Pendant que les chefs d’Etat de la sous-région étaient à N’djaména pour les besoins des obsèques du défunt dictateur tchadien, Macky SALL tentait d’amadouer les jeunes qui ont failli abréger son dernier mandat. Plus de temps à perdre dans des pérégrinations diplomatiques. C’est désormais une course contre la montre. Après neuf ans de gouvernance calamiteuse, violemment décriée, le patron de l’APR n’a plus que 3 ans pour s’aménager une porte, qui ne mène pas forcément à une sortie apaisée.
«Je veux surtout que vous compreniez que quelles que soient les difficultés, quelles que soient les circonstances, l’État ne vous abandonnera pas. Je reste plus que jamais déterminé à poursuivre le combat. Je serai toujours à vos côtés, à la recherche de solutions à vos problèmes. Le gouvernement restera mobilisé et l’État mettra les moyens qu’il faut pour relever le défi. C’est l’engagement volontariste que je vous donne». Qui peut croire que le président qui s’exprime ainsi est à la tête de l’État depuis plus de neuf ans? N’est-ce pas un nouvel élu qui s’adresse à une jeunesse aussi désespérée qu’impatiente ? Tenter de trouver des réponses à ces questions somme toute banales, revient à mettre en exergue l’insincérité de Macky SALL qui est dans le déni le plus absolu. Sa volonté, substituer les revendications des Sénégalais qui ont dernièrement manifesté en d’autres.
Ainsi, à ce qu’il appelle Conseil présidentiel pour l’emploi et l’insertion des jeunes, Macky SALL annonce 450 milliards sous forme d’allocations budgétaires pour financer le “Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes, Xéyu ‘Ndaw Gni’”. Il promet le recrutement de 65.000 jeunes dès le mois de mai prochain. En plus de l’enrôlement de 5.000 enseignants supplémentaires.
Que des balivernes! Nous l’avons signalé dans notre dernière chronique, les Sénégalais qui ont étalé leur colère ravageuse n’ont jamais revendiqué de travail encore moins de milliards. Et si son gouvernement avait respecté les accords signés avec les syndicats d’enseignants le 28 avril 2018, Macky SALL ne serait pas en 2021 à envisager un recrutement 5.000 enseignants supplémentaires. Un programme articulé autour de l’emploi des jeunes ne peut revêtir de caractère d’urgence. A moins qu’il ne soit question de “moto Jakarta”. Car, après les charrettes à âne, il ne serait pas surprenant de voir le régime tenter de verser tous ces jeunes dont il a rien à faire dans le transport… de “moto Jakarta”. D’ailleurs, quel autre secteur pourrait absorber 65.000 jeunes dès le mois de mai prochain? Et c’est justement à propos des « motos Jakarta”, que le leader de l’APR a donné une illustration parfaite de son insincérité et de la mal gouvernance de son régime. En effet, au cours de sa rencontre avec les jeunes, sélectionnés pour la circonstance, Macky SALL, suite à une interpellation, a affirmé que son ministre, sans dire lequel, venait de lui signaler que l’argent destinés aux conducteurs de « motos Jakarta”, dans le cadre du “Fonds force Covid19”, a été décaissé et donné depuis longtemps aux gouverneurs. Prenant la parole, le gouverneur de Kaolack, Alioune Badara MBENGUE, déclare qu’aucun de ses collègues n’a reçu un sous destiné aux conducteurs de « motos Jakarta”. Une honte républicaine devant la jeunesse.
L’intérêt de ce “Conseil présidentiel pour l’emploi et l’insertion des jeunes” a été de mettre davantage en exergue la stratégie de conservation de Macky SALL. “Un citoyen ne doit pas oser attaquer des casernes de gendarmerie où sont gardées des armes, incendier gratuitement des maisons appartenant à autrui, tout cela est passé mais cela ne peut plus se reproduire (…) Il ne faut pas qu’on croit que l’Etat est faible, ce serait une grave erreur (…) « , a-t-il déclaré.
Ainsi, l’étau s’est desserré et Macky SALL se sent ragaillardi à la mesure des promesses qu’il distille. Toujours entouré des ministres qui ont mis le feu aux poudres, sans manifester un quelconque signe annonçant la “démocratie retrouvée”, il renoue avec son discours belliqueux et menaçant. Nous vous disions que leader de l’APR, qui a gouverné comme s’il ne devait jamais quitter le pouvoir, reviendra, par instinct de survie, à la charge. Les prémices sont patentes. Sur une “moto Jakarta”, quitte à se casser le cou, il fonce vers 2024.
Mame Birame WATHIE