La nouveauté introduite dans le mode d’élection des maires et présidents de Conseils départementaux au suffrage universel direct, lors des prochaines élections locales, constitue un réel défi sur le mandat des futurs chefs d’exécutifs locaux. En effet, l’absence de consensus des acteurs engagés dans le dialogue politique au sein de la Commission cellulaire pour l’instauration d’un système d’encadrement de ce mode d’élection pourrait ouvrir la voie à des élus sans légitimité.
Décidément, les prochaines élections municipales et départementales sont parties pour rester gravées dans les annales politiques au Sénégal. En effet, alors qu’elles détiennent déjà un triste record en termes de report et de prolongation du mandat des élus, ces élections seront également le laboratoire d’expérimentation de plusieurs réformes politiques validées par la commission cellulaire du dialogue politique. Parmi celles-ci, on peut notamment citer l’élection des Conseillers municipaux et départementaux au suffrage universel direct de même que le maire et le président de Conseil départemental, tête de liste majoritaire.
Principe longtemps défendu par certains acteurs politiques, notamment ceux de l’opposition mais aussi de la société civile, l’élection au suffrage universel direct des maires et des présidents de Conseil départemental permettrait, selon ces derniers, de combattre le phénomène de détournement des voix des électeurs par les conseillers sur la base de combines qui n’ont rien à voir avec les intérêts des populations locales. Ainsi, lors de ces prochaines élections municipales et départementales, les électeurs des différentes localités auront donc la possibilité pour une première fois de voter directement pour le candidat de leur choix au poste de maire de leur commune.
Et les candidats têtes de liste majoritaire et proportionnelle dont les listes remporteront le plus grand nombre de voix à l’issue de cette élection seront déclarés respectivement maire de commune et maire de la ville. Seulement, il faut dire que cette réforme nonobstant l’innovation qu’elle va apporter, notamment à travers la liberté donnée aux populations de choisir directement leur chef d’exécutif local sans passer par l’intermédiaire des conseillers, n’est pas sans conséquence sur la gestion des collectivités territoriales.
Et pour cause, l’absence de consensus des acteurs politiques sur l’instauration d’un système de vote à deux tours comme cela se fait dans cer tains pays comme en France où le scrutin est uninominal et non par liste suscite des grandes interrogations sur la légitimité des futurs maires. Et pour cause, avec le système «Raw gadu», un candidat pourrait facilement se retrouver à la tête d’une collectivité même s’il n’a pas recueilli la majorité absolue des suffrages des électeurs. Cette situation doit interpeller les acteurs politiques, en particulier le pouvoir en place dont les plénipotentiaires, au sein de la commission cellulaire du dialogue politique, avaient rejeté la proposition de l’opposition de fixer à 25% des voix le seuil pour être élu au premier tour.
A défaut, qu’un deuxième tour soit organisé pour départager les deux premières listes.
NANDO Cabral GOMIS