Barthélémy Dias, tout en calcul !

par pierre Dieme

La déclaration de candidature de l’édile de Mermoz Sacré-Coeur pour la mairie de la ville de Dakar, aux élections locales du 23 janvier 2022, ne cesse de susciter moult réactions et analyses. Un positionnement qui intervient au moment où la coalition à laquelle il appartient, Taxawu Ndakaru, est en pleins pourparlers avec certaines formations de l’opposition, mais aussi et surtout, au moment d’un supposé audit de l’Inspection générale d’Etat (Ige) dans la commune qu’il gère, depuis 2009.

«Malaise autour de la candidature de Dias-fils“, commente le site Pressafrik.com. ‘’Les risques d’une échappée solitaire’’ du maire de Mermoz, ou encore ‘’Ce serait une aventure très dangereuse pour lui’’, analyse Walf Quotidien qui cite un de ses observateurs. Ces commentaires de la presse, laissant croire à l’existence d’une brouille entre Barthélémy Dias et son allié Khalifa Sall dans “Taxawu Ndakaru“, font suite à la sortie du maire de Mermoz Sacré-Cœur, qui a crié urbi orbi sa candidature et de manière fracassante. «Dakar est notre base politique. Nous sommes candidats à la mairie de Dakar et c’est notre droit le plus légitime. Personne ne m’empêchera d’être candidat à la mairie de Dakar», avait déclaré Dias-fils, le 17 mai dernier. Cette officialisation de sa candidature, au moment où sa coalition est en pleine discussion avec certains partis de l’opposition pour la formation d’un «front unique de l’opposition», sonnerait pour certains comme un désaveu de la démarche entreprise par son mentor, ancien député maire de la ville de Dakar.

En effet, il se susurre que Khalifa Sall voudrait que toute candidature soit discutée en interne, avant d’être proposée à la grande coalition de l’opposition en gestation. L’ancien édile de Dakar, révoqué de son mandat par décret présidentiel à cause de sa condamnation, aurait estimé qu’il revient aux membres de la Coalition de choisir, de façon collégiale, celui qu’ils estiment être à-même de remporter le plus de postes de conseillers. Cela, avant d’en discuter avec l’opposition au sein de la plateforme en formation. Une disgrâce avec son mentor que réfute le «tonitruant» maire. Cité par Vox Populi, il dira qu’«il ne peut y avoir de clash entre Khalifa Sall et moi». Comme raison avancée, “Barth“ précise que «je lui dois ce que je suis devenu aujourd’hui. J’aurais pu faire cavalier seul, créer un mouvement ou un parti, mais j’ai choisi d’être avec Khalifa Sall et j’ai accepté qu’il soit mon leader».

LE COUP DE POKER

Si les deux hommes politiques sont toujours sur la même longueur d’ondes, malgré cet «écart» par rapport à la démarche unitaire de “Khaf“, il demeure évident que cette déclaration de candidature a une autre visée politique. Quid de la supposée visite de l’Inspection générale d’Etat (Ige) à la municipalité de Mermoz Sacré Coeur, annoncée par ledit maire ? Barthélémy Dias ne serait-il pas dans la logique de faire pression contre le régime et/ou de préparer l’opinion sur d’éventuelles poursuites judiciaires qui l’empêcheraient de présenter sa candidature ? Le moins que l’on puisse dire, lors de son dernier face à face avec la presse, il a été formel. «Je serai candidat à la mairie de Dakar. Macky Sall ne m’en empêchera pas. Je ne suis pas avec Macky Sall et je ne serai jamais avec lui mais, je serai candidat pour la mairie de Dakar», avait-il prévenu sans ambages.

Un tel procédé avait été utilisé à l’époque par le Parti démocratique sénégalais (Pds), lors du procès de Karim Wade et compagnies pour enrichissement illicite. A 48h du verdict de la Crei, le 21 mars 2015, le Pds de Me Abdoulaye Wade avait désigné Karim Wade comme son candidat à la présidentielle de 2017, dans le but d’asseoir ses critiques contre un procès qu’il juge «politique». Même son mentor avait usé de cette stratégie, lors de son procès dans le cadre de la «Caisse d’avance» de la ville de Dakar.

Sentant que les carottes étaient cuites, suite à la décision du juge Demba Kandji de joindre au fond du dossier les exceptions de nullités soulevées auparavant par ses avocats pour lui tirer d’affaire, après une condamnation en première instance, Khalifa Sall avait fait publier, du fond de sa cellule de Rebeuss, sa déclaration de candidature à la présidentielle de février 2019. Que nenni. Le procès a été mené jusqu’au bout, comme ce fut le cas pour celui de Karim Wade.

JEAN MICHEL DIATTA

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