La devanture du ministère de la Culture et de la Communication était « Rouge » de monde, ce lundi matin. Elle a été prise d’assaut par les journalistes qui y ont organisé un sit-in. Ces derniers ont, le temps d’une demie journée, rangé stylos, bloc-notes, caméras et dictaphones pour dénoncer les maux qui gangrènent leur profession ainsi que les difficiles conditions dans lesquelles ils travaillent. Les jeunes reporters, hommes et femmes, des patrons de presse, des étudiants des écoles de formation en journalisme comme le Cesti et l’E-jicom, étaient présents. Le dress-code était de rigueur. T-shirts rouges, chemises rouges, robes rouges, vestes et/ou pantalons rouges. Bref, un décor tout en rouge.
Des activistes tels que Guy Marius Sagna, Birahim Seck du Forum Civil, Seydi Gassama d’Amnesty International, Assane Diagne de Reporters Sans Frontières, étaient aussi présents pour soutenir et accompagner la presse durant cette journée.
Ce 03 mai, est célébré la journée mondiale de la liberté de la presse. Menaces, attaques, violences, agressions sont les maîtres mots de cette journée. Des mots qui révèlent les situations difficiles auxquelles la presse sénégalaise faisait face lors des émeutes qui ont eu en mars 2021.
Banderoles et pancartes en l’air, pour faire passer leurs messages. « Nous voulons des salaires décents », « Le journaliste, ce n’est pas les comptes-rendus », « Menaces sur les médias, démocratie en péril », « Pour une loi d’accès à l’information », « CNRA est mort. Vive la HARCA », « Non aux violences faites aux médias »…pouvait-on lire, ça et là. Et sur les t-shirts, « Presse en danger » et « Doyna, ça suffit » sont imprimés.
LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN DANGER
Venu assister à cette journée, le directeur de la communication Ousseynou Dieng, magnifie le travail de la presse. « La presse a un rôle à jouer dans la société. Lorsque le pays a failli basculer, c’est la presse qui a joué son rôle de garant de la démocratie pour y remédier ».
Cette journée dédiée à la liberté de la presse, a suscité la réaction de plus d’un. Assane Diagne, le représentant de Reporters Sans Frontières soutient lui que la liberté de la presse au Sénégal est inquiétante. « La liberté de la presse au Sénégal se porte relativement bien mais ce qui a été noté depuis quelques mois, c’est que la situation devient de plus en plus inquiétante. Depuis mars 2020, nous avons noté qu’il y a de plus en plus d’atteintes à la liberté de la presse. Des signaux de radios et télés ont été coupés tout récemment, des organes de presse ont été agressés et des journalistes interpellés, agressés. Il y a des raisons de s’inquiéter et de se mobiliser pour mettre un terme à ces agissements qui sont attentatoires à la liberté de la presse dans un pays qu’on a tendance à considérer comme un bon élève de la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest ».
« Nous demandons aux journalistes de rester encore dignes, courageux et forts. Leur travail n’est pas facile mais qu’ils n’oublient jamais qu’ils constituent un pilier fondamental pour la démocratie sénégalaise », a exprimé Birahim Seck Forum Civil.
Adjoua Rokhia BASSÈNE & Pape D. DIALLO