Le gouvernement fait dans le clair-obscur

par Dakar Matin

Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique et son collègue en charge des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires ont tenu hier, jeudi 3 juin, une conférence de presse consacrée au nouveau redécoupage de la région de Dakar avec la création du département de Keur Massar. Cette rencontre de près d’une heure s’est cependant achevée sur un goût d’inachevé, notamment en ce qui concerne les impacts de cette nouvelle réforme sur le calendrier déjà très tendu des prochaines élections locales mais aussi sur la répartition du nombre de députés qui sera alloué à ce nouveau département de Keur Massar dont la taille démographique est non négligeable lors des prochaines législatives.

Le Gouvernement du Sénégal a fait face à la presse hier, jeudi 3 juin, pour donner les contours du nouveau redécoupage administratif de la région de Dakar.

Animée par Antoine Felix Abdoulaye Diome, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, et son collègue, Oumar Guèye, ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, Porte-parole du gouvernement, cette séance de partage du contenu du décret n°2021-687 du 28 mai portant création du département de Keur Massar et celui n°2021-687 du 28 mai 2021 consacrant les nouvelles limites de communes dans le départements de Keur Massar, Guédiawaye, Pikine et Rufisque n’a pas, cependant permis de lever toutes les inquiétudes qui entourent cette réforme administrative qui continue de cristalliser les attentions au plan politique.

Et pour cause, les deux ministres qui sont largement revenus sur les « avantages » de ce redécoupage qui obéit, selon Antoine Diome, « à une logique de cohérence territoriale mais également d’efficacité dans l’action administrative pour une meilleure prise en charge des préoccupations des populations», se sont tout simplement gardés d’aborder des questions pourtant très précises relatives aux conséquences qui découleront de la mise en œuvre de cette réforme, notamment sur le calendrier déjà très tendu des prochaines élections locales mais aussi sur la répartition du nombre de députés qui sera alloué à ce nouveau département de Keur Massar dont la taille démographique est non négligeable, pour les prochaines législatives.

Comment le gouvernement vat-il s’en prendre pour rééditer à temps les cartes d’électeurs pour tous les citoyens impactés par ce redécoupage avant la date des élections municipales et départementales du 22 janvier 2022 ?

Quel est le nombre de députés qui sera affecté au nouveau département de Keur Massar? Ce nombre va-t-il être soustrait du quota alloué aux départements de Pikine, Rufisque, Dakar ou bien le gouvernement a-t-il prévu d’augmenter le nombre de députés de l’Assemblée nationale?

Qu’en est-il également de l’avenir du Conseil départemental de Rufisque auquel faisait partie certaines collectivités territoriales rattachées aujourd’hui à Keur Massar ?

La mise en œuvre de cette réforme en cette veille de l’organisation des élections municipales et départementales ne va-t-elle pas impacter négativement sur le calendrier déjà tendu de ces échéances ?

Après avoir recensé toutes ces interpellations, le ministre de l’Intérieur s’est tout simplement contenté d’évoquer dans ses éléments de réponse le premier point relatif à la réédition des cartes d’électeurs à temps pour tous les citoyens impactés par ce redécoupage avant la date des prochaines locales de janvier 2022.

Aussi a-t-il dit : «C’est vrai que la date des élections locales est fixée à Janvier 2022 et dans ce cadre-là, il y a un processus qui va nous y mener. Le code électoral fixe chaque étape. Concernant la réédition de la carte électorale, quand elle doit intervenir par la suite d’une révision exceptionnelle des listes, de nouvelles mesures seront prises. Je voudrais préciser que nous avons une administration électorale dépendante du ministère de l’Intérieur qui a une expérience avérée de l’organisation des élections, qui a une très longue tradition quant à la maîtrise de tout ce qui se rattache à de telles opérations ».

Pour ce qui concerne les autres points, les deux ministres ont tout simplement opté pour un silence autour de ces interrogations avant de mettre contre toute attente fin à leur séance d’explication sous prétexte qu’ils doivent se rendre en réunion du Conseil des ministres. Une attitude qui va certainement conforter d’avantage les pourfendeurs de ce redécoupage qui voient en cette décision une stratégie qui vise juste à créer les conditions d’un nouveau blocage du dispositif d’organisation des prochaines locales en vue de justifier un autre énième report de ces élections, déjà décalées à quatre reprises.

NANDO CABRAL GOMIS

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