Après le Conseil présidentiel tenu il y a de cela deux semaines, le Président Sall a convoqué ses services à la présidence ce samedi pour un séminaire sur l’emploi des jeunes.
Il s’agissait, pour lui, de faire le point avec les différents services impliqués pour une opérationnalisation en mode fast-track de ses directives en matière d’emploi des jeunes.
Il a notamment insisté, en cette occasion sur la nécessité de commencer les recrutements en début de semaine, c’est-à-dire hier.
Ainsi, après avoir émis sa volonté ferme de recruter 65 mille jeunes dont 5 mille enseignants, Macky souhaite que les choses aillent vite.
Nous tenons d’ailleurs à rappeler que les choses sont allées tellement vite qu’il y a pas moins de 130 mille demandes qui ont été déposées. Les jeunes n’ont pas perdu de temps et souhaitent en effet être enrôlés pour être enseignants.
A cet effet, ils seront formés pendant 4 mois.
Toutefois, rien n’a été dit sur le fait de savoir s’ils seront recrutés par concours ou par test. Le Ministère laisse ouverte les deux possibilités sans pour autant préciser laquelle sera privilégiée.
Or, cette question est importante. Car, si le temps le permet d’ici la prochaine ouverture des classes, un concours classique sera le mieux. Et ceci pour garantir, au maximum, les conditions de transparence et permettre le recrutement des meilleurs.
Mais, comme le temps presse et que ces jeunes enseignants devront être opérationnels à la nouvelle rentrée des classes, un test dont les conditions sont moins draconiennes qu’un concours sera certainement privilégié.
Néanmoins, même si l’option porte sur cette seconde possibilité, il faudra entourer la démarche de toutes les garanties nécessaires pour que l’opération ne se transforme pas en cooptation de proches par certaines hautes personnalités.
Et pour se faire, il serait utile que le Ministère de l’Education mette en place des commissions où vont siéger ses représentants, ceux des syndicats les plus représentatifs du secteur et des parents d’élèves.
Et comme il est fort possible qu’une forme de dotation par région soit de mise, il est important qu’il y ait des commissions régionales avec la même composition. Ou à défaut, une Commission nationale dont le rôle sera justement de tenir compte de cette représentativité au niveau régional.
Qui plus, la priorité doit être donnée à ces jeunes sur les listes d’attente du concours de cette année. Ces derniers pourraient être recrutés en premier.
Et comme les syndicats d’enseignants le soulignent, ces autres jeunes qui avaient été formés pendant cinq mois et qui par la suite ont été exclus prétextant le fait qu’ils avaient trichés, peuvent et doivent être enrôlés.
Et ceci parce que tout le simplement, la Cour suprême du Sénégal avait jugé leur exclusion illégale parce que ne se basant sur aucun motif sérieux.
Cette situation concernant plus de 600 jeunes.
En tout état de cause, il n’est pas superflu de préciser que le but est certes de donner de l’emploi aux jeunes mais surtout de doter les apprenants d’une bonne formation de base.
Donc, l’objectif d’une formation de qualité ne doit pas être occulté par celui de doter de l’emploi aux jeunes même s’il est important.
En clair, la formation de quatre mois nous semble être courte. Donc, il est important d’augmenter le délai ou, à défaut, de programmer des séances de formation continue de ces enseignants durant la période des vacances.
Car, si en voulant donner de l’emploi aux jeunes, nous recrutons et balançons sur le marché de mauvais enseignants, ils vont former des élèves et donc de futurs étudiants médiocres qui auront toutes les difficultés du monde à trouver de l’emploi.
Ce sera ainsi un cercle vicieux et on ne se s’en sortira jamais.
En clair, les solutions d’urgence, en mode fast-track, ne doivent pas occulter la nécessité de tenir compte d’autres priorités tout aussi importantes.
Car, si nous interrogeons l’histoire, on se rendra vite compte que le Sénégal a longtemps souffert de ces modes de recrutement dans l’enseignement et que ce sont les conséquences de ces mauvaises politiques que nous récoltons aujourd’hui.
Assane Samb