Harcèlement des religieux, rayonnement des mafieux

par pierre Dieme

Pendant que  les mafieux dansent la sarabande autour du butin, l’Etat, en croisade contre d’invisibles  terroristes, braque méchamment son arsenal de guerre contre des religieux.  Blanchi après six ans de prison, Imam DIANKHO a refait face au tribunal.  Au même moment, est agitée la réouverture du dossier d’imam Ndao qui a été acquitté après 33 mois de détention et un procès qui a bafoué son honneur. Pour le bonheur des homos, c’est le déshonneur pour les prêcheurs véridiques.

« Il s’est bien socialisé, il est bien intégré. Aujourd’hui c’est un étudiant en deuxième année. C’est une satisfaction totale. Donc je rends grâce à Dieu. La chambre des appels criminels de la Cour d’appel de Dakar, vient de confirmer la décision qui avait été rendue le 10 avril 2019 qui avait acquitté le jeune Saër KÉBÉ du crime d’actes terroristes, d’apologie du terrorisme … ». C’est Me Moussa SARR qui réagit ainsi, à l’annonce du verdict qui a lavé son client de tout soupçon lié au terrorisme. Ainsi, arrêté en mai 2015, Saër KÉBÉ, qui était alors inscrit au lycée Demba DIOP de Mbour, a passé plus de quatre ans de détention préventive  avant d’être acquitté. 

C’est pratiquement la même chose qui est arrivé à imam Boubacar DIANKO. Poursuivi pour “association de malfaiteurs et atteinte à la sûreté de l’Etat en relation avec une entreprise terroriste”, ce dernier a passé six ans derrière les barreaux avant d’être blanchi par la chambre criminelle du tribunal correctionnel de Dakar. A l’issue du procès, le Parquet qui avait requis la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre de l’imam, avait interjeté appel. 

Le 27 avril dernier, lors de leur procès en appel, Imam Boubacar DIANKO et Saër KEBE ont été, de nouveau, acquittés. Ce dernier a écopé de trois mois avec sursis pour menaces contre des ambassades étrangères. Seulement, l’Etat semble ne pas vouloir s’arrêter à ces déconvenues. Imam Alioune NDAO est de nouveau dans son collimateur. Les 33 mois qu’il a passés en prison ne semblent pas avoir satisfait les chasseurs de terroristes invisibles. Selon les médias qui l’avaient jadis décrit sous les traits d’un fédayin, le parquet a interjeté appel et imam NDAO pourrait incessamment être de nouveau appelé devant la barre. 

Ainsi, le régime en croisade contre des forces obscures n’entend faire aucun cadeau à ces guides religieux qui prêchent la vérité et qui s’insurgent contre l’injustice. Car, en vérité, l’Etat se montre plus préoccupé par les prêches de ces imams que par leur éventuelle participation à une quelconque entreprise terroriste. Pour avoir prononcé  à la mosquée après une prière, un sermon particulièrement hostile à la France, imam Ibrahima SEYE, professeur d’histoire du lycée Alpha Molo Baldé De Kolda, a été jugé et condamné à un an de prison. Quand il a eu la mauvaise idée de faire appel du procès pour laver son honneur, le tribunal a doublé la peine. Entretemps, interrogé par RFI, Macky SALL avait déclaré que «si cela ne tenait qu’au gouvernement, il allait purger beaucoup plus que ça». .

«Le Sénégal est un pays tolérant qui ne fait pas de discrimination en termes de traitement sur les droits (…). Mais on n’est pas prêt à dépénaliser l’homosexualité. C’est l’option du Sénégal pour le moment. Cela ne veut pas dire que nous sommes homophobes. Mais il faut que la société absorbe, prenne le temps de traiter ces questions sans qu’il y ait pression». Les déboires des imams sénégalais sont à chercher dans cette réponse du président SALL à son homologue américain Barack Obama, en visite au Sénégal, en juin 2013. Le Sénégal ne peut être prêt si après chaque prière, des imams mettent en exergue le caractère abominable de l’homosexualité. Avec les attentats de Charlie Hebdo en 2015, l’Etat avait trouvé le prétexte idéal qu’est le terrorisme pour mener la vie dure à ces religieux. 

Seulement, pour faire accepter la notion de genre aux Sénégalais et les inciter à accepter l’homosexualité et sa dépénalisation, emprisonner et intimider les imams radicaux ne sauraient suffire. Il faudrait créer un autre Sénégal.

Mame Birame WATHIE

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