La Cour d’appel de Dakar a confirmé, aujourd’hui, la décision du premier jugement (3 mois de prison avec sursis) dans l’affaire Saer Kébé. Joint par Igfm, le principal concerné livre son sentiment. «Je suis animé par un sentiment de satisfaction suite à la décision de la Cour d’appel de Dakar. C’est une décision qui ne me surprend pas», confie-t-il.
Imperturbable, Saer Kébé compte à présent se concentrer sur ses études et avancer : «Je suis resté quatre ans en prison donc ce ne sont pas ces événements qui vont bouleverser ma vie. Une chose est sûre, tout ça m’a permis de me relever et de tenir debout», déc lare notre interlocuteur au bout du fil.
Pour rappel Saër Kébé était en détention provisoire en mai 2015, après avoir posté sur Facebook un message ciblant les ambassades américaines et israéliennes. Il était poursuivi pour «apologie du terrorisme, actes de terrorisme et menaces.»
Le juge au jeune Saer Kébé : « Vous êtes un révolutionnaire de clavier »
« Vous êtes un révolutionnaire » ? lui questionne le juge. « Non, j’ai agi sous le coup de la colère », rétorque-t-il. Une occasion saisie par le juge pour le sermonner. « Vous étiez animé par une idée de révolution quelque part mais, cela a des limites. Un esprit en colère ne réfléchit pas. Il a agi instinctivement. Aujourd’hui, vous vous retrouvez devant une juridiction criminelle uniquement parce que vous avez envoyé des messages à des représentations diplomatiques. On ne peut pas condamner en menaçant les gens. Vous êtes un révolutionnaire de clavier ».
Faisant son réquisitoire, l’avocat général a soutenu que tous les éléments constitutifs de l’infraction d’acte de terrorismes sont réunis. A son avis, Saer Kébé a certes repris sa vie. Il s’est inscrit dans une école et poursuit ses études et, si tout se passe bien pour lui, il peut devenir quelqu’un dans la vie. Mais, relève le parquet général : « même s’il regrette son acte aujourd’hui, il ne peut pas échapper à une responsabilité pénale ». Estimant que les faits de l’espèce ne souffrent d’aucune contestation, l’avocat général s’en est remis à la sagesse de la Cour pour la peine.
Me Moussa Sarr : « Il a été victime de sa naïveté et de son défaut d’encadrement »
Les avocats de la défense ont plaidé l’infirmation de la peine de la première instance. Ils ont demandé au juge de statuer à nouveau et d’acquitter leur client. Selon Me Moussa Sarr, le jeune accusé a manqué de maturité. Il a été, selon lui, victime de sa naïveté et de son défaut d’encadrement parce qu’il a été orphelin très jeune. Invité à dire ses derniers mots avant le délibéré, Saer Kébé déclare : « j’étais perturbé par cette affaire. J’ai perdu beaucoup de temps en prison. Aujourd’hui, ma préoccupation c’est d’obtenir des diplômes et de participer au développement de ce pays ».
La Chambre criminelle d’appel, en rendant sa sentence, a confirmé la peine de la juridiction d’instance. Une décision qui satisfait les avocats de la défense. Le parquet va-t-il faire pourvoi ? Wait and see !