La tension est montée d’un cran à Dougar où pas moins de quatre blessés dont deux par balle ont été enregistrés dimanche, lors d’affrontements entre habitants du village et éléments de la gendarmerie. Après l’usage des grenades lacrymogènes et matraques, voilà que le sifflement des armes à feu s’est fait entendre.
«Deux personnes ont été touchées par des balles réelles et évacuées ; l’une par les gendarmes eux-mêmes après leur forfait et l’autre par les habitants du village», a indiqué Pape Ndour, un habitant du quartier, armé comme plusieurs autres de lance-pierres. C’est en fait la voiture prise en location par les journalistes pour rejoindre Dougar qui a servi à l’évacuation du 2ème blessé par balle, une personne d’un âge assez avancé du reste. Diop Ndour Ndiaye, mandataire de la population dans ce litige foncier contre Peacock, a fait état d’autres blessés «dans un état grave» sans plus de précisions sur la nature ou la cause. Tout a en effet basculé dimanche lorsque le point de presse organisé sur la place publique du village a subitement pris fin.
Se disant sidéré par la situation que vivent les Dougarois, Kilifeu, représentant de Y’en a marre à la rencontre, avait décrié l’inopportunité des paroles en la circonstance, appelant dans la lancée à rejoindre le site pour faire face. Un appel suivi par les jeunes du village qui malheureusement se sont fait stopper net dans leur progression. Et c’est suite à des accrochages que les blessures par balle ont été enregistrées.
«Nous ne pouvons pas accepter au Sénégal qu’on déshabille des citoyens pour habiller des Marocains (…) Quoi qu’on puisse dire, le fond de la question c’est qu’on veut arracher les terres à ces populations qui vivent ici depuis au moins trois siècles pour les donner à des étrangers», s’est indigné pour sa part Guy Marius Sagna, venu prendre cause pour les Dougarois.
Le leader de Frapp, tout comme le rappeur affilié au mouvement Y’en a marre, ont promis de rester avec les habitants dans ce combat. «Nous ne lésinerons sur aucun moyen pour faire face à cette vaste entreprise de spoliation foncière qui est en cours», a ainsi prévenu l’activiste qui n’a pas manqué de tempérer. «Nous voulons la paix, la décrispation et l’apaisement et ça passe par la justice. Et la justice c’est qu’on laisse la terre aux agriculteurs, aux habitants», a-t-il émis à ce propos. Pour un dénouement rapide, ils ont exigé la libération des détenus, la suspension des opérations de démolition et l’ouverture par l’Etat de discussions pour trouver un terrain d’entente.
Par Alioune Badara NDIAYE