Malgré ses divergences avec la majorité présidentielle sur la date des Locales et ses contestations sur la fiabilité de l’audit du fichier électoral, l’opposition compte aller au scrutin municipal et départemental. Mieux, elle compte mettre en place une large coalition pour gagner le rapport de forces sur le terrain. Mais l’opposition a un immense défi à relever. Il consiste à éviter le syndrome des Législatives de 2017 qui l’a privée d’une majorité à l’assemblée nationale.
L’opposition tient vraiment à mettre sur pied une grande coalition en direction des élections locales. Mais force est de constater que ce n’est pas chose aisée. En effet, les enjeux d’un tel scrutin font qu’il est difficile de maintenir toutes les identités remarquables dans un même bloc. Surtout que les différentes formations de l’opposition ont souvent les mêmes ambitions de conquérir les mêmes pouvoirs locaux. Seront-elles prêtes à faire autant de sacrifice tel que la situation l’exige ? C’est là que se trouve toute la complexité de l’équation. En tout état de cause, le coordonnateur du Front de résistance nationale (FRN), Mouhamadou Moctar Sourang, a indiqué dernièrement qu’ils sont engagés à créer un front commun en vue des élections territoriales prévues en janvier 2022.
L’objectif est de se préparer collectivement à cette échéance, d’y aller ensemble et de gagner le scrutin. A en croire monsieur Sourang, il s’agit d’une question de survie pour l’opposition. Cependant, l’on se demande comment ils vont s’y prendre dans la mesure où ces élections municipales et départementales constituent un vrai baromètre pour les principaux partis. Ces derniers voudront profiter de ce scrutin pour mesurer leur poids électoral, se positionner ou conforter leur statut dans la recomposition politique actuelle. Vu que les nains politiques partagent la même table avec les mastodontes au sein du FRN, il y a de forts risques que les problèmes d’ego surviennent si la grande coalition est créée à partir de cette entité.
En plus, les rivalités des grandes écuries risquent également de polluer l’atmosphère. C’est pourquoi il faudra de vrais stratagèmes pour réussir ce pari. Encore que les partis traditionnels, particulièrement le PDS, disposent déjà d’un appareil huilé et d’un maillage territorial solide. Pendant ce temps, un parti comme le Pastef, bien que très bien positionné suite à la Présidentielle de 2019 (3e derrière Rewmi), n’a pas encore cette représentativité sur l’ensemble du territoire national en termes d’élus. Et ces élections municipales et départementales vont permettre aux patriotes de légitimer leur posture de chef de l’opposition et de faire émerger leurs leaders locaux. Quant à Taxawu Senegal de Khalifa Sall, c’est une occasion offerte d’étendre ses tentacules en dehors de la capitale qui est aujourd’hui très prisée.
SCENARIO DES LEGISLATIVES DE 2017
Il est évident que les obstacles sont nombreux. D’ailleurs, il n’est pas nouveau que des gens travaillent pour la mise sur pied d’une grande coalition de l’opposition. En 2017, bien avant les élections législatives, une telle idée avait germé. En effet, la grande coalition Manko Wattu Sénégal voulait aller ensemble aux élections et conquérir l’Assemblée nationale. Le projet avait très bien démarré avec de bonnes dispositions de réunir les partis de l’opposition autour de la nouvelle plateforme Manko Wattu Senegal en vue de remporter les prochaines législatives pour, in fine, obtenir une Assemblée nationale forte et capable de faire face à la majorité présidentielle. Mais il a fallu que l’échéance s’approche pour que Mankoo Taxawu Senegal éclate. Chacun refusant de se ranger derrière l’autre. L’établissement des listes avait également soulevé de vives polémiques. Finalement, la cassure était inévitable.
De ce fait, on a eu Mankoo Taxawxu Senegal dirigée par Khalifa Sall avec des partis comme le Rewmi d’Idrissa Seck, le Grand parti de Maclik Gakou, entre autres. De l’autre côté, on avait la coalition gagnante Wattu Senegal dirigée par Abdoulaye Wade avec des leaders comme Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo, Mamadou Diop Decroix, etc. Pour le reste, on pouvait compter Osez l’Avenir de Aissata Tall Sall et la coalition Manko Wattu Sénégal dirigée par un certain Ousmane Faye accusé d’avoir été la taupe de Macky Sall au sein de la coalition. Au bout du processus, la majorité présidentielle les a battus tous à l’arrachée. La division notée sur la dernière ligne droite a joué en faveur du régime. Juste pour dire que ce scénario est à tenir en compte par l’opposition incarnée aujourd’hui par le Front de résistance nationale (FRN).