Pourquoi l’Armée cible les bases d’un César Atoute Badiate, «favorable à la paix»

par pierre Dieme

L’on en sait un peu plus sur les raisons d’une offensive militaire contre les positions de César Atoute Badiate. Entre la volonté du chef rebelle César Atoute Badiate de cheminer vers la paix et les agissements de ces «éléments incontrôlables» ; la sentence est tombée depuis dimanche dernier. L’Armée sénégalaise pilonne les bases rebelles de Bouniak et Kassolole, contrôlées par César Badiate, situées dans l’arrondissement de Niassya (région de Ziguinchor) pour mettre fin aux agissements d’éléments armés et incontrôlables qui y impriment leur loi et sécuriser la zone pour le retour des populations déplacées.

L’Armée qui bombarde les grandes bases rebelles de Bouniak et Kassolole, contrôlées par César Badiate, veut nettoyer complètement la zone et neutraliser toutes velléités de banditisme perpétrées par des éléments armés dans la zone. Favoriser le retour des populations déplacées, rouvrir les pistes de production qui se heurtent souvent au «véto» du commandement de Kassolole, tels sont les principales raisons d’un «acharnement militaire» sur les positions du chef rebelle, à travers cette nouvelle opération de ratissage dans la zone. En enclenchant les opérations de ratissage dans l’arrondissement de Niassya (département/région de Ziguinchor), l’Armée Sénégalaise envoie un message clair aux bandes armées. Tous ceux qui prônent pour la paix doivent déposer les armes et quitter la brousse, c’est le langage militaire que semble lancer l’Armée aux éléments armés. Car, comment comprendre que certains chefs rebelles qui se disent favorables à la paix soient la cible de bombardement de l’Armée ? Une question qui trouve toute sa pertinence dans les agissements de certains éléments armés incontrôlés qui sèment la terreur et qui font la loi dans cette zone qui abrite des bases rebelles. Des sanctuaires rebelles pilonnés, depuis dimanche 30 mai 2021, par l’armada militaire.

EN FINIR AVEC TOUTES LES VELLEITES DE BANDITISME ET NETTOYER LA ZONE D’ELEMENTS ARMES

Neutraliser toutes velléités de banditisme et nettoyer la zone d’éléments armés, c’est le pari que se fixe la grande muette qui, selon certaines indiscrétions militaires, veut en finir avec ces individus armés qui ont fait de cette partie sud du pays leur zone de prédilection. Les bases de Bouniak, Kassolole, bombardées, ces opérations de ratissage permettent de remettre le schéma déjà dessiné dans l’autre partie du Balantacounda (département de Goudomp, région de Sédhiou) où des bases rebelles de Sikoune, Boussoloume, Badiome ont démantelées. Les ex-pensionnaires de ces bases chassés, de forts soupçons de les retrouver de l’autre côté étaient persistants. D’où cette nouvelle phase des opérations de ratissage. Ajouter à cela la volonté des populations de retrouver leurs terres abandonnées depuis des années. Le processus de retour des populations, dans cet arrondissement de Niassya, qui se heurte souvent au refus des bandes armées qui ont fini de faire de ces villages abandonnés depuis et presque «rayés» delà carte leurs sanctuaires. Appliquer à cela la construction de pistes de production qui s’est souvent heurté au «véto» du commandement de César Atoute Badiate qui brandit l’argument non convaincant de la protection de ses bases. Car, avec la construction de pistes, ces bases sont exposées à d’éventuels assauts de l’Armée sénégalaise.

METTRE FIN A UN DOUBLE JEU : LA VOLONTE DE PAIX DU CHEF REBELLE QUI DIVERGE DES AGISSEMENTS DE SES ELEMENTS

Face à cette situation «désobligeante» l’Armée veut sécuriser totalement ces zones et démanteler définitivement ces bases. Ces opérations de sécurisation se poursuivent et les militaires déployés sur les lieux avancent à grands pas. Si des poches de résistance avaient ralenti cette progression, au tout début des opérations, dimanche, une source nous révèle que la progression vers les grandes bases se fait sans grandes difficultés, même si des tirs sporadiques venant des bandes armées sont souvent notés. Toutefois, les positions satellites de ces bases sont conquises par les commandos et autres fantassins déployés sur le champ de bataille. Difficile, pour l’heure, d’établir un bilan de cette opération militaire enclenchée depuis dimanche dernier. Les populations du village de Bassère ont été même déplacées par l’Armée pour mieux avancer. Ces populations de ce village, l’un des 25 villages de la commune de Niassya, pourraient retrouver d’ailleurs leurs contrées dans les prochains jours.

UNE NOUVELLE TOURNURE POUR LE PROCESSUS DE PAIX

Les positions du chef rebelle César Atoute Badiate, cibles de l’Armée, le processus de paix prend une nouvelle tournure. Entre les décisions du chef rebelle et les agissements des éléments armés sur le terrain, la réalité est toute autre. Des exactions, des raquettes, des enlèvements sont souvent perpétrés par des éléments incontrôlables qui impriment leur loi. Il ya quelques années dans cette même zone de l’arrondissement de Niassya, douze (12) démineurs avaient été enlevés par des éléments armés favorables au chef rebelle César Atoute Badiate. Des négociations avec le commandement de Kassolole avaient finalement permis leur libération. Alors doit-on laisser ces genres de situation perdurer ? S’interrogent certains ici qui s’expliquent difficilement un tel état de fait aux allures de double jeu. La réalité politique de l’évolution du processus de paix est différente de la réalité militaire sur le terrain. Partagées entre psychose née du crépitement des armes et le désir de paix, les populations attendent de voir l’évolution des choses. Mais, une évidence cependant, l’aspiration principale des populations réside dans la sécurisation et la pacification de leurs villages pour permettre à ces même populations meurtries par des années de conflit de vivre sereinement dans une région où ces opérations de sécurisation, vont à coup sûr, secouer le processus de paix en Casamance .

Ignace NDEYE

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