Macron giflé, Macky Insulté: des Chefs d’Etats banalisés

par pierre Dieme

Le Président français Emmanuel Macron a reçu, avant-hier,  une raclée, qui a fait le tour des réseaux sociaux et occupé les médias du monde entier.

Heureusement, l’homme n’en a cure et tente de minimiser cet incident regrettable et non isolé. Bien sûr, l’acte de cet extrémiste ne fera qu’augmenter la cote de popularité de Macron qui en a bien besoin. Mais, au moment où on ne gifle même plus ses enfants, certains osent porter la main sur la plus haute autorité de l’Etat. Dans tous les cas, il n’est pas le seul à subir des humiliations du fait de sa posture de Chef de l’Etat.

Ici, chez nous, le Président Sall a essuyé, fréquemment, des injures, via les réseaux sociaux. Des actes de défiance que subissent beaucoup de Chefs d’Etat et de gouvernement à travers le monde. En Afrique du Sud, l’ancien Président Zacob Zuma, lorsqu’il était en fonction avait été attrait devant la Justice et devait aussi à une quinzaine de chefs d’inculpation. Il faut dire qu’il avait prêté le flanc.

Les Chefs d’Etat Alpha Condé de la Guinée et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire ont été cloués au pilori dans leurs pays et dans tous les réseaux sociaux et les médias du monde entier pour avoir osé franchir la ligne rouge du troisième mandat.

Au Mali, un Colonel et ses ouailles se permettent de débarquer, à leur guise, les Présidents de la République (Ibrahima Boubacar Keïta et Bah Ndaw). En Afrique du Nord, les prétends arabes ont balayé de nombreux régimes dont certains comme celui de Mohamed Morsi en Egypte n’ont pas survécu aux contradictions internes du pays.

Bien sûr, la liste est loin d’être exhaustive. Comme on le sait, les exigences démocratiques poussent de nombreux leaders à descendre de leurs piédestaux et envisagent de faire comme ‘’Monsieur tout le monde’’ dans un souci de préservation de leurs images. Les exigences électoralistes poussent beaucoup de leaders de haut niveau à désacraliser la fonction de Chef de l’Etat en la démystifiant à loisir.

Une situation qui ne fait que banaliser davantage cette fonction, exposer ses acteurs à la furie des foules et à de nombreux dangers. En Afrique, Thomas Sankara a été l’un des premiers, dans les années 80, à penser qu’un Chef de l’Etat est comme tout le monde. Il jouait au football et s’exposait en public comme Daouda Diawara en Gambie. La suite, on la connait…

Or, il est important que les Chefs de l’Etat comprennent qu’ils sont certes des hommes comme les autres, mais qu’ils doivent conserver un degré de mysticisme qui les préserve d’une banalisation suicidaire.

Le Président de la République n’est pas un homme ordinaire ce qui, dans tous les cas, ne doit pas en faire un dictateur autoritaire. Tout l’art de la gouvernance est justement dans cette exigence de rester ouvert tout en évitant de banaliser la fonction. Pour ce faire, il faudra éviter de prendre des initiatives populistes, inutiles et dangereuses.

Si toutes les institutions et les services fonctionnent correctement, le Chef de l’Etat n’a pas besoin de s’exposer tout le temps. Il est certes la clef de voûte des institutions, il a certes besoin d’être en phase avec le peuple, mais à un certain degré de responsabilité, il doit savoir prendre le risque d’être impopulaire.

Nous restons convaincus qu’un Président doit rester au-dessus de la mêlée. Les inaugurations, les bains de foule, les pas de danse, les gestes extravagants, les énervements, les menaces, les dépenses ostentatoires, les sorties fréquentes et autres ne sont que des maladresses.

Ceux qui ne sont pas au-dessus de la mêlée ne peuvent pas échapper aux huées. Malheureusement, dans nos sociétés modernes, les institutions ont été désacralisées, les fonctions banalisées, les personnes qui les incarnent souvent humiliées avec des conséquences graves sur notre crédibilité à tous.

Ceux qui ne savent pas respecter leurs autorités ne se respectent pas eux-mêmes. La violence physique et verbale revient en force dans nos mœurs. Un signe des temps qui traduit nécessairement une forme de déclin de cette civilisation universalisée avec internet comme vecteur.

La démocratie de type occidental épuise de plus en plus ses limites et amorce un déclin qui doit nous pousser à réinviter notre mode de vie en commun aussi dans les relations entre citoyens mais également entre les citoyens et les autorités.

Il est dommage qu’au moment où les connaissances se généralisent parce qu’accessibles à tous avec les nouvelles technologies, les gens deviennent de plus en plus incultes et violents.

On peut et  on doit critiquer les autorités et il est fréquent de ne pas être d’accord avec elles notamment sur leurs orientations, mais c’est un devoir et un impératif national de les respecter. Car les respecter, c’est se respecter soi-même.

Assane Samb

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