De Saint-Louis à Ziguinchor à Fatick, Kaffrine, Lingère, Tamba et Kolda, les responsables de la majorité présidentielle ne cachent pas leurs appétits et se montrent prêts à en découdre y compris avec leurs camarades de parti ou de coalition
Les différents états-majors politiques préparent activement les prochaines élections locales prévues le 23 janvier 2022. Mais ce ne sera pas une partie de plaisir pour la mouvance présidentielle minée par des rivalités internes dans plusieurs localités. De Saint-Louis à Ziguinchor en passant par Fatick, Kaffrine, Lingère, Tamba et Kolda, les responsables politiques ne cachent pas leurs appétits et se montrent prêts à en découdre y compris avec leurs camarades de parti ou de coalition.
A Kaffrine, les partisans du maire sortant Abdoulaye Wilane et du ministre de l’Urbanisme, Abdoulaye Sow n’hésitent pas à s’attaquer frontalement. Le porte-parole du Parti Socialiste soupçonne Abdoulaye Sow de trop lorgner son fauteuil et n’a pas hésité à se radicaliser. Il ajoute d’ailleurs que Macky Sall privilégie l’Apr au détriment des autres formations de la mouvance présidentielle. Ce qui n’a pas été du goût du ministre Sow qui lui a apporté la réplique en lui demandant de se ressaisir. Les partisans de l’ancien Dg du Coud vont plus loin et soutiennent que l’actuel maire de Kaffrine est un adepte du terrorisme médiatique en mal de popularité et obnubilé par la reconquête du leadership. Ainsi, il lui demandent de faire amende honorable dans la région «totalement acquise» à Macky Sall. Cet affront a fait ressortir de leurs gonds le collectif des cadres socialistes de la localité qui s’érigent en boucliers autour du maire Abdoulaye Wilane. Ils ont tiré à boulets rouges sur le ministre de l’Urbanisme, Abdoulaye Saydou Sow et ses partisans. Ce qui révèle de vives tensions dans la zone dues à l’appétit des différents responsables de Bby pour la localité. Pendant ce temps, à Fatick (fief du Président Macky Sall), les membres du parti présidentiel affûtent leurs armes. Cette ville fait l’objet de nombreuses convoitises.
Et les responsables de l’Apr de la zone, Birame Faye, Sorry Kaba et Cheikh Kanté, veulent tous récupérer la mairie des mains de leur camarade le ministre des Sports, Matar Ba. Jusque-là, c’est Dr Kanté, actuel envoyé spécial du chef de l’Etat, qui s’était le plus remarquer pour concurrencer Matar Ba dans la zone. Mais, deux nouvelles têtes sont venues se dresser contre le ministre des Sports. Il s’agit de Sory Kaba, ancien-directeur des Sénégalais de l’Extérieur et de Biram Faye, Dg de l’Asp. Ce dernier se montre plus téméraire et a déjà averti ses camarades du pouvoir. Une bataille en perspective !
TAMBA, ZIGUINCHOR, BIGNONA, KOLDA, LES BATAILLES DU SUD
A Tambacounda, on assiste au même scénario. Le député-maire et coordonnateur de l’Apr Mame Balla Lo aura certainement en face le DG de la Sicap, Mamadou Kassé et le ministre des Forces armées, Sidiki Kaba. Dans la région sud-est, ces responsables, tous des apéristes, se livrent une bataille sans merci. La violence s’est invitée dernièrement dans leurs rangs lors du panel de restitution du conseil présidentiel sur l’insertion et l’emploi des jeunes. En effet, des jeunes souteneurs de Me Sidiki Kaba et les partisans de Mamadou Kassé se sont livrés à un combat sans merci. Ceci a écœuré le maire Mame Balla Lo qui surveille bien ses arrières. Face à l’appétit débordant de ses camarades de parti, il a voulu leur remonter les bretelles. Il n’a pas raté Sidiki Kaba qu’il a accusé ouvertement d’être derrière tous les problèmes de l’Apr à Tambacounda et que depuis plus de 9 ans, ce dernier lui fait la guerre.
Au même moment, le Dg Sicap Mamadou Kassé ne cesse de réitérer sa candidature. Il profite de ce différend entre les deux hommes pour se frayer un chemin. Mamadou Kassé indique que leur formation à Tambacounda est minée par des contradictions internes et plaide pour que les mutations générationnelles fortes qui sont en train de s’opérer dans le paysage politique au niveau local se poursuivent. Une manière de tirer la couverture à lui. En Casamance, la bataille va être également rude.
A Ziguinchor, au-delà des menaces de Pastef qui a pris beaucoup de terrain à la mouvance présidentielle, il faut relever que la division des responsables a contribué également à affaiblir la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). Les apéristes Benoit Sambou, président de la Commission nationale du Dialogue des Territoires (CNDT), et Doudou ka, Directeur Général de la société de projets Aéroport International Blaise Diagne San n’ont jamais caché leur intention de déboulonner le maire sortant, Abdoulaye Baldé. Malgré l’avènement de Sonko, ils continuent de se quereller. Tous les trois se disputent le leadership de Benno Bokk Yaakaar.
Du côté de Bignona, la razzia de Sonko semble ne pas faire peur aux responsables de la mouvance présidentielle. Au lieu de travailler pour un leadership fort, chacun travaille en solo. Le secrétaire général du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Aubain Sagna s’est engagé récemment en politique. Juste après sa rentrée politique, il a annoncé sa décision d’en découdre avec Mamadou Lamine Keïta qui a rejoint la majorité présidentielle. Aubin Sagna a ainsi soutenu que ses ambitions consistaient à reprendre la mairie des mains de l’ancien responsable du Pds.
A Kolda, on risque d’assister à un «remake» Bibi Baldé-Mame Boy Diao. Mais avec les locales de janvier 2022, cela prendra un cachet particulier surtout avec la récente alliance entre Mame Boy Diao et l’ex-libéral Fabouly Gaye. Ces derniers ont décidé d’unir leurs forces pour conquérir la mairie de Kolda. A coup sûr, le Dg de La Poste ne leur rendra pas la tâche facile.
Pendant ce temps, Moussa Baldé est aux aguets. Le ministre de l’Agriculture n’a pas souhaité éclairé la lanterne des Koldois sur sa candidature pour le moment. Mais ses partisans ne cessent de clamer qu’il est et reste le leader incontesté et incontestable de la région, du département de Kolda, y compris la commune de Kolda. Pas trop téméraire, il ne serait pas surprenant qu’il se range derrière ses «adversaires» au niveau local.
SAINT-LOUIS, PODOR ET LINGUERE, LE NORD VA JOUER SES PROLONGATIONS
Quittons le sud pour nous rendre au nord du Sénégal ! A Saint Louis, c’est le beau-frère du chef de l’Etat, Mansour Faye qui a le vent en poupe. Mais cela ne freine pas l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur Mary Teuw Niane qui ne cache plus son intention de pousser vers la sortie le ministre du Développement communautaire et de l’Equité sociale de l’hôtel de Ville de Saint-Louis. Depuis plus d’un an, le Professeur émérite de Mathématiques a déclaré sa candidature à ladite mairie. Il ne cesse d’ailleurs de travailler pour faire adhérer les citoyens de l’ancienne capitale à son projet.
Du côté de Linguère, le maire sortant et ancien ministre de l’Intérieur devra surveiller ses arrières au risque de voir le ministre de l’Elevage et des productions animales lui chiper son fauteuil. Ce n’est plus un secret de polichinelle que Samba Ndiobène Ka est intéressé par le fauteuil qu’occupe Aly Ngouille Ndiaye. D’ailleurs, ses partisans ont par le passé battu le fer avec ceux de Aly Ngouille Ndiaye pour des questions de positionnement. Les deux camps se regardent en chien de faïence en attendant la prochaine échéance. Il faut se rappeler que lors du référendum de 2016, à la suite de la publication définitive des résultats du scrutin référendaire du 20 mars, ils se disputaient la victoire du OUI sur le NON. A l’époque, Samba Ndiobène Ka avait d’ailleurs reproché au ministre-maire de Linguère Aly Ngouille Ndiaye de ne pas trop mouiller le maillot pour opérer une razzia dans le département.
A Podor, on risque d’assister à un «remake» de 2014 entre Mamadou Racine Sy et Aissata Tall Sall. A l’époque, le scrutin était serré entre les deux responsables. Les locales de de janvier 2022 constituent une bonne occasion pour Mamadou Racine Sy de prendre sa revanche. Quoi qu’il en soit, le Président Macky Sall a du pain sur la planche. Il devra procéder à un arbitrage sévère pour que sa majorité n’implose pas dans de nombreuses localités du pays.