Dans «l’enfer» des minibus TATA

par pierre Dieme

Les minibus Tata, à Dakar, restent un moyen de transport très utilisé par les voyageurs. N’empêche, ils créent parfois des désagréments et souvent, des situations malheureuses y sont déplorées entre chauffeurs, clients et receveurs. Pis, les nombreux embouteillages sont souvent à l’origine de la rareté des rotations, entrainant des bousculades au niveau des arrêts bondés de monde et des surcharges avec leur cortège de maux qui ont pour noms: vol, retards à l’école ou au boulot, attouchements (souvent à caractère sexuel), tensions… La ligne 29 reliant Cambérène à Dakar en est une parfaite illustration, parmi tant d’autres desservant la banlieue.

Un groupe d’ouvriers, tout en sueur, fait soudainement irruption dans le minibus. La très forte odeur se dégageant de leur tenue de travail ne les gêne pas, même si, à la limite, elle empêche des usagers trouvés dans le car de respirer, sous cette chaleur qui commence à être insupportable, dans des minibus bondés de monde aux heures de pointe. Nous sommes dans un des cars de la ligne 29 des minibus Tata, assurant la desserte Cambérène-Dakar, via le rond-point Case-bi, Police Parcelles Assainies, Grand Yoff, le rond-point Liberté VI, les deux voies de Sacré-Cœur, la VDN, les avenues Cheikh Anta Diop et Blaise Diagne.

A l’image des voitures de cet itinéraire, des usagers souffrent le calvaire dans les cars sur toutes les lignes ou presque qui relient la banlieue dakaroise au centre-ville, surtout aux heures de grande affluence ou lors des grands événements. Ces moyen de transport parmi les plus utilisés par des Dakarois, parce que accessibles et assurant un maillage presque complet des quartiers, créent des fois des désagréments et des situations malsaines y sont déplorées, entre chauffeurs, clients et receveurs.

En effet, les nombreux embouteillages sont souvent à l’origine de retard des rotations, entrainants des bousculades au niveau des arrêts bondés de monde et des surcharges. Et bonjour les vols, attouchements (souvent à caractère sexuel), les tensions…

Quid des retards causés aux élèves, étudiants et travailleurs ? C’est le cas par exemple dans ce car de la ligne 29 qui se dirige vers Cambérène ; rempli de clients, sous un soleil étouffant, chacun essaie de sauver sa peau face aux bousculades et grondement assourdissant de moteurs de voitures et autres bruits. Pour certains, cette situation s’explique par le fait que les minibus Tata représentent un moyen de transport accessible à tout le monde, vu que les tarifs sont raisonnables et sont à la portée de tous. C’est le cas de ce client du nom d’Abdou Touré. «Vraiment, les bus Tata nous aide beaucoup parce que la vie à Dakar est trop cher ; tout le monde n’a pas les moyens pour prendre un taxi», affirme-t-il.

RETARDS, SURCHARGES, VOLS, BOUSCULADES… ET ATTOUCHEMENTS SEXUELS DANS LES MINIBUS

Le sac en bandoulière, la demoiselle debout devant nous est une étudiante du nom de Fanta Diallo. De teint noir et de taille moyenne, les cheveux crépus, elle nous fait savoir : «je subis des retards répétitifs, à chaque fois». Pis, comme elle, nombreux sont des élèves et étudiants qui subissent le même sort pour se rendre à leurs écoles/établissements. Et comme si ces désagréments ne suffisaient pas, à l’intérieur de ces minibus, les passagers, en plus des bousculades et la promiscuité, sont également confrontés à l’insolence de certains chauffeurs et receveurs. «Souvent, des receveurs soutiennent ne pas avoir de la monnaie. De plus, les chauffeurs ne respectent pas les arrêts et prennent les clients n’importe comment et n’importe où», s’indigne Fatou Diouf, commerçante. «On n’a même parfois des problèmes de respiration dans les bus», fait remarquer Kiné Badiane, vendeuse de parfum. «Les filles éprouvent plus de difficultés dans ces bus car elles sont souvent sujettes à des attouchements et autres actes indécents», déplore-t-elle. Au delà de la surcharge pouvant créer des bousculades que vivent les clients et leurs transporteurs, des voleurs profitent de la situation. Téléphones, portemonnaies, bijoux de valeur des femmes et des filles (portés ou non), sont entres autres objets souvent dérobés quand il y a surcharge. C’est un phénomène très fréquent dans ces transports en commun.

INDISCIPLINES, INJURES ET BAGARRES RECURRENTES

Aussi constate-t-on souvent des bagarres entre receveurs et clients, des injures venant de ces derniers. Ce chauffeur de minibus qui faisait la navette entre Ouakam et Guédiawaye déclare ainsi que «ce n’est pas facile de conduire un bus Tata. Il y a la pression, parfois même on vous insulte», explique le chauffeur. Pour cette dame, le seul problème, ce sont les surcharges. «Parfois les bus sont bondés et cela n’est pas sûr. A mon avis, il faut respecter la charge normal», martèle Diarra Samb. Par ailleurs, la receveuse, vêtue d’un wax noir assorti d’un voile bleu sur la tête, interpelle et appelle au respect et à la discipline les clients. «Souvent on est confronté à des insultes, des bagarres ; on n’a pas autre choix que de continuer ce travail. C’est notre source de revenus», a-t-elle affirmée.

Les usagers de la ligne 29 et ceux des autres vivent tous ces problèmes. Pis, toutes les minibus Tata ou presque desservant la banlieue en souffrent. C’est pourquoi, au niveau de certaines lignes, les usagers s’organisent déjà. C’est le cas de la ligne 42 où pour éviter des bousculades, facilitant des cas de vols et autres incidents, les passagers se mettent en rang au terminus, pour embarquer dans les cars paisiblement. Il faut suivre une longue queue, formée par ordre d’arrivée, pour espérer avoir une place assise dans un véhicule de cette ligne. En gros dans les transports en commun notamment les minibus tatas, les passagers rencontrent de nombreuses difficultés, les retards sont récurrents du fait de chauffeurs et leurs receveurs qui n’en font qu’à leurs têtes, sans aucun respect pour les passagers à bord vaquant à leurs occupations et dont le seul souhait est d’arriver à destination à temps. Des pertes de temps qui ne sont souvent pas sans conséquences néfastes parfois.

Mame Marème FAYE (Stagiaire)

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