Les jeunes entre pressions, angoisse, oisiveté et détresse

par pierre Dieme

La question du chômage et/ou de l’employabilité surtout des jeunes constituent un véritable casse-tête pour tous les gouvernements ou presque. Au Sénégal où plus de 200.000 jeunes diplômés débarquent sur le marché du travail et où on dénombre 1 million de chômeurs, selon un chiffre officiel, jamais la question de l’emploi notamment des jeunes n’aura été aussi au centre des préoccupations des gouvernants que ces derniers mois.

Depuis les violences meurtrières de début mars dernier, suivies de la sortie du Chef de l’Etat déclarant aux jeunes «je comprends vos inquiétudes et vos préoccupations», c’est la grande offensive pour traduire en acte cette déclaration du président Macky Sall. En attendant l’effectivité des 65.000 emplois qu’il a promis lors du Conseil présidentiel sur l’emploi de cette jeunesse, le jeudi 22 avril dernier, à Diamniadio, des centaines de milliers de jeunes sénégalaises et sénégalais âgés de 25 à 30 ans, voire plus, vivant chez leurs parents n’ont de vie quotidienne que l’angoisse, l’oisiveté, la détresse etc., du fait de pressions internes, familiales et/ou communautaires de toutes formes, de toutes sortes et d’origines diverses. Sud Quotidien fait vire à ses lecteurs la routine de ces filles et garçons, diplômés ou non, sans emploi ou avec un emploi précaire, à Dakar et dans plusieurs régions du Sénégal.

DAKAR – ETRE ADULTE ET VIVRE SOUS COUVERT DE SES PARENTS : Entre choix familial et nécessité dictée par le manque de moyens

Avoir entre 25 et 30 ans et même plus, être diplômé ou non, sans emploi et vivre sous la tutelle de ses parents qui (vous) assurent tout ou presque, en terme de prise en charge. C’est la triste réalité chez nombre de jeunes sénégalaises et sénégalais. Entre pressions, angoisse, et les «que pense-t-on ou que dit-on de moi ?», cette vie chez ses parents à l’âge adulte n’est souvent pas paisible. Pour certains, habiter avec ses parents dans la maison familiale n’est pas un choix, mais plutôt une nécessité par manque de moyens. Vivre chez ses parents renvoie à des situations variées et la plupart sont des étudiants, des gens avec ou exerçant des emplois précaires et les chômeurs, par exemples.

Bref, c’est le manque de ressources financières qui est avancé comme raison principale, entre autres. En effet, une fois diplômés, de nombreux étudiants quittent le logement qu’ils occupaient pendant leurs études pour revenir au domicile familial. Et nombre de ces jeunes, filles et garçons, âgés de 25 ans et plus qui vivent chez leurs parents sont souvent au chômage. D’autres, occupants des emplois à durée limitée ou précaires. C’est le cas de ce garçon âgé de 27 ans qui vit avec ses parents. «Je n’ai pas les moyens d’aider mes parents, faute d’emploi. Et toute la journée, je reste dans ma chambre, sans rien faire. Parfois, je fais de petits business pour subvenir à mes besoins», affirme-t-il.

Et de poursuivre : «je ne peux pas être un grand garçon et à chaque fois demander à mes parents de m’aider. J’ai cherché du travail, mais je n’en trouve pas jusqu’à présent». Chaque personne a ses raisons de vivre chez ses parents. C’est ainsi que pour d’autres, le domicile familial, c’est le «paradis». Mieux, parfois, ce sont les parents mêmes qui refusent que leurs enfants quittent la maison familiale. Rama Sarr, étudiante en Licence 2 âgée de 26 ans apprécie de vivre avec ses parents. «C’est plus agréable d’avoir du monde chez soi et cela me motive dans mes recherches d’emploi.» A l’en croire, elle est à la recherche de son premier emploi et elle n’a pas encore pris son indépendance pour des raisons financières.

Pour Khadim Diakhaté, âgé de 25 ans et jeune diplômé en BTS/Bureautique vivant avec son oncle et sa tante, se confie : «étant étudiant, ce n’est pas compliqué» de vivre sous couvert de ses ascendants. Pour lui, il n’y a pas assez de travail. Et en attendant, il gère aussi un site internet dont il est le directeur de publication.

Titulaire d’une Licence en Transports-Logistiques, Mame Diarra Fame est une jeune femme âgée de 28 ans, mariée et sans enfant. «Depuis que j’ai eu mon diplôme, je ne travaille pas», confie-t-elle. «J’ai déposé partout, mais rien, je suis sans emploi pour le moment», ajoute-telle. «Je ne fais rien à la maison ; je cuisine juste et en même temps je suis maquilleuse. C’est ma passion ; malgré tout, je n’ai pas de travail».

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