Le Président de la République, Macky Sall, n’y est pas allé par quatre chemins pour dire non à la doléance du secrétaire général de la FGTS sur la retraite à 65 ans, baisse de la fiscalité sur les salaires, prix forfaitaires sur l’eau et l’électricité
Samedi 1er mai, comme à l’occasion de chaque fête du travail, la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers de doléances des centrales syndicales au Président de la République a eu lieu au Palais de la République. Occasion pour les syndicalistes de revenir sur les conséquences désastreuses de la Covid-19 sur le monde du travail et d’inviter au maintien et à la sauvegarde des emplois. Pour sa part, Macky Sall qui a appelé à la préservation de l’outil de travail, a carrément indiqué l’impossibilité de satisfaire certaines doléances des syndicalistes. Il s’agit notamment de l’augmentation de l’âge de la retraite, de la baisse de la fiscalité sur les salaires des secteurs les plus touchés par la pandémie et des prix forfaitaires sur l’eau et l’électricité.
L e Président de la République, Macky Sall, n’y est pas allé par quatre chemins pour dire non à la doléance du secrétaire général de la FGTS (Fédération générale des travailleurs du Sénégal), Sidya Ndiaye, concernant l’allongement de l’âge de la retraite de 60 à 65 ans. «Je ne suis pas favorable pour une bonne et simple raison : 77 % de la population a moins de 35 ans et donc, on ne peut pas continuer à gérer les séniors, à toujours prolonger leur âge, donc à retarder l’arrivée sur le marché du travail de cette jeunesse », a soutenu Macky Sall. Poursuivant son propos, il ajoute : « rallonger l’âge de la retraite à 65 ans, c’est au moins 5 ans pendant lesquelles vous auriez pu recruter tous ceux qui partent ».
Selon lui, même si les « gens vieillissent moins vite maintenant » et qu’ils peuvent travailler, « il faut qu’on aménage les codes et les statuts ». Car, dira-t-il, « on ne peut pas toujours garder les avantages de la fonction publique et vouloir les perpétuer à vie ».
Sur la baisse de la fiscalité sur les salaires des secteurs les plus touchés par la pandémie demandée par le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (CSA), Elimane Diouf, le Président de la République embouchera la même trompette. « Non seulement nous avions, nous Etat, fait beaucoup d’efforts l’année dernière. Déjà, sur la loi de finances initiale 2021, celle qui est en cours tout comme celle de l’année dernière, les entreprises du secteur du tourisme, du transport aérien, de la restauration, de la presse et aujourd’hui, ces efforts ont été étendus aux agences de voyage et aux guides touristiques, tout ça a été exonéré d’impôts et de taxes », a rappelé Macky Sall.
Et d’ajouter : « des exonérations ont été faites parce que c’est le contexte mais quant à la baisse de la fiscalité sur les salaires au moment où on nous demande d’augmenter presque les salaires, toutes les charges, l’Etat n’a que l’impôt pour pouvoir faire tout cela et nous ne sommes pas nombreux au Sénégal à payer les impôts ».
Selon Macky Sall, l’Etat ne peut pas passer tout son temps à augmenter les salaires, à revoir la grille salariale, le système de rémunération pour près de 154 mille Sénégalais travailleurs dans l’administration alors que d’autres priorités et impératifs sont là.
A l’en croire, « il faut qu’il y ait de la modulation et surtout une prise de conscience collective ». « Je suis très ouvert sur les conditions de travail mais aussi le pouvoir d’achat mais il y a des limites que l’Etat ne peut pas franchir au risque d’être complètement à défaut dans ses propres engagements et de perdre sa crédibilité et ses capacités même de se faire financer parce qu’il aura dérapé dans ses équilibres qu’il faut surveiller de façon permanente », a expliqué le Chef de l’Etat.
Par rapport à la revendication de secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), Mody Guiro relative aux prix forfaitaires sur l’eau et l’électricité, la réponse de Macky Sall est catégorique. « Non, je ne m’engage pas sur ça parce que nous avons un accès universel que nous recherchons. Aujourd’hui, c’est ça le combat. Il faut que tous les Sénégalais aient accès à l’eau et à l’électricité. C’est énormément de ressources. C’est plus de 1000 milliards qu’il faut faire d’ici 2024 pour que l’électricité et l’eau soient partout. Donc, si on veut commencer par baisser les prix de l’eau, de l’électricité, on ne s’en sortira pas», a indiqué le Président de la République.
«NOUS AVONS L’OBLIGATION D’ETRE LES GARDIENS VIGILANTS DE L’OUTIL DE TRAVAIL»
En effet, le Chef de l’Etat a appelé à une responsabilité individuelle et collective pour la préservation de l’outil de travail. « Détruire ou fragiliser l’outil de travail sous quelque forme que ce soit n‘est pas acceptable parce que c’est porter atteinte aux moyens d’existence des travailleurs et les réduire à l’inactivité. En tout lieu et en toute circonstance, Etat, patronat, travailleurs et citoyens, nous avons l’obligation d’être les gardiens vigilants de l’outil de travail. C’est une exigence citoyenne, une responsabilité sociétale et une attitude de bon sens », a dit Macky Sall. Il a rappelé par suite que « la problématique de l’emploi et de l’employabilité des jeunes est au cœur des tâches permanentes » qu’il a assignées au gouvernement.