Un nouveau procès contre Guillaume Soro s’ouvre aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Cette fois, l’ancien président de l’Assemblée nationale, qui a été condamné l’an dernier à 20 ans de prison pour blanchiment et recel de détournements de deniers publics, est poursuivi, en son absence et avec 19 de ses proches, pour complot contre la sûreté de l’État, participation à une bande armée, et détention illégale d’armes.
L’affaire commence le 23 décembre 2019, lorsque Guillaume Soro à bord d’un jet privé s’apprêtant a atterrir à Abidjan, fait soudainement dérouter l’appareil vers le Ghana, par crainte d’être arrêté à sa descente d’avion. Quelques instants plus tard, la police déferle sur le siège de son mouvement, GPS, et arrête une quinzaine de personnes dont l’ancien ministre Alain Lobognon en train de donner une conférence de presse. Quelques jours plus tard, le procureur Richard Adou s’explique : Guillaume Soro et certains de ses proches sont suspectés de fomenter une insurrection.
Au cœur du dossier de l’accusation, on retrouve un enregistrement audio de sept minutes dévoilé par le procureur. On y entend Guillaume Soro discuter avec un interlocuteur d’un projet « d’insurrection », de ses soutiens dans l’armée et parmi les anciens comzones, ou encore de projets de campagne de « communication pour discréditer le régime ». À cela s’ajoutent, selon le procureur, des armes saisies lors de l’enquête.
Des « magistrats inféodés au gouvernement »
Les avocats français de Guillaume Soro ont réagi hier mardi. Emmanuel Daoud, Charles Consigny, Robin Binsard et Affoussy Bamba, elle-même poursuivie dans ce dossier, ont publié une lettre expliquant pourquoi il refusent de participer à ce qu’ils considèrent comme un « simulacre de procès
Ils dénoncent des « magistrats inféodés au gouvernement ». Ils estiment que l’enregistrement brandi par le procureur est je cite « tronqué, truqué et issu d’une captation illicite réalisée par des mercenaires ». Quant aux armes en question « elles n’ont aucun lien avec GPS et à fortiori avec Guillaume Soro ».
Bref, selon les avocats de l’ancien chef rebelle, « la justice ivoirienne s’est rendue complice d’un règlement de compte politique visant à écarter Guillaume Soro et les cadres de son mouvement et des affaires publiques du pays. »