Médias Sociaux: une régulation difficile

par pierre Dieme

Le Président Sall a fait savoir, ce samedi, que des textes sont prévus pour une régulation des médias sociaux. Il a notamment insisté sur le fait que le niveau de régulation de ces médias est très faible alors que ce qui se passe est ‘’inacceptable’’. Pour lui, des gens se cachent derrière des claviers pour ‘’détruire la réputation des personnes, des familles, gratuitement’’. Ainsi, a-t-il promis, des mesures seront prises, rapidement, dans ce sens, en intelligence avec les acteurs de la presse.

En effet, la prolifération des sites internet, a ses avantages mais surtout ses inconvénients sur la crédibilité des journalistes ; son mode de traitement de l’information, son omniprésence, constituent, sans nul doute, des matières à réflexion.

L’apparition de ce nouveau médium ne menace pas l’existence des autres médias pas plus que la télévision n’a pas tué la radio. Elle créé cependant les conditions d’une nouvelle révolution dans le journalisme. Tous les médias sont obligés, aujourd’hui, d’avoir leurs sites d’informations. Car, c’est plus facile, plus accessible pour l’internaute et les informations sont produites en temps réel. Et c’est souvent ‘’gratuit’’ parce que tout un chacun peut consulter les nouvelles sur son téléphone. Mais, à côté de ces avantages qui sont non-négligeables, il y a aussi beaucoup d’inconvénients.

C’est notamment le fait que n’importe quel citoyen peut se réveiller et créer son site internet et donner des informations sans aucune forme de contrôle ni a priori, ni a posteriori. Il n’y a pas d’autorisation préalable et il n’y a aucune exigence de conformité à des normes. Ceux qui s’y déploient ne sont pas toujours des journalistes. Et leurs motivations ne sont pas toujours des meilleures. Conséquence, des atteintes graves d’abord à l’éthique et à la déontologie journalistique mais surtout aux libertés individuelles et collectives sont notées. Et le plus grave ce sont les atteintes à la cohésion nationale et à la stabilité de notre pays.

D’honnêtes citoyens sont fréquemment calomniés, insultés, trainés dans la boue par des gens aux motivations obscures. Pis, on attise souvent la haine entre les communautés et on s’attaque même aux guides religieux.

C’est pourquoi, la régulation des médias sociaux s’impose. Et c’est de la responsabilité des autorités étatiques en relation avec les différents acteurs pour apporter les correctifs nécessaires. Il faut contrôler la création de sites par l’exigence d’une autorisation préalable et leur fonctionnement. Car, il n’est pas admissible que certaines de ses rédactions fonctionnent sans journalistes et souvent avec une seule personne.

Les abus sont tellement nombreux, qu’il est difficile de ne pas s’intéresser à ce secteur devenu le propre de l’anarchie exactement comme dans la jungle même s’il y a des professionnels très sérieux qui y travaillent et s’y activent. Le plus difficile est que ces sites internet d’informations s’alimentent de réseaux sociaux qui sont, eux, difficiles à contrôler sans devoir mettre en péril la liberté d’informer et de s’informer et remettre en cause les acquis de l’internet.

Si quelque chose peut être fait sur les sites internet, il nous semble important de dire que les réseaux sociaux charrient les mêmes déviations et sont assimilés à des médias sociaux. On peut ne pas chercher à toucher aux réseaux sociaux, mais les sites internet, parce que ce sont des médias, doivent être réglementés exactement comme les autres. Bien sûr, il appartient aux journalistes aussi de réfléchir sur l’évolution de leur métier et à y apporter des solutions scientifiques et techniques appropriées.

Aujourd’hui, le journalisme est en train de se transformer au regard des nouvelles donnes technologiques comme à l’époque de la naissance de l’imprimerie qui a porté et permis la naissance de la presse écrite.

S’ils n’ont plus le monopole de l’information que tout un chacun peut désormais donner des informations par les réseaux sociaux dont le contrôle est presqu’impossible, il appartient à la coopération des journalistes d’imaginer les mécanismes de sa propre survie qui est loin d’être une fin en soi. Il s’agit de tout faire pour que l’information du journaliste soit ‘’fiable’’, ‘’vérifiable’’, bien sourcée.

Et que ceux qui s’informent reconnaissent à ces journalistes, le rôle de certificateur que les agences de presse ont longtemps joué pour la presse. La tâche ne sera pas facile. Mais, ce qui est dangereux, c’est de croiser les bras et de ne rien faire.

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