La majorité est satisfaite de l’audit du fichier, fiable à presque 100%, d’après son coordonnateur à la commission politique du dialogue national. Benoit Sambou n’est cependant pas d’accord avec la Cour de justice de la Cedeao qui, sur le parrainage, «s’est comportée en Cour constitutionnelle». De même, il estime que sur l’article L31 relatif à l’inéligibilité qui a frappé Karim Wade et Khalifa Sall, les experts ont outrepassé leurs prérogatives.
Comment analysez-vous le rapport provisoire de la mission d’audit du fichier électoral ?
Ce que nous retenons, c’est qu’il y a unicité de l’électeur. Donc dans le fichier, il n’y a pas de doublons ni de bureaux fictifs. Globalement, ils ont dit que le fichier est fiable. Ces experts sont allés plus loin que la dernière mission d’audit de 2018 qui disait que le fichier était fiable à plus de 98% avec une marge d’erreur de 1,8%. Pour cette mission qui vient de s’achever, on n’est pas loin du 100% parce qu’entre-temps, la mission de 2018 avait fait des recommandations que nous avons mises en œuvre. Ce travail qui a été fait au sein d’un comité de suivi nous a amenés à avoir un fichier pratiquement fiable à 100%. La majorité est satisfaite parce que nous étions convaincus que le Sénégal n’avait pas de problème de fichier électoral.
Le rapport provisoire de la mission d’audit considère que l’article L31 du Code électoral viole la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Khalifa Sall et Karim Wade ont-ils été injustement privés de candidature à la Présidentielle de 2019 ?
Sur cette question, la mission d’audit est allée au-delà de ses prérogatives. Là, on ne parle plus de fichier électoral, on entre dans d’autres considérations qui touchent l’organisation de notre système judiciaire et l’autorité de la chose jugée. A ce niveau, il faut une recommandation demandant que le Sénégal puisse travailler à permettre à des condamnés de pouvoir retrouver leurs droits civiques. Je pense que c’est une recommandation qu’il faut apprécier même si nous considérons que nous devons respecter nos juridictions et nos institutions.
Vous parlez de fichier fiable à «presque 100%» alors qu’il est rejeté par l’opposition…
L’opposition vient encore une fois de donner la preuve de son incohérence et de son manque de sérieux. Elle a fait preuve d’une irresponsabilité incroyable. Après avoir retardé l’organisation des élections locales en exigeant l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral, malgré le fichier jugé fiable en 2018, elle rejette encore des conclusions d’une mission d’audit. L’opposition a participé à l’élaboration des termes de référence de l’audit de 2021, à la validation et au choix des experts.
L’opposition soutient qu’elle voulait un audit sur pièce et sur place. Pourquoi cela n’a pas été fait ?
Cela a été fait. La mission d’audit de 2018 l’a fait tout comme celle de 2021. C’est quoi le problème de cette opposition ?
Sur le parrainage, la Cour de justice de la Cedeao, dans un arrêt rendu il y a quelques jours, demande au Sénégal de supprimer ce système dans un délai de 6 mois. Quel est votre commentaire ?
La Cour de justice de la Cedeao s’est comportée en Cour constitutionnelle parce que jugeant de la légalité nationale. Ce qui n’est pas dans ses compétences. Deuxièmement, il y a beaucoup d’incohérences dans l’arrêt qui a été rendu par la Cour de la Cedeao. En même temps qu’elle dit qu’il n’y a pas de violation de la liberté d’expression des partis politiques, du statut des partis politiques, elle demande qu’on enlève de notre loi fondamentale le parrainage. Avec le parrainage, nous n’avons eu que 5 candidats à l’élection présidentielle de 2019. Chaque candidat a pu montrer son programme et les Sénégalais ont renouvelé leur confiance à Macky Sall. Cela nous a permis d’organiser les meilleures élections de l’histoire politique du Sénégal avec un taux de participation jamais égalé et une élection sans recours. C’est une pratique consacrée dans le monde et surtout les grandes démocraties. De ce point de vue, la Cour de justice de la Cedeao a rendu un arrêt incohérent. Pourquoi cette Cour ne donne pas injonction aux autres pays de la Cedeao d’abandonner le parrainage ?
Donc, vous n’allez pas vous conformer à cette décision de justice ?
Cela n’est pas acceptable. C’est une agression contre la démocratie sénégalaise
Le Président Macky Sall est-il illégitime ?
Pour parler de légitimité, il faut que cette décision de justice épouse un caractère juridique décent et cohérent. A ce niveau, la Cour de justice de la Cedeao s’est fourvoyée
Pourtant, la mission d’audit demande qu’on améliore le parrainage. Le système tel que pratiqué au Sénégal pose-t-il problème ?
Tout système est perfectible. La mission d’audit dit qu’on peut améliorer, nous l’acceptons. C’est la raison pour laquelle nous sommes dans le cadre du dialogue politique. La mission d’audit dit qu’il est possible d’inclure le parrainage des élus. Si c’était le cas, seule la majorité aurait des candidats parce que nous avons plus de députés et plus d’élus dans les collectivités territoriales. Nous considérons que le parrainage citoyen est la meilleure formule de régulation des candidatures à toutes les élections. Nous avons un très bon système. Bien sûr, le parrainage peut être amélioré sur d’autres aspects, notamment au moment du décompte. Il faut plus de communication sur le logiciel et les procédés utilisés pour compter le nombre de parrainages. On peut apporter des améliorations sur la structuration du comité de réception et de validation des parrainages. Nous sommes ouverts pour discuter de ces questions.
A l’Apr de Ziguinchor, Doudou Kâ, qui multiplie les sorties, conteste-t-il votre titre de coordonnateur départemental ?
C’est une mauvaise perception. Au contraire, cela participe à l’animation du parti. Je n’étais pas à ce meeting de Doudou Kâ parce que j’étais dans une autre activité programmée bien avant dans les Kalounayes avec le comité Allez Casa qui avait organisé un tournoi et prévu la finale pour ce samedi. J’avais dit à Doudou Kâ que si je terminais tôt, j’allais venir. Mais nous avons terminé très tard. Mais il y avait d’autres responsables. Il ne faut pas qu’on personnalise le débat. Je n’ai pas de problèmes avec les responsables du parti de Ziguinchor et il y a une concertation permanente entre nous. J’ai travaillé à la promotion de beaucoup de cadres de la Casamance. J’ai de bons rapports avec tout le monde, y compris Doudou Kâ qui est mon petit frère. C’est le cas avec Aminata Assome Diatta, Aminata Angélique Manga, Ibrahima Mendy… Je travaille avec tout le monde
Quelle lecture faites-vous des grincements de dents provoqués par le découpage administratif marqué par l’érection en département de Keur Massar ?
C’est la matérialisation d’une promesse du président de la République qui a compris que Keur Massar méritait d’être érigé en département, compte tenu des difficultés que les populations de cette commune vivaient. Il faut une gestion de proximité pour apporter des solutions aux différentes préoccupations des populations. Deuxièmement, le découpage vise le rétablissement de l’équité et de la cohérence territoriale. Maintenant, dans toute mesure, il y aura toujours des mécontents. C’est dans l’ordre normal des choses. Il faut travailler à concilier les positions et la mise en œuvre du processus. A ce niveau, il ne faudra pas s’arrêter à certaines contestations qui sont tout à fait normales. Je n’ai pas siégé à la commission qui était chargée de faire ce découpage. Mais je pense que le gouvernement a pris la décision sur la base d’une large concertation entre l’Administration territoriale, les populations locales et les acteurs territoriaux.