nous avait demandé d’attendre une décision de l’autorité que nous n’avons toujours pas», a averti le Jaraaf.
Les paysans de Ndingler accusent le président de la République dont la voix est primordiale dans ce dossier. «S’il avait décidé que nous allions aux champs, nous y serions dès demain. Qu’ils nous remettent nos terres pour que nous puissions y cultiver. Babacar Ngom ne vaut pas mieux que nous. On est à bout et nous sommes prêts à retourner sur ces terres pour cultiver. Nous nous rendrons sur place dès la tombée de la première pluie, quel qu’en soit le prix», a déclaré Féhel Ndour, au nom des femmes de Ndingler.
Par Alioune Badara CISS( Correspondant) –