Le découpage de tous les dangers

par pierre Dieme

Les populations de Bambilor et de Jaxaay se sont révoltées pour protester contre le projet de découpage de la ville de Dakar. Celle de Malika, de Keur Massar et autres sont aussi dans les mêmes dispositions.

Depuis l’annonce de nouvelles dispositions pour découper Dakar avec ce qui ressemble dans certaines zones à un saucissonnage, on assiste à une vive tension notamment entre Maires qui appartiennent surtout à la majorité présidentielle.

L’exemple le plus patent est cette levée de boucliers constatée à Bambilor où le Maire Ndiagne Diop s’insurge contre un projet dont il dit qu’il va le dépouiller de ses localités les plus importantes.

Il en veut ainsi à son ancien mentor Oumar Guèye qui dans la nouvelle configuration s’arroge la part belle parce que sa localité Sangalkam sera dotée de plusieurs autres villages.

Le Maire de Jaxaay-Ndiakourap parle d’un découpage politicien, en référence aux divergences politiques entre Oumar Guèye et certains d’entre eux qui se soldent par un projet dont la finalité va dépouiller beaucoup de localités au profit d’autres.

Mor Sarr Bâ parle même de ‘’règlement de compte politique’’ de la part du Ministre Omar Guèye, car, comme il a eu à la rappeler, le Président Sall, lors de sa visite à Keur Massar en septembre, n’avait parlé que de cette localité qui sera transformée en département.

A l’en croire, c’est Omar Guèye qui l’a convaincu de mettre les autres zones qui font aujourd’hui l‘objet de contestation.

Il est important de souligner que le découpage dans cette zone obéit souvent à des considérations politiques politiciennes pour ne pas dire électoralistes.

En effet, en avril 2011, le Président Wade, en rapport avec son Ministre Aliou Sow, avait décidé de procéder à des découpages dans certaines localités dont Dakar.

Ainsi, Sangalkam s’est retrouvé amputé de nombreux de ses villages parce que simplement le Maire Omar Guèye était dans le parti de Idrissa Seck.

Aujourd’hui, c’est juste une correction, un rectificatif de ce qui s’était passé en 2011 si tant est que l’on est limité à ‘’restituer’’ les villages naguère amputés.

On ne pouvait pas laisser Sangalkam avec seulement deux villages de plus, Ndiakhirat et Noflaye.

En tout état de cause, il est maladroit, à l’approche des locales, de procéder à un tel découpage sans concertation avec les autorités et les populations concernées.

Certes, il y avait des correctifs à apporter, des erreurs de l’histoire à corriger, mais, on ne doit pas procéder de cette manière au risque de créer une instabilité en série dans une zone qui devrait être un des points focaux de la nouvelle politique de l’emploi.

Le risque pour la majorité, c’est de se retrouver dans des frustrations qui peuvent causer le départ de certains. Et ce sont là toutes les limites de la stratégie ‘’diviser pour régner’’.

On a longtemps laissé les divergences entre hauts responsables de la zone s’éterniser en choisissant de ne rien faire pour les rapprocher.

Aujourd’hui, les locales qui vont venir seront l’occasion entre eux de solder les comptes quitte à renforcer les adversaires du pouvoir.

Comme quoi, l’erreur a été justement d’avoir soulevé un point sensible à l’approche d’élections importantes dans un contexte de chômage des jeunes et de tension sociale.

C’est pourquoi, il ne serait pas superflu de reporter le projet, d’entamer de larges concertations avec les autorités locales et la base et de procéder aux meilleurs castings.

Car, faudrait-il le rappeler, l’urgence n’est pas dans ce découpage. Car, les populations de ces localités comme au niveau de l’ensemble du pays sont en prise avec une paupérisation endémique avec le chômage et le sous-emploi, des jeunes.
Et si on se met à soulever des questions à haute intensité politique, l’essentiel sera oublié et les priorités ratées.

Assane Samb

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